Plus d'un mois après le lancement de l'opération française Sangaris le 5 décembre à Bangui suivie après par la Mission internationale de soutien à la Centrafricaine (MISCA), une force africaine, le Centrafrique, pays pauvre parmi les plus pauvres, continue d'être secoué par la violence. C'est l'impasse totale qu'apparemment François Hollande n'avait pas envisagée. Le bourbier centrafricain s'est révélé plus périlleux que son intervention au Mali. Pour sortir de l'étouffement, le président français en appelle ouvertement à la mise à l'écart du président de la transition centrafricaine, l'ex-chef rebelle Michel Djotodia, qui avait pour ainsi dire fait appel à l'ancienne puissance coloniale pour sortir de la crise. Le tombeur de François Bozizé que Paris rend responsable de la dégradation continue du climat sécuritaire et humanitaire, vit reclus au camp de Roux qui abrite le siège de l'état-major de l'armée nationale dans la capitale, Bangui. En fait, son pouvoir acquis par les armes il y a bientôt un an n'a eu guère de valeur que symbolique. Déchirée par les violences commises par les ex-rebelles de la Séléka de Djotodia, d'une part, et les milices anti-Balakas (anti-machettes) jugées fidèles à l'ancien régime de Bozizé, d'autre part, la Centrafrique est devenue, malgré la présence de 1 800 soldats français et trois plus d'Africains dans la force de l'UA, une sorte de zone de non-droit pour ses quelque 5 millions d'habitants dont un millier d'entre eux a été tué au cours du seul mois de décembre, selon les estimations des Nations unies. Sur près d'un million de déplacés, 100 000 s'entassent dans des camps de fortune sur le site de l'aéroport international de Bangui M'Poko sous protection des forces françaises. Du Cameroun au Nigeria, en passant par le Mali, le Sénégal, la Côte d'Ivoire ou encore le Tchad, dont les ressortissants, pour la plupart musulmans, sont devenus l'objet de règlements de comptes de la part des miliciens chrétiens anti-Balakas suite à des accusations de collusion du contingent tchadien de la MISCA avec les ex-Séléka, le pays se vide de ses résidents étrangers africains. Les Centrafricains accusent aujourd'hui la France hier accueillie en sauveur, d'avoir compliqué davantage les choses avec son désarmement forcé où les ex-Séléka se sont vu livrés à la vindicte populaire et les anti-Balakas protégés. "C'est la France qui est en train d'envenimer la situation", déclare-t-on à Bangui, "où les ‘Sangaris' (Français) sont venus chasser les musulmans, monter des populations chrétiennes contre les musulmans". Selon des Centrafricains, dans les provinces où il n'y a pas ces "Sangaris", c'est le calme. Une nouvelle réunion du Conseil de sécurité de l'ONU tenue lundi à New York s'est alarmée de cette aggravation de la crise centrafricaine où l'impuissance du pouvoir de Michel Djotodia a été établie depuis longtemps. Afin de sortir de l'enlisement, la France préconise l'envoi d'une mission de paix de l'organisation mondiale. François Hollande est interpellé pour changer sa méthode, faute de quoi, la situation va continuer de se dégrader même s'il parvient à faire assister ses militaires par des Casques bleus. À Bangui, on se demande pourquoi Paris n'a pas choisi de compter sur les forces africaines en place qu'il s'agit de doter d'armes et de moyens financiers et matériels. La Misma n'arrive même pas à recouvrir son budget de fonctionnement de 18 milliards de francs CFA. Pour la France, depuis vingt ans, la force de l'Afrique n'a rien donné. Avec la venue en force de la France, ça ne donne toujours rien. François Hollande persiste, voulant que dans ce chaos, se tiennent des élections (législatives et présidentielles) cette année. D. B. Nom Adresse email