Les pays d'Afrique centrale ont tenu jeudi un nouveau sommet à N'Djamena sur la Centrafrique, convoqué par le Tchad, à l'initiative bien entendu de la France engluée dans le bourbier centrafricain. L'opération militaire de François Hollande à Bangui s'est révélée un flop : ses quelque 2 000 soldats sont dans l'incapacité de mettre fin aux violences interethniques et interreligieuses que leur présence a par ailleurs exacerbées. Le président français veut une montée en puissance au plus vite de la force africaine (Misca). En outre, François Hollande souhaite solder le compte de Djotodia qui a pourtant légitimé l'intervention militaire française. Djotodia s'est révélé un mauvais cheval pour le plan français Sangaris et le président français veut lui coller sur le dos tout le bourbier centrafricain. Les participants au sommet ne l'ont pas entendu de cette oreille. Ils ont préféré jouer la montre, mettant au défi leur homologue centrafricain de rétablir l'ordre dans son pays ensanglanté par les violences. Le SG de la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale (CEEAC), Allami Ahmat, a précisé à l'intention des Français qu'il ne s'agit pas de "changer un régime, ni de changer la transition, qu'il s'agit de prendre des dispositions pour restaurer la paix et la sécurité en Centrafrique". La CEEAC a essayé de raccommoder Djotodia et son Premier ministre Tiengaye, qui ont assisté tous les deux au sommet et dont les différends ont rajouté des couches à la situation que la présence française a rendue inextricable, avec d'un côté des autorités de transition qui ont failli, de l'autre une classe politique qui s'évertue à jeter de l'huile sur le feu dans l'espoir de ramasser la mise et, entre les deux, une société travaillée au corps par la haine interethnique et interreligieuse. François Hollande finira certainement par obtenir l'exclusion de Djotodia en faisant jouer les mécanismes de la Françafrique. D'ores et déjà, il a obtenu le renforcement de la Misca pour alléger ses soldats, à Bangui particulièrement, où des manifestants n'arrêtent pas crier "dehors la France", brûlant les drapeaux français. Les habitants de la capitale ne veulent pas non plus de la Misca, mise en cause pour sa "proximité" avec les ex-rebelles de la Séléka de Djotodia coupables d'innombrables exactions. Composée jusqu'à présent que de contingents tchadiens, la Misca a reçu un soutien très net de l'Union africaine (UA) le 28 décembre. L'UA, comme la France, cherche toujours plus de troupes pour la Misca, forte actuellement d'environ 4 000 hommes. Et le Tchad, puissant voisin tutélaire de la Centrafrique, possède l'une des armées les plus aguerrie. Avant la tenue du sommet, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a effectué un périple dans la région, le Rwanda a annoncé l'envoi de 800 hommes sous une dizaine de jours dans la Misca. Pour Hollande, ses pairs du carré Françafrique devaient également opter pour une clarification des accords politiques actuels sur la Centrafrique interdisant à tous ceux qui gèrent la transition d'être candidats aux futures élections. En l'état actuel, tous les chefs de parti refusent de participer à la transition en cours, bloquant toute tentative d' "union nationale", prônée par François Hollande qui souhaite que des élections générales soient organisées au plus tôt, avant la fin 2014. Le président français, fort du succès de son opération Serval au Mali, début 2013, est persuadé de la réussite d'une thérapie identique en Centrafrique, sous le nom de code Sangaris. D. B Nom Adresse email