Nouvelle intervention française dans le Nord-Mali, qui associe des forces maliennes et celles de l'ONU (Minusma), pour éviter, selon le porte-parole de l'état-major des armées françaises, une "résurgence" des mouvements terroristes à l'approche des élections législatives. Une opération de "grande ampleur" au nord et au sud de la boucle du Niger, a précisé le colonel Jaron. Cette nouvelle opération, baptisée "Hydre" viendrait donc compléter l'intervention militaire ordonnée début 2013 par le président français, François Hollande, sous le nom de code "Serval". L'intervention, qui a eu l'aval de la Cédéao, de l'Union africaine et de l'ONU, a officiellement pris fin début de l'été 2013 avec l'annonce de son succès et la mise en route d'un processus de normalisation au Mali où se sont tenues des élections présidentielles plus ou moins correctes. Cependant, le Mali est encore loin de trouver une stabilité. Le terrorisme, annoncé éradiqué au terme de la contre-offensive "Serval", a réapparu avec des attentats kamikazes contre des positions militaires de l'armée malienne dans le nord du pays, occupé de 2012 à juin 2013 par les djihadistes d'Aqmi, du Mujao et d'Ansar-Dine, tous trois franchises d'Al-Qaïda. Evidemment, ces djihadistes ont laissé sur le champ de bataille près de 2 000 des leurs tués par les forces spéciales françaises et des contingents tchadiens qui ont servi de chair à canon au vu de leurs pertes. Les survivants se sont réfugiés notamment dans le sud de la Libye, devenue la base arrière du terrorisme dans le Sahel selon un arc qui va de la Mauritanie à la Somalie. D'autres se seraient plutôt fondus au sein des populations, d'où la recrudescence d'actions terroristes. Les groupes djihadistes, qui multiplient les attaques dans le Nord, à l'intérieur et autour du triangle Gao, Kidal, Tombouctou, donnent l'impression de s'être réorganisés. L'attaque perpétrée mercredi à Tessalit, dans le nord-est du Mali, contre des soldats tchadiens de la Minusma (Mission des Nations unies au Mali), démontre la capacité de résilience des groupes djihadistes. L'opération française "Serval", lancée en janvier, les a affaiblis, mais pas défaits, selon des spécialistes. Le porte-parole des armées françaises a parlé d'attaque "complexe". Les assaillants, qui se sont revendiqués d'Aqmi, ont procédé en plusieurs temps : tout d'abord aux premières heures de la matinée, un véhicule piégé s'est approché du bâtiment où sont stationnés les soldats tchadiens avant que son conducteur fasse exploser sa charge ; dans la foulée, deux kamikazes seraient arrivés sur les lieux, l'un aurait été immédiatement tué, mais l'autre aurait eu le temps d'actionner sa ceinture d'explosifs ; puis, dans un troisième temps, selon des officiers de l'opération "Serval", plusieurs lignes de combattants sont venues affronter directement les militaires tchadiens déployés sur place. Des militaires français assurent que des rebelles indépendantistes touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) avaient signalé, la semaine précédente, un mouvement suspect de véhicules vers Tessalit. Le 28 septembre, Aqmi avait revendiqué un attentat-suicide contre une caserne à Tombouctou, et le 7 octobre, ce fut au tour du Mujao, la franchise d'Al-Qaïda pour l'Afrique de l'Ouest, proche d'Aqmi, de revendiquer le tir de plusieurs obus sur la ville de Gao. Ces trois attaques en moins d'un mois confirment le regain d'activité des groupes terroristes dans le nord du Mali. "Les différents groupes se reconstituent, ils agissent avec de nouveaux modes opératoires et profitent d'importantes étendues dans le nord du pays qui ne sont pas couvertes par les forces nationales et internationales", a avoué Soumeylou Boubèye Maïga, le ministre malien de la Défense, qui s'est plaint de l'indifférence de la communauté internationale qui avait pourtant promis aide et matériel suffisants pour que son pays reconstitue au plus vite ses forces de sécurité. D. B Nom Adresse email