Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a rencontré, jeudi, à Jérusalem, le Premier ministre israélien, au début de sa 10e mission, destinée à faire avancer les négociations de paix, malgré le pessimisme ambiant et les récriminations réciproques. Sitôt arrivé à Jérusalem, il s'est entretenu pendant 5 heures avec Benjamin Netanyahu. John Kerry devait le revoir, hier matin, avant d'être reçu dans la soirée à Ramallah par le président palestinien, Mahmoud Abbas. Le chef de la diplomatie américaine est arrivé au moment où l'ex-Premier ministre Ariel Sharon, dans le coma, depuis huit ans, se trouve dans un état jugé "critique" par les médecins. Il a assuré ses hôtes que "tous les Américains ont une pensée pour Israël et son ancien dirigeant". Au cours de sa mission de 4 jours, le secrétaire d'Etat entend discuter avec Israéliens et Palestiniens d'un projet d'"accord-cadre" américain traçant les grandes lignes d'un règlement définitif. "J'ai l'intention de travailler avec les 2 parties plus intensément dans les prochains jours pour aplanir les divergences sur un cadre qui offrirait les lignes directrices agréées pour les négociations sur le statut final", a expliqué M. Kerry à son arrivée. "Un accord-cadre accepté (par les deux camps) serait une percée significative qui permettrait de couvrir tous les problèmes de fond, comme les frontières, la sécurité, le statut de Jérusalem et les réfugiés", a-t-il fait valoir. Mais Israéliens et Palestiniens s'accusent mutuellement de saboter les efforts de paix. M. Netanyahu a dénoncé le fait que les prisonniers palestiniens relâchés cette semaine ont été accueillis en "héros" par le président Abbas. "On doute de plus en plus en Israël que les Palestiniens soient engagés pour la paix", a-t-il averti. Plusieurs contentieux, en particulier l'extension des colonies à Jérusalem-Est annexée et en Cisjordanie occupée et le statut de la vallée du Jourdain, devraient peser sur les entretiens de John Kerry. Sa visite coïncide en outre avec une recrudescence des violences en Cisjordanie et à Gaza. Un Palestinien est mort dans la nuit, de mercredi à jeudi, après avoir inhalé des gaz lacrymogènes utilisés par l'armée israélienne pour disperser un rassemblement. À Gaza, un Palestinien de 16 ans, grièvement blessé, jeudi, par un tir israélien près de la clôture de sécurité avec Israël, est mort hier. Une roquette a été tirée de Gaza dans la soirée sans faire de dégâts, l'aviation israélienne répliquant tôt, vendredi, par plusieurs tirs visant des cibles "terroristes" dans le centre et le nord de l'enclave palestinienne. Côté palestinien, le président Abbas a menacé de saisir des instances internationales contre "le cancer de la colonisation" israélienne et renouvelé son refus de "toute présence militaire israélienne dans des territoires appartenant à l'Etat indépendant de Palestine", allusion à la vallée du Jourdain, aux frontières de la Cisjordanie et de la Jordanie. Selon le quotidien israélien Maariv, lors de son dernier déplacement en décembre, John Kerry a proposé "une présence militaire israélienne limitée aux points de passage sur le Jourdain pour un nombre limité d'années". "L'accord-cadre proposé (par Washington) limite la souveraineté palestinienne sur le sol palestinien", a déploré, jeudi, le dirigeant de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Yasser Abed Rabbo. "Ce qui ferait vraiment progresser les discussions serait de dessiner les frontières entre l'Etat palestinien et Israël, fondées sur les lignes de 1967 (...), et d'établir un calendrier précis pour le retrait (israélien) de tout le territoire palestinien", a avancé M. Abed Rabbo. Une commission ministérielle israélienne a adopté, dimanche, un projet de loi, présenté par la droite ultranationaliste, qui prévoit l'annexion de la vallée du Jourdain même en cas d'accord de paix. R. I./Agences Nom Adresse email