D'abord un coup de gueule Loin des éternelles et stériles luttes de clans qui exaspèrent "l'Algérien de la rue", loin de la course à l'échalote qui vient de s'ouvrir, il nous faut continuer à réfléchir et à travailler à l'émergence d'une économie solide, productrice de biens et de services, génératrice de croissance et d'emplois, capable d'assurer aux Algériens une constante amélioration de l'indice de développement humain du pays. Il faut bien le souligner : seules des perspectives économiques rassurantes, fondées sur une analyse juste de nos atouts et de nos handicaps, nous permettront de sortir de cette "toile d'araignée" que ne cessent de tisser autour de nous ces nouveaux politiciens cupides et avides de pouvoir qui ne conçoivent l'Algérie que comme une vache à traire. Il nous faut surtout ne jamais baisser les bras et remettre constamment l'ouvrage sur le métier, "les batailles perdues sont uniquement celles que nous refusons de mener." La nécessité d'une nouvelle politique économique S'interroger sur les atouts et sur les handicaps de l'économie algérienne est certainement une bonne approche pour qui veut réfléchir à ce que pourraient être les grandes orientations d'une nouvelle politique économique pour l'Algérie. Valoriser nos atouts et réduire nos handicaps À l'instar de toute économie nationale, l'économie algérienne a ses atouts et ses handicaps. A- S'agissant des atouts On peut en dénombrer au moins six sur lesquels l'accord peut être facilement établi : 1) l'Algérie a encore au moins pour une décennie des hydrocarbures qui constituent une importante source d'accumulation. Les perspectives financières sont intéressantes et on sait bien que "les finances sont le nerf de la guerre" ; 2) en plus des hydrocarbures, l'Algérie a un avenir énergétique et minier (gaz de schiste, énergie solaire, éolienne, fer et phosphate) prometteur qui va permettre de continuer à réduire de manière significative la contrainte financière pour les années à venir ; 3) les plans de relance I, II et III des décennies 2000 et 2010 ont doté le pays d'infrastructures de base qui ont nettement amélioré l'attractivité du site Algérie ; 4) la diaspora algérienne, qualifiée et compétente dans divers domaines, constitue assurément et dès à présent un intéressant facteur de dynamisme économique ; 5) la population algérienne est une population jeune et de plus en plus éduquée, donc ouverte au progrès et porteuse de dynamisme ; 6) le potentiel agricole saharien est une donnée avec laquelle il faut compter à l'avenir. L'Algérie pouvant s'appuyer sur les progrès technologiques et agronomiques mondiaux réalisés dans le domaine. B- De sérieux handicaps L'économie algérienne souffre de quatre handicaps majeurs qui nécessitent chacun, pour sa résorption, des programmes d'action cohérents et effectifs. 1- En Algérie, les secteurs hors hydrocarbures se caractérisent par un faible dynamisme qui se traduit par de faibles performances des entreprises nationales et une faible propension à développer l'investissement productif ; 2- la gouvernance économique est inefficace car elle est encore faite de régulation administrative directe lourde et contre-productive. Les réformes économiques de la fin des années 80 ont fait long feu ; 3- l'économie algérienne ne connaît pas de contraintes d'efficacité, situation qui s'explique en grande partie par le recours facile, lorsque la faillite menace, au budget de l'Etat et à la dépense publique rendue possible par la rente pétrolière. Un tel contexte explique l'absence d'une culture de compétitivité ; 4- enfin, "last but not least", la dépendance alimentaire de l'Algérie est de plus en plus coûteuse. Hamid Aït Amara rappelait qu'en Algérie, "2 calories sur 3 sont importées". La facture alimentaire ne cesse de s'alourdir : 1970 : 1 ; 1980 : 2 ; 1990 : 2.5 ; 2000 : 3 ; 2010 : 5.5 (en milliards de dollars). Face à ce tableau clinique, quel protocole thérapeutique ? Une urgence : reprendre les réformes économiques Bien évidemment, dans le cadre de ce bref article, nous ne pouvons proposer une véritable feuille de route détaillée et encore moins une stratégie de développement. Tout au mieux tenterons-nous quelques suggestions pouvant inciter à approfondir la réflexion ou, en tout cas, à alimenter un débat, aujourd'hui urgent, sur les perspectives économiques du pays. Libéralisation interne/protection externe : reprendre les réformes économiques Au-delà des politiques conjoncturelles anti et procycliques qui sont mises en œuvre depuis deux décennies, la situation exige aujourd'hui l'élaboration et l'application de politiques structurelles. La relance de l'investissement productif, la dynamisation des secteurs hors hydrocarbures, la bataille de la sécurité alimentaire exigent, pour être couronnées de succès, des transformations profondes des mécanismes économiques actuellement en œuvre. Sans être exhaustif, nous pouvons insister sur la nécessité de reprendre les réformes portant autonomie de l'entreprise qui visaient à libérer l'entreprise du carcan administratif et bureaucratique et à lui imposer des obligations de résultat. De même, le système bancaire devra-t-il être engagé à gérer le risque sans alourdir les procédures de contrôle a priori et la multiplication des garanties exigées de l'opérateur. Le partenariat externe doit, pour sa part, être compris par nos policy makers comme une exigence incontournable à la fois pour rattraper les retards accumulés dans la compétitivité de l'économie mais aussi pour s'initier aux techniques de l'exportation. L'économie algérienne souffre aussi d'un déficit énorme en matière de services à l'entreprise. Dans ce domaine aussi, le partenariat avec des champions étrangers dans les domaines du consulting, de l'engineering, de l'audit... nous aidera à installer ce secteur stratégique. L'Algérie possède une diaspora hautement qualifiée dans divers domaines et qui ne demande qu'à être intégrée dans les processus de reconstruction de l'économie nationale. Un programme sérieux (et non pas comme ceux qu'on a déjà connus) de mobilisation de cette élite doit être élaboré et mis en application. Enfin, à titre simplement indicatif, la sécurité alimentaire du pays peut être acquise en développant des actions dans deux directions : 1- lancer des programmes de développement de l'agriculture saharienne ; 2- acquérir des terres agricoles à l'étranger et notamment en Afrique. A. B. Nom Adresse email