L'audacieux et tout aussi surprenant lifting opéré par Vahid Halilhodzic dans le onze titulaire lors de sa rencontre décisive face au Burkina-Faso aura incontestablement secoué une partie du vestiaire des Verts, faisant certainement trembler le sol sous les pieds de quelques éléments en manque criant de temps de jeu. Avec pour credo de ne retenir que ceux qui jouent en club, le sélectionneur national avait, en cette froide soirée du 19 novembre, mis à exécution ses menaces de reléguer sur le banc les habituels remplaçants du week-end.Le gardien de but Raïs M'Bolhi, le défenseur latéral-gauche Djamel Mesbah et l'avant-centre Ishak Belfodil l'ont compris à leurs dépens. Tout comme eux, à suivre le credo du sélectionneur, auquel il déroge de temps à autre –convenons-en-, ils sont nombreux ces habitués du Club Algérie qui doivent absolument changer de club employeur dès cet hiver s'ils ne veulent pas voir leurs chances d'être retenus dans la liste des vingt-trois qui iront au Brésil s'amenuiser comme une peau de chagrin au fil des semaines, des mois et des rencontres officielles qu'ils... manqueront. Peu éloquent, pas un brin bavard, encore moins affable, le gardien Ouahab Raïs M'Bolhi entend et voit, par contre, très bien. La titularisation de Mohamed-Amine Zemmamouche face au Burkina Faso lors du dernier et décisif match des éliminatoires de la Coupe du monde 2014, ne l'a pas laissé de marbre, lui qui avait pourtant disputé toutes les autres rencontres dans leur intégralité. Cette punition de rester sur le banc a, d'ailleurs, fait tellement mal à l'ego du gardien remplaçant du CSKA Sofia qu'il a fini par accepter, bien malgré lui, l'idée d'une bouée de sauvetage "locale", la seule apparemment qui pourrait lui éviter de couler encore plus profondément dans l'océan de l'incertitude. S'étant rapidement positionné sur le coup, le Mouloudia d'Alger lui offrirait ainsi l'idée de se relancer, sportivement parlant, tout en gardant le même salaire qu'en Bulgarie. M'Bolhi bénéficierait surtout d'un meilleur statut puisqu'une place de numéro 1 lui a été assurée avant même de débloquer sa situation administrative et d'arracher l'accord de la direction du CSKA pour un prêt -tel que souhaité par Kaci-Saïd- qui arrangerait les trois parties. Djamel Mesbah, qui cire le banc parmesan chaque week-end de Série A devrait s'en inspirer pour ne pas hypothéquer ses chances de disputer un mondial pour lequel il beaucoup souffert après en avoir disputé un en 2010 sans pour autant avoir joué le moindre match qualificatif. Pourtant, le topo est on ne peut plus clair : à Parme, Roberto Donadoni, son entraineur, ne lui fait pas confiance. Même lorsqu'il joue et marque, comme ce fut le cas face à l'Atalanta Bergame le 24 septembre dernier, il se retrouve le match suivant dans la peau de l'éternel remplaçant qu'il est. Avec Parme, en 2013-2014, Djamel Mesbah ne totalise que trois apparitions dans le Calcio. Et rien n'augure de lendemains meilleurs. Surtout avec Donadoni sur le banc, sa conception du football et ses idées fixes. Le meilleur scénario pourrait intervenir sous la forme d'un transfert temporaire ou définitif au mercato, à Cagliari ou à la Fiorentina qui se seraient renseignés sur lui, afin de retrouver du temps de jeu et la confiance de Vahid Halilhodzic, d'autant plus que son concurrent direct, Faouzi Ghoulam, celui-là même qui l'avait poussé sur le banc face au Burkina Faso, continuer de briller à Saint-Etienne. Perdre au change en club plutôt qu'en sélection Son compatriote Carl Medjani l'a, d'ailleurs, parfaitement assimilé au point de s'en être fait une raison. De nouveau titulaire dans l'axe de la défense face aux Etalons du Burkina Faso, l'actuel remplaçant à l'Olympiakos compte rapidement changer de club pour ne pas perdre, justement, sa place en équipe nationale. Ne bénéficiant pas de la confiance de l'Espagnol Michel, son entraîneur dans le club du Pirée, il a déjà entamé les discussions avec le conseiller du président, le Français Christian Karembeu et le directeur sportif, le Sud-Africain Pierre Issa, pour lui faciliter la tâche dès cet hiver, surtout qu'on annonce avec insistance l'intérêt du FC Nantes à son égard. Une démarche dont devrait s'inspirer le milieu de terrain de Getafe Medhi Lacen qui passe plus de temps sur le banc ou à l'échauffement que sur le terrain, affichant de faibles statistiques de trois petites apparitions seulement comme titulaire cette saison. Car, même s'il a bénéficié de l'indulgence de Vahid Halilhodzic face au Burkina Faso, son manque de rythme ne lui garantira certainement pas plus que cela face au monstrueux volume de jeu d'un Taïder qui monte en puissance. Plus que jamais, Lacen a besoin de trouver un club pour retrouver du temps de jeu à même de garder ses chances de figurer dans la liste des 23 pour Rio de Janeiro. D'autant plus qu'il est de notoriété publique en Algérie, plus qu'ailleurs, qu'un joueur, remplaçant dans son club, en dépit de son statut de vice-capitaine en sélection, n'a aucune garantie en perspective d'une Coupe du monde. Que dire alors d'éléments, nouvellement débarqués comme les attaquants Nabil Ghilas et Ishak Belfodil, qui ne bénéficient pas encore d'une confiance aveugle du sélectionneur national et qui éprouvent, qui plus est, d'énormes difficultés à s'imposer dans leurs clubs respectifs ? S'il est vrai que Belfodil et Ghilas n'ont pas choisi la solution de facilité en optant, l'été dernier, pour deux des plus prestigieux clubs du Vieux continent comme l'Inter de Milan et le FC Porto, il est tout aussi vrai que leur très faible temps de jeu (une seule titularisation pour Ishak contre aucune pour Nabil) inquiète quant à leur possibilité de garder le contact avec la sélection. Idem pour Djebbour qui ne joue pas régulièrement en club. Un changement de cap dès la fin du mois s'impose, donc, comme un choix forcé pour ces deux attaquants, sous peine de perdre encore plus au change lorsqu'il s'agira de faire les comptes pour dresser la liste des 23 sur la base de la compétitivité en club. R. B. Nom Adresse email