“Le verrouillage de l’ENTV, une fraude ouverte�

Les candidats dénoncent l’accaparement de la télévision par Bouteflika

Pour les candidats Ghozali, Benflis, et Taleb Ibrahimi, l’usage fait des médias lourds est largement tendancieux.
Le débat actuel sur l’accaparement des médias publics par le seul président-candidat ne laisse pas indifférents les autres postulants à la présidentielle du 8 avril.
Sid Ahmed Ghozali, Ali Benflis et Taleb Ibrahimi dénoncent l’utilisation “personnalisée� de l’ENTV au seul profit de Bouteflika. “On a été victime de cette fermeture des médias lourds avant même que Benflis n’annonce sa candidature. En ce sens que la télé a préféré donner son espace au mouvement hors la loi de Belkhadem mis en place à l’instigation du président-candidat�, a expliqué, hier, Abdelkader Sallat, le directeur de campagne du candidat Ali Benflis.
En plus du fait que le président monopolise le journal télévisé, Sallat fait observer qu’“on lui a même institué un deuxième journal télévisé pour lui rallonger son temps d’antenne d’une demi-heure avec l’émission — les carnets des élections — pour nous farcir tous les jours ses comités de soutien et ses résolutions d’allégeance fantoches�. “Benflis a été obligé d’aller en Europe et s’exprimer à travers les médias étrangers pour pouvoir pénétrer les foyers algériens�, martèle l’ex-ministre de la réforme pénitentiaire. Aussi et tout en dénonçant “la confusion qu’entretient Bouteflika entre sa fonction de président et sa qualité de candidat�, Sallat la qualifie de “moralement inacceptable�. “Bouteflika sait, dira-t-il, qu’il est en train de matraquer l’opinion publique par une présence permanente de son image à la télé et cette inondation de l’écran s’est aggravée actuellement, car il fait semblant de réaliser en quelques semaines ce qu’il n’a pas pu faire en quatre ans�. Même écho chez les autres candidats. Selon Sid Ahmed Ghozali, l’attitude présidentielle “est la continuité d’une situation qui a prévalu, depuis quatre ans, au cours de laquelle Bouteflika avait déclaré au début de son mandat que les médias publics sont réservés au gouvernement et qu’ils étaient interdits à l’opposition�.
Il s’agit pour l’ancien chef de gouvernement “d’une violation ouverte des lois et un accaparement personnel des médias lourds censés être le service public�. Usant d’un langage cru, il martèlera : “C’est une fraude ouverte que de fermer la télévision aux concurrents du président-candidat et une violation du processus électoral.� Il conclura en martelant que “c’est vraiment avoir un raisonnement archaïque que de penser que puisque c’est le service public, il ne doit profiter qu’au gouvernement�. Pour Mohamed Saïd, le porte-parole de Wafa, le parti non agréé de Taleb Ibrahimi : “il n’y a rien d’étonnant dans l’attitude de la télévision algérienne, dès lors qu’elle fait partie d’un jeu politique fermé par le pouvoir�.
À ses yeux, “la télévision qui se trouve monopolisée par le pouvoir ne traduit qu’une réalité que tout le monde vit sur le terrain, à savoir son accaparement au mépris de l’opinion publique�.
À l’instar de Ghozali, Mohamed Saïd rappellera que c’est bien au début de son mandat que “Bouteflika a décidé de fermer les médias lourds à l’opposition�.
Aussi et tout en faisant remarquer que l’ENTV a censuré deux phrases dans la déclaration de candidature de Taleb Ibrahimi, il affirmera que “cela donne un avant-goût de ce que sera la couverture de la télé durant la campagne électorale où il n’y aura pas de neutralité totale des médias lourds, ce que nous dénonçons d’ailleurs�.
N. M.