Le directeur des deux dernières campagnes électorales de Bouteflika ne devrait pas, logiquement, rester de marbre devant ces attaques qui le visent, cette fois-ci, personnellement et durement. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, se rendra respectivement, aujourd'hui et demain, dans les deux grandes wilayas du Sud, Adrar et Tamanrasset. Si, dans la forme, ces deux sorties successives se présentent comme des rendez-vous "ordinaires" entrant dans le cadre de son périple qu'il a engagé depuis sa nomination au poste de Premier ministre, dans le fond, elles interviennent néanmoins dans un contexte politique très agité. Un contexte marqué notamment par les attaques, on ne peut plus claires, frontales et réitérées contre le DRS et qui, cette fois-ci, visent M. Sellal personnellement, par le "téméraire" Amar Saâdani, patron du FLN. En effet, la dernière sortie du chef du parti majoritaire à l'Assemblée sonne comme un rappel à l'ordre adressé au Premier ministre qui, selon lui, ferait mieux de "se contenter de son rôle dans l'Exécutif" car, assène-t-il, "Sellal n'est pas fait pour la politique". Sur ce terrain, il est même "un mauvais joueur", a dit M. Saâdani, après ses premières attaques proférées à l'encontre du DRS. Sellal dont la visite à Sétif intervenait juste au lendemain de la sortie du patron du FLN n'avait pas, rappelons-le, raté cette occasion pour "recadrer" M. Saâdani. "De temps en temps, vous entendez des gens vous raconter que nous ne nous entendons pas au sein du gouvernement, du pouvoir (...) Soyez rassurés, notre entente est parfaite. De temps en temps, des voix se permettent de parler au nom des institutions ou du peuple. Je vous le dis, l'Institution militaire est homogène", avait alors assuré M. Sellal, en réponse aux propos tenus auparavant par M. Saâdani, sans le citer, au sujet de la restructuration des services de sécurité que le président Bouteflika aurait opérée. En fera-t-il de même, cette fois-ci encore, à l'occasion de ses discours devant les représentants de "la société civile", à Adrar puis à Tamanrasset ? Connu pour être un commis de l'Etat, le directeur des deux dernières campagnes électorales du président Bouteflika ne devrait pas, logiquement, rester de marbre devant ces attaques qui le visent cette fois-ci personnellement et durement. Faire l'impasse sur un sujet aussi brûlant et dont on estime qu'il est l'expression de turbulences au sommet de l'Etat, risquerait d'être interprété comme une impuissance du Premier ministre à laver l'affront, lui qui, jusque-là, passait pour "un enfant du système". À moins d'une volte-face de dernière minute qui répondrait, éventuellement, à un arrangement au sommet, M. Sellal ne devrait pas pouvoir faire l'économie de "remettre à sa place" le SG de l'ex-parti unique. Une question s'impose : dans le cas où Sellal répliquerait aux déclarations incendiaires de Saâdani, doit-on encore s'attendre à une attaque plus musclée de ce dernier qui s'illustre de plus en plus par une "témérité" qu'on ne lui connaissait pas ? À un peu plus de cinq mois de l'élection présidentielle, le feuilleton de passe d'armes entre les différents clans du pouvoir ne fait, semble-t-il, que commencer... En attendant de percer le mystère de cette guerre clanique, le Premier ministre reste néanmoins très attendu à l'occasion de ses sorties à Adrar et Tamanrasset, deux villes confrontées notamment à deux problèmes majeurs, à savoir, d'une part, le problème sécuritaire et d'autre part, la tension sociale, mise à nue par le mouvement des chômeurs qui s'exacerbe de plus en plus. M. Sellal ne tarira certainement pas d'annonces et de promesses à cette occasion... F. A Nom Adresse email