L'auditorium de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou a accueilli, du 9 au 11 novembre, les travaux du 8e Colloque international sur l'expérience créative de la romancière Assia Djebar, ayant pour thème «Assia Djebar ou l'œuvre d'une vie». Une rencontre qui a drainé beaucoup de conférenciers, nationaux et étrangers, mais peu de public puisque l'assistance était aux abonnés absents et l'auditorium presque vide ! Amel Chaouati, présidente du Cercle des amis de Assia Djebar de Paris, a, durant son intervention qui avait pour thème «l'œuvre d'Assia Djebar : Quel héritage pour les intellectuels algériens ?», présenté le résultat d'un travail qu'elle mène, dira-t-elle, avec quelques intellectuels algériens de générations différentes "afin de repérer de quelle manière l'œuvre d'Assia Djebar a contribué à leur vie intellectuelle et à la vie intellectuelle de la société algérienne." Selon la conférencière : "Malgré l'absence de son œuvre littéraire dans les librairies pendant de longues années et l'indisponibilité de ses deux films cinématographiques, l'influence de son travail et sa trace se trouvent incontestablement présents d'après les témoignages de quelques intellectuels, à l'instar de la romancière Maïssa Bey, de l'essayiste Wassyla Tamzali et de la cinéaste Habiba Djahnine et bien d'autres." Elle ajoutera par ailleurs "qu'aucun roman d'Assia Djebar n'a été traduit en langue arabe, hormis une tentative de traduction du livre Loin de Medine dont la publication a été rejetée par l'auteur pour son écartement de l'esprit de son œuvre." Ce qui était aussi de l'avis des différentes intervenants qui ont soulevé "la non traduction en arabe des œuvres romanesques de cette grande dame de la littérature algérienne d'expression française alors qu'elles ont été traduites dans plus de 30 langues." En conclusion, Mme Chaouati recommandera la réédition, en Algérie, des romans de l'auteur. Fatima Boukhlou, de l'université de Tizi Ouzou, évoquera de son côté Le blanc de l'Algérie comme une œuvre historiographique et une ré-écriture de l'Histoire. Elle s'est interrogée notamment sur cet ouvrage, publié en 1996, en pleine décennie noire, "pour tenter de voir dans quelle mesure l'historienne recourt à ses talents de romancière pour articuler le réel, l'histoire et le discours », dira-t-elle. Mounira Chatti, de l'université de la Nouvelle-Calédonie, animera quant à elle une communication ayant pour thème «L'écriture du désastre». Selon cette universitaire, "les fragments d'imaginaire, pour reprendre l'expression d'Assia Djebar, dont se compose Oran, langue morte (1996) convoquent une riche intertextualité littéraire, historique. L'écrivaine suggère une perspective de déconstruction, de distanciation, de recréation de l'héritage et du passé. Une écriture fragmentaire et discontinue forge une langue pour dire la mort, l'horreur de la violence, le travail de deuil." À signaler que cette rencontre autour de l'œuvre et la vie d'Assia Djebar à Tizi Ouzou avait regroupé une vingtaine de conférenciers. K T Nom Adresse email