Liberté : Comment interprétez-vous la réaction du Maroc et cette escalade verbale entre Alger et Rabat ? Abdelaziz Rahabi : Elle est surprenante et disproportionnée, si l'on en juge par les motifs invoqués par Rabat, c'est-à-dire la déclaration du président Bouteflika (lue lundi à Abuja en son nom par le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh) sur la nécessité de mettre en place un mécanisme de surveillance des droits de l'Homme au Sahara Occidental. Je pense que cette escalade marquera la prochaine visite de John kerry dans les deux pays et risque de dominer l'ordre du jour de ses entretiens à Rabat. Les deux capitales la perçoivent pourtant de façon différente : à Alger, on estime que l'Algérie a des responsabilités régionales que le Maroc n'a pas, comme la recherche de la paix au Sahel et la stabilisation de la Tunisie et de la Libye, ou encore la coopération en matière de lutte contre le terrorisme international et qu'à ce titre, les discussions avec les Américains ne seront pas limitées à la tension avec le Maroc. Comment voyez-vous l'avenir des relations bilatérales ? Il s'agit d'une tension passagère car chaque pays reste fidèle à ses positions, l'Algérie, qui considère que la question sahraouie relève d'un processus onusien en cours, veut éviter d'animer cette tension pour ne pas donner au Maroc l'occasion de la présenter comme un différend bilatéral. À ce titre, on estime à Alger que des relations bilatérales normales sont possibles pour peu que les officiels marocains modèrent leur discours vis-à-vis de l'Algérie, fassent preuve de fermeté contre les trafiquants de drogue et ne réclament pas à l'Algérie de renier ses positions sur la Sahara Occidental. K. K Nom Adresse email