Comme dans une véritable guerre des services de sécurité - peut-être en est-ce une -, policiers puis douaniers de l'aéroport de Constantine ont étalé, la semaine dernière, la corruption qui ronge ces deux corps à coups de “dénonciations et de souricières”. Une opération coup-de-poing des policiers de l'aéroport, qui a touché “l'honneur” des douaniers, a été suivie cinq jours après par une autre menée, cette fois-ci, par des douaniers contre leurs collègues policiers et en usant de procédés similaires. Ainsi, le premier jour de la semaine dernière, soit samedi, après l'arrivée du vol Marseille-Constantine, les éléments de la police des frontières prirent en flagrant délit de fraude et de corruption un douanier en compagnie de deux complices au niveau du parking de l'aéroport Mohamed-Boudiaf. Selon une source policière sûre, une souricière a été tendue au douanier, habitué au trafic au niveau de l'aéroport, suite à une dénonciation par appel téléphonique provenant de Marseille. Les policiers laissèrent le douanier, avec les complicités internes, passer en toute aisance l'ensemble des formalités pour le prendre la main dans le sac au niveau du parking au moment où la marchandise allait quitter l'enceinte aéroportuaire. Selon le président de l'inspection des brigades douanières de Constantine, la marchandise saisie par les policiers a été remise par le commissaire de police de la wilaya de Constantine au receveur principal des douanes. Elle comprend un lot de vêtements, treize caméras vidéo et des bijoux de fantaisie pour une valeur estimée à des dizaines de millions de centimes. Toujours selon cette source sûre, le douanier a été suspendu de ses fonctions en attendant la décision de justice. Comme pour rendre la monnaie à leurs collègues policiers, en fin de semaine, les douaniers, selon une source proche de ce service, c'est le commissaire au niveau dudit aéroport qui tombe dans une autre souricière tendue, cette fois-ci, par des douaniers ce week-end. Selon notre source, les douaniers ont investi, toujours après l'arrivée d'un autre vol Marseille-Constantine, le bureau dudit haut fonctionnaire de la police pour y trouver une quantité — qui dépasse les milliers — de cartes à puces pour démodulateur numérique de la contrefaçon. Comme pour les policiers, les douaniers disent avoir agi sur dénonciation à partir de Marseille. Ces évènements qui se sont déroulés en l'espace de cinq jours auraient pu passer pour de simples faits divers si les procédés utilisés (dénonciations, coups par coups) n'étaient pas identiques à ceux que nous lisons dans la presse d'outre-mer sur les différentes guerres que se mènent certains services de sécurité. Le feuilleton de l'aéroport de Constantine — à deux épisodes déjà — où sont impliqués deux services de sécurité stratégiques dans le paysage sécuritaire et économique du pays, a ouvert un débat local sur la corruption qui ronge certains corps. Au vu du train de vie que mènent certains fonctionnaires de ces deux corps et la rapidité avec laquelle les souricières tendues aboutissent, cela laisse croire que sur cette plate-forme “tout le monde sait ce que fait tout le monde” et “yestar ma yastar Allah ouala enbiyou gaâ”. M. K.