Depuis 2011, sous l'effet de mouvements de contestation qui secouent tous les secteurs d'activité, le gouvernement a procédé à des augmentations de salaires spectaculaires, avec des effets rétroactifs remontant parfois jusqu'à 2008. Si le privé attire par l'argument du salaire, le secteur public, lui, séduit grâce à la sécurité de l'emploi et les avantages sociaux. C'est un fait avéré à travers le monde, mais, depuis peu, l'Algérie connaît le phénomène inverse. Les augmentations de salaires de l'année 2012 sont plus importantes dans le public que dans le privé, a révélé une enquête de rémunération menée par l'Office national des statistiques (ONS). "Le salaire net mensuel moyen dans le public a évolué en 2012 de 9,1% par rapport à 2011, pour atteindre 44 928 DA pour l'ensemble des travailleurs, contre une hausse de seulement 7,5% pour le secteur privé, soit un salaire net mensuel moyen de 25 666 DA", met en évidence l'enquête de l'ONS. Cette enquête a été réalisée en mai 2012 par courrier sur 912 entreprises nationales de 20 salariés et plus, dont 611 publiques et 301 privées, et a touché l'ensemble des activités à caractère économique hors administration et hors agriculture. Ces augmentations présentent des variations, qu'il s'agisse des cadres, des personnels qualifiés ou des employés sans qualification particulière. Concernant les deux premières catégories, le public a appliqué le double des augmentations par rapport au privé. "Les cadres du secteur public ont été augmentés de 9,2% en 2012 pour atteindre un salaire mensuel moyen de 68 663 DA, alors que la même catégorie dans le privé n'a bénéficié que de 5,6% d'augmentation, ce qui porte le salaire mensuel moyen à 50 542 DA. Le personnel de maîtrise dans le secteur public a bénéficié en 2012 d'une hausse de 11,1% pour un salaire mensuel moyen de 49 429 DA, contre 44 491 DA en 2011. La même catégorie du personnel dans le privé n'a été augmentée que de 4,2% pour atteindre un salaire mensuel moyen de 27 679 DA", indiquent les résultats de l'enquête. Quant aux personnels non qualifiés, ils bénéficient d'une plus haute augmentation dans le privé, mais leurs salaires restent inférieurs à ceux appliqués dans le public. "Le privé a augmenté le personnel d'exécution de 9,5% pour atteindre un salaire mensuel moyen de 21 247 DA, alors que dans le public, cette catégorie de personnel n'a été augmentée que de 6,8%, mais totalise néanmoins un salaire mensuel moyen de 30 576 DA", relève l'enquête. Les secteurs d'activité les plus rémunérateurs sont, selon cette enquête, l'énergie avec +14,9% et les finances avec +12,2%. "Tous secteurs confondus, le salaire de base reste la principale composante avec 64,4% de la rémunération brute totale. Les primes et indemnités ne représentent que 36%. Dans le secteur public, le salaire de base représente 51,4% du salaire brut et les primes et indemnités 48,6%". Cette répartition diffère dans le privé où le salaire de base représente "70,4% du salaire brut et les primes et indemnités 29,6%". Le secteur public donne le "la" L'ONS n'est pas le seul organisme à réaliser ce type d'enquête. Des cabinets privés évaluent également les rémunérations, afin de mieux conseiller leurs clients sur les politiques salariales à adopter. C'est le cas de Paymed Consulting qui mène des enquêtes annuelles de rémunération au Maghreb. Contrairement à l'enquête de l'ONS, celle-ci concerne principalement des filiales de multinationales installées en Algérie. "Suite aux importants ajustements salariaux réalisés dans plusieurs secteurs d'activité en 2011, le marché des salaires en Algérie a connu une augmentation générale sensible, créant des tensions sur des postes difficiles à pourvoir. C'est le cas, par exemple, des experts en marketing et les postes d'encadrement de manière générale. 95% des entreprises participantes prévoient, en moyenne, 7% d'augmentation salariale pour 2014", conclut le cabinet-conseil. Cette étude montre également que les salaires en Algérie, tous postes confondus, sont inférieurs à ceux pratiqués en Tunisie ou en Egypte. L'Algérie fait aujourd'hui exception à la règle universelle, qui veut que le privé paye mieux que le public. La raison : depuis 2011, sous l'effet de mouvements de contestation qui secouent tous les secteurs d'activité, le gouvernement a procédé à des augmentations de salaires spectaculaires, avec des effets rétroactifs remontant parfois jusqu'à 2008. L'écart s'est donc creusé du fait des nombreuses réévaluations des grilles des salaires du secteur public. Un effort financier que les entreprises privées rechignent à consentir, alors même qu'elles connaissent une contestation salariale similaire à celle vécue dans le public. Cependant, dans les pays développés, le salaire n'est plus le principal critère retenu par les demandeurs d'emploi. Des notions comme "le bien-être du salarié", "la flexibilité de l'emploi" ou encore "l'épanouissement en milieu professionnel" sont en vogue. Du coup, pour retenir leurs employés, les entreprises privées, outre de proposer des salaires attractifs, rivalisent d'idées pour satisfaire au bien-être des salariés. Certaines firmes vont jusqu'à se doter d'une salle de sport, d'un service de garderie et même d'une conciergerie où les employés peuvent laisser leur liste de courses ou leur linge à déposer au pressing. Un confort bien loin des pratiques entrepreneuriales algériennes. A H Nom Adresse email