La détérioration de la situation centrafricaine inquiète la CEEAC (Communauté économique de l'Afrique centrale) dont les dirigeants seront, aujourd'hui, en conclave à Ndjamena (Tchad), à l'exception notable du congolais Denis Sassou Nguesso. Un congrès extraordinaire est convoqué en toute urgence pour examiner « l'absence des avancées aux niveaux sécuritaire et politique », selon le représentant du Tchad à l'ONU, Mahamat Zene Cherif. Au cœur du rendez-vous de l'Afrique centrale et de « tous les partenaires internationaux », la problématique question du renforcement par les Casques bleus de l'ONU de la force africaine déployée en Centrafrique, Misca (6.000 hommes). Ndjamena, en première ligne du combat, réfute. La France encourage. Un mois après l'intervention française, la mission de la stabilisation a grandement failli. Forte seulement de 1.600 soldats, l'opération Sangaris reste, pour la plupart des spécialistes, bien en deçà des exigences de la sécurisation de Bangui aux mains des milices rivales de la Seléka (musulmanes) et anti-Balaka (chrétiennes) menaçant à tout moment de basculer dans la guerre ethnique et confessionnelle. Le désarmement reste pour le moment un vœu pieu. Le franco-pessimisme qui s'affiche, tant au niveau de l'opinion publique que dans l'opposition, souligne les limites de l'intervention militaire et le risque d'enlisement redouté. En un mois, la proportion de Français favorables à l'opération Sangaris a chuté de 10 points, à 41%. Ce qui a amené l'ancien ministre de la Défense, Gérard Longuet, à s'interroger sur « le sens politique » et la nature du « projet gouvernemental pour donner un Etat de droit à la République Centrafricaine ». Dans un bouillonnement propice à une intensification des « atrocités sectaires » commises par les deux camps, la faillite de Sangaris au bilan catastrophique (600 morts dont 450 à Bangui, depuis le 5 décembre) rend inéluctable le débat sur l'avenir du régime de Michel Djotodia, retranché dans son QG du camp de Roux sur les hauteurs de Bangui, dont le sort est étroitement lié au sommet de Ndjamena. Le scénario politique, permettant l'organisation dans les meilleurs délais des élections, sera-t-il la panacée au bourbier centrafricain ?