Les violences intercommunautaires qui ont lieu dans la région du M'zab, à Ghardaïa, n'ont pas laissé indifférents les membres de la communauté nationale établie à l'étranger. Des personnalités, issues d'horizons professionnels différents, ont signé un manifeste pour la paix qu'ils ont décidé de rendre public ce dimanche. Ce document, qui revient sur le contexte dans lequel sont nés les affrontements entre Arabophones et Berbères du M'zab, émet des propositions de sortie de crise. "La violence qui sévit depuis quelques jours au M'zab nous interpelle à plus d'un niveau, nous, groupe de citoyens algériens établis au Canada, en France et ailleurs. Les affrontements entre les groupes sociaux en Algérie et, plus fréquemment, dans la région du M'zab, ne cessent de susciter de grandes inquiétudes", estiment les premiers signataires du manifeste, qui rappellent que les événements de Ghardaïa et, auparavant, ceux de Berriane et Guerrara, sont là pour nous rappeler que la rue peut s'enflammer à tout moment, tant que les braises de la violence sont toujours actives. Le conflit devenu récurrent revêt un caractère confessionnel et ethnique, note encore le manifeste signé par un groupe de vingt-deux personnes. Pourtant, aux yeux des signataires, l'histoire confirme "qu'Ibadites et Malékites, arabophones et Berbères mozabites ont, à travers l'histoire millénaire du M'zab, su faire la démonstration d'un bel et exemplaire modèle de bien vivre ensemble dans l'harmonie". Alors, qui blâmer ?, s'interroge-t-on. Les rédacteurs du manifeste alignent des pistes de solutions, plus techniques que politiques, et qui seraient de s'attaquer au problème de la violence par la mobilisation de toutes les ressources en faveur de la promotion de la paix. Comment ? "Pour cela, revenir aux conditions du milieu et s'attaquer à la base aux aspects de vulnérabilité de la société, dont l'ignorance, la pauvreté et l'exclusion, à travers un processus de réformes sociales et économiques visant à asseoir une bonne gouvernance, des mécanismes d'inclusion et de participation citoyenne et soutenues de programmes de développement social et économique", suggère à ce propos le manifeste. En attendant la mise en place de ces réformes qui ont connu un début de concrétisation par le passé sans avoir d'incidence sur le conflit qui était alors latent, les signataires de l'appel sollicitent des actions à court terme à même d'endiguer la violence dans cette région du pays. Ces actions vont de la mobilisation des écoles et des mosquées aux mécanismes juridiques et sécuritaires, en passant par des mesures socioéconomiques. Le manifeste revendique en effet "des actions et des mécanismes sécuritaires, fondés sur les valeurs d'équité, de justice et de justesse pour défendre la loi et l'ordre public, dans le but du bien-être de la société et non de la vengeance et du soutien d'un groupe contre un autre". Autrement dit, une sécurité qui agit dans la transparence, responsable, imputable et qui doit rendre compte de ses actes, précise encore le document comme pour rappeler le parti-pris des services de sécurité, dont le comportement a été dénoncé par les représentants de la communauté mozabite. Les membres du manifeste pour la paix sont convaincus que cette sortie de crise pourrait redonner confiance aux citoyens à travers la recherche de conditions qui assureraient la bonne gouvernance. Y. A. Nom Adresse email