Les participants à cette rencontre étaient unanimes à estimer que la réappropriation des noms authentiques des lieux et des personnes est un élément important dans la sauvegarde de l'identité berbère. Le retour aux appellations toponymiques et anthroponymiques qui ont été créées par le génie populaire mais qui ont été longtemps victimes des distorsions de l'administration, coloniale comme celle de l'Algérie d'après-guerre, est considéré comme une nécessité impérieuse aux yeux des spécialistes qui ont pris part, avant-hier, à la journée d'étude organisée par le Haut commissariat à l'amazighité (HCA) à la Maison de la culture de Tizi Ouzou. Les participants à cette journée étaient unanimes à estimer que la réappropriation des noms authentiques des lieux et des personnes est un élément important dans la sauvegarde de l'identité berbère. D'où leur plaidoyer pour une nouvelle politique onomastique algérienne respectueuse de cette identité. Pour soutenir cette nécessité de changement, Mustapha Tidjet, enseignant universitaire au département de langue et culture amazighes de Béjaïa, rappelle que la politique menée depuis l'indépendance jusqu'à nos jours dans ce domaine n'est pas différente de celle menée par les différents colonisateurs de l'Algérie, notamment, de l'occupant français. Ce dernier a expliqué le même enseignant, s'était fixé 3 objectifs, à savoir d'homogénéiser les populations algériennes, pacifier la Kabylie à travers l'acculturation et le déracinement, puis faciliter la déformation des mots en passant par leur arabisation. Après l'indépendance, le pouvoir algérien a gardé les mêmes pratiques et n'a changé que les slogans. "Au lieu d'agir au nom de la pacification et de l'assimilation, il agit de la même manière au nom de la cohésion et de l'unité nationale", a-t-il expliqué. Dans les deux cas, a-t-il noté, l'objectif a toujours été de déposséder les berbérophones de leur identité. C'est dans ce même sens, a expliqué Ahmed Boualili, enseignant au département de français de l'université de Tizi Ouzou, que le régime algérien a initié sa politique d'arabisation de l'environnement et agi par décrets pour imposer jusqu'à l'arabisation des panneaux de signalisation et la limitation des prénoms berbères autorisés dans l'état civil algérien. Cette politique linguistique, qui répond au caractère jacobin de l'Etat algérien, est à l'origine de la provocation de bien de sentiments et attitudes négatives, a expliqué cet universitaire qui a souligné que "dans certains cas, les toponymes et les anthroponymes sont affectés dans leur morphologie, et dans d'autres, on a préféré garder les appellations coloniales". Pour illustrer toute cette politique qui a donné lieu, se sont accordés à qualifier les spécialistes, à une "cacophonie et anarchie toponymique qui touche à la mémoire", les participants citent la fréquente substitution des "ath" par les "béni" en Kabylie, la déformation de toponymes authentiquement berbères pour les remplacer par d'autres non seulement arabisés mais auxquels on tente même de donner une coloration sacrée telle que Mchedellah à Bouira, pour ne citer que celle-là. En ce sens, le secrétaire général du HCA, Youcef Merahi, explique que "cela contribue à la destruction de l'espace mémoriel qui pousse les personnes jusqu'à recourir à des appellations honteuses, telles que, par exemple, les 12 Salopards, à Tizi Ouzou, pour s'identifier dans leur environnement". À ce titre, Youcef Merahi n'a pas manqué d'émettre le vœu d'aller vers des états généraux sur l'onomastique, cette branche du langage qui étudie les noms, pour établir un diagnostic, remettre sur la table les textes existants et le code de l'état civil pour sortir avec des recommandations opposables aux uns et aux autres. S L Nom Adresse email