Jusque-là seul à se faire le chantre de cette candidature, grillant même la politesse aux instances habilitées, le patron du FLN veut embarquer dans sa démarche solitaire les mouhafedhs. Le secrétaire général du FLN a réuni, hier, les mouhafedhs après une série de conférences régionales. Les travaux se sont déroulés à huis clos et les journalistes invités dès la fin de l'hymne national à quitter la salle et attendre "qu'on les appelle" alors qu'ils étaient invités à assister. Il n'y eut même pas de déclaration préliminaire du SG. Evidemment, une majorité des journalistes a quitté le siège du parti, indignés par la méthode Saâdani. Ceux qui sont restés ont eu droit à la lecture de la déclaration finale dans laquelle les mouhafedhs apportent leur soutien au militant au grand parcours, Amar Saâdani. "Tous avec toi", ont-ils clamé à l'unanimité. Le but de cette rencontre est de réunir la famille du FLN. Le message est adressé bien entendu à l'opposition interne qui ne décolère pas et continue de travailler pour faire invalider la session du comité central du 29 août qui l'a élu SG. Et pour rectifier le tir par rapport aux précédentes déclarations intempestives, contradictoires, à la limite de l'atteinte aux institutions et aux personnalités politiques, de Saâdani, le communiqué final rappelle l'engagement du FLN à protéger les symboles de l'Etat et des instituions et salue respectueusement l'institution militaire et les services de sécurité. Ceux-là-mêmes qu'il a sévèrement critiqués en dénonçant les pratiques et le tutorat qu'ils exercent sur la société. Un pas en arrière qui accentue les contradictions de ses propos. Le reste est consacré au président de la République et son programme, qu'il soutient en personne et appelle à se présenter pour un 4e mandat pour parachever son œuvre. Parmi les priorités, accélérer la révision de la Constitution, recommande le FLN. Outre les mouhafedhs, il y avait l'ancien ministre, actuel sénateur du tiers présidentiel, Djamel Ould-Abbès. Que faisait-il là ? Présent déjà lors de la session d'août du CC, Ould-Abbès vise par ce geste un siège dans le bureau politique (BP) lors de la session du 16 novembre que Saâdani a convoquée. Depuis son intronisation à la tête du FLN, Saâdani n'a pas cessé de "tirer sur tout ce qui bouge" au nom du FLN qu'il engage dans des batailles inutiles en s'attaquant non seulement à des responsables politiques tels que le Premier ministre et ses partenaires de l'alliance, mais aussi contre les services de renseignement dans une tentative d'analyse des changements récemment opérés par le président de la République. Il prétend travailler pour l'instauration d'une république civile et la transparence en accompagnant le Président à qui il prête ces intentions. Mais pour cet exercice, Saâdani a fait son choix : les médias étrangers. Il a prouvé cela hier en ordonnant aux journalistes nationaux de quitter la salle de réunion du parti alors qu'ils étaient invités la veille à couvrir la rencontre. Le but est d'éviter les questions sur ses déclarations pour éclairer l'opinion sur les projets présidentiels dont il a le secret. Mais son souci est dans les messages destinés à l'opinion internationale et aux partenaires étrangers. Comme de nombreux responsables politiques, Saâdani nourrit à la fois un mépris et une hantise vis-à-vis de la presse nationale. Comment, dans ce cas, prétendre défendre un pouvoir civil en ignorant un des piliers de cette entreprise ? Et Saâdani garde toujours ces reflexes incompatibles avec la démocratie et la transparence, comme il vient de le prouver. D B Nom Adresse email