La gendarmerie appelle les citoyens à redoubler de vigilance et à s'informer des dispositifs légaux avant de s'engager dans une opération d'achat, notamment de terrain. Les gendarmes viennent de réussir un véritable coup de filet dans les milieux des trafiquants du foncier à Alger. C'est grâce à un renseignement précieux que le premier maillon de la chaîne a été mis hors d'état de nuire. Interpellé en plein centre de Birtouta, il s'agit d'un commerçant qui possède plusieurs propriétés immobilières. "C'est grâce à l'infiltration du réseau bien structuré et organisé que les enquêteurs ont pu remonter la filière. Notre priorité était le démantèlement du réseau dont les préjudices sont énormes pour les victimes, compte tenu des sommes d'argent versées pour des lots de terrain dont les décisions d'attribution étaient falsifiées", a révélé, hier, le chef de la compagnie de Douéra, le capitaine Ryadh Baraket, dans un point de presse animé à Alger. L'enquête a permis, dans un premier temps, d'orienter les recherches vers un local où des perquisitions ont permis de découvrir qu'il s'agit d'un atelier de falsification des documents administratifs et officiels, dont des décisions d'attribution de lots de terrain scannées et datées de 2001 et 2002, ainsi que différents cachets d'administration. Les gendarmes ont saisi du matériel informatique sophistiqué. Deux personnes ont été arrêtées sur place, un étudiant universitaire et un technicien supérieur en informatique, âgé d'à peine 30 ans, et considéré comme étant "le cerveau" du réseau. Ce dernier, également gérant d'un cybercafé, procédait à la falsification des décisions d'attribution de lots de terrain en contrepartie de sommes faramineuses. Dans une seconde étape, l'enquête a révélé le mode opératoire adopté par les criminels et démantelé l'ensemble du réseau. Les trafiquants ciblaient les quartiers chics de la capitale, à savoir Hydra, El-Achour, Ben Aknoun, Draria, et proposaient aux intéressés des lots de terrain situés hors d'Alger, notamment dans les communes de Kheraïcia, Birtouta et Douéra avec même une autorisation de construire et la complicité d'un entrepreneur. Une fois le contrat conclu, la décision d'attribution était vendue pour des sommes allant de 160 millions à 750 millions de centimes. Pour gagner la confiance des victimes, les criminels circulaient avec des véhicules haut de gamme, habitaient des quartiers chics et possédaient plusieurs locaux commerciaux. "Ce sont des gens aisés qui habitaient des villas meublées, et personne ne doutait de leur intension criminelle. Bien au contraire, les victimes croyaient qu'elles étaient des personnalités influentes", a-t-on encore ajouté. Lors de la perquisition des huit villas des mis en cause, les enquêteurs ont mis la main sur un lot important de documents falsifiés dont 65 décisions d'attribution de lots de terrain, 21 autres décisions signées prêtes à l'utilisation et 27 plans. Au total, huit individus âgés entre 24 et 60 ans ont été présentés, hier, devant le procureur près le tribunal de Koléa, parmi eux quatre repris de justice. Le vice-président de l'ex-APC de Kheraïcia chargé de l'urbanisme et le président d'une exploitation agricole ont aussi été interpellés dans cette affaire. Des recherches sont également lancées à l'encontre d'un complice en fuite. De son côté, le lieutenant-colonel Kerroud a expliqué que la vente des terrains avec décision d'attribution est interdite depuis 1992, cette prérogative ayant été transférée aux agences foncières. Il a appelé les citoyens à plus de vigilance. "Comment acheter des lots de terrain par des décisions d'attribution établies par la commune en 2001 et 2002, alors que ces opérations sont interdites depuis 1992 ? Il n'y a pas d'intermédiaires entre les commissions d'attribution de logements et l'administration", a-t-il tenu à préciser. Les victimes de ce trafic sont en tout cas nombreuses sur tout le territoire national. Quatre d'entre elles se sont présentées hier au siège de la brigade de la GN dont deux originaires de la wilaya de Ghardaïa. S. T. Nom Adresse email