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Gâtée par la nature, lésée par l’homme
Tiaret
Publié dans Liberté le 09 - 03 - 2004

Dans ces cités, les ruelles sont vite transformées en véritable gadoue à la moindre goutte de pluie, les fils électriques vont dans toutes les directions pour la simple raison que certains foyers dépourvus de cette énergie sont alimentés par les voisins et les conditions d’hygiène y sont lamentables. La vie y est au paroxysme de l'exaspération.
Chronologiquement, Tiaret, de son ancien nom Tihert, qui est fondée en 761 de l'ère chrétienne par le Persan Abderahmane Ibn Rostom, un chef religieux kharidjite qui venait de débarquer de Kairouan (Tunisie), était la plus considérable dans la mesure où elle devint vite la capitale du grand royaume du Maghreb (royaume rostomide ou ibadite) où s'organisèrent en 789 et 800 les royaumes idrisside et aghlabide, respectivement à l'ouest et à l'est. Si, aujourd'hui, la nature a été généreuse à son égard, compte tenu de son statut de meilleure wilaya céréalière, qui faisait dire d'elle “le grenier de l'Europe�, les hommes, par contre, le sont beaucoup moins et n'ont rien offert à cette beauté légendaire comme intérêt et soin qu'elle mérite pourtant largement.
Une situation, somme toute, paradoxale où se conjuguent la promiscuité, l'insalubrité, le désarroi et le désœuvrement, et qui symbolise beaucoup plus un réservoir d'ilotisme. Dans ces cités où les ruelles sont vite transformées en véritable gadoue à la moindre goutte de pluie, car cabossées et mal bitumées, les fils électriques vont dans toutes les directions pour la simple raison que certains foyers dépourvus de cette énergie sont alimentés par les voisins et les conditions d’hygiène y sont lamentables ; la vie est au paroxysme de l'exaspération. En plusieurs endroits, les canaux des eaux usées sont défectueux et se confondent aux réseaux de l'alimentation en eau potable pour laisser déverser ce liquide, mêlé de détritus, qui stagne en flaques pour dégager des odeurs nauséabondes. Ce contresens a engendré, à plusieurs reprises, notamment dans la ville de Tiaret, des maladies diverses qui ont nécessité des mobilisations intensives, mais aussi tardives dans la mesure où les moyens de prévention ont toujours fait défaut. “Les responsables concernés dorment sur leurs deux oreilles et ne se manifestent qu'une fois l'alerte donnée pour indexer les services de la santé, qui sont pourtant plus disponibles et engagés sur terrain à chaque incident�, nous fera remarquer un citoyen déjà victime, lui et ses enfants, de la fièvre typhoïde, dans le passé.
Rahouia, la plus vieille et populeuse cité Benounis, appelée communément “douar�, est au summum de la précarité et de l'ignominie. Là , la vilenie livre tout son environnement abject à la population qui ne cesse de ruminer, de jour en jour et d'année en année, désappointement et courroux dans un silence de fausse quiétude. Un gigantesque dépotoir d'ordures ménagères à ciel ouvert, au ventre même de ce quartier, sert de point de rencontre à une nuée de bambins, lesquels, au prix de leur innocence, font de cet endroit un loisir dans leur quête inassouvie d'un espace de jeux et de défoulement.
Pour la majorité des locataires, parler des sanitaires ne relève que de la pure fiction. Au niveau de la cité Boukhetache, construite dans le cadre du fameux “plan de Constantine�, la vie ne diffère que légèrement de la première. En effet, un embrouillamini urbanistique de dimension surréaliste, contenant en son sein plus d'une cinquantaine de familles, nous renvoie à l'âge de pierre. Des bicoques garnies de ces âtres de misère et construites à base de tôle et de planches sont camouflées par quelques nouvelles constructions en dur et des immeubles érigés dans le cadre de l'opération dite “éradication de l'habitat précaire� et dont la majorité des bénéficiaires sont loin de s'inscrire dans cette tranche. À Frenda, l'imbroglio sous toutes ses formes est personnifié à la cité Hattab, perchée avec ses quinze mille âmes sur les hauteurs de la ville. De prime abord, il suffit de constater la dégradation des chaussées pour avoir une idée sur ce qu'endurent ses habitants comme malaise. Les ordures qui jonchent les lieux offrent un décor des plus répugnants, et ce, en dépit de l'existence d'un service de ramassage. Les conditions d'hygiène deviennent ainsi lamentables dans ce quartier où les murs des bâtisses sont lézardés et le dépouillement du béton les couvrant met à découvert les treillis.
Sougueur, ou l'antique Trézel, renommée dans le temps pour son marché à bestiaux d'une ampleur continentale et pour ses places publiques magnifiques, peuplée de plus de soixante quinze mille habitants, devient dépravée dans sa quiétude par une croisée de nombreux fléaux au grand dam de sa candide jeunesse. À la sortie nord de la ville, on trouve la cité des Frères-Kebbouche que certains riverains préfèrent appeler, à juste titre, “cité Kosovo� et où le temps semble s'arrêter. On y retrouve parfois plus de dix personnes entassées dans une minuscule habitation. “On s'estime heureux que nos enfants ne soient pas aussi agressifs, compte tenu de leur train-train quotidien�, relate un vieux faisant allusion à tous ces signes de misère qui s'accentue et qui ont pour origine la crise de chômage.
S'agissant de la ville de Tiaret, les écrits ne suffiront jamais pour décrire cet enchevêtrement social qui s'affiche sous le masque impavide de la sérénité si glaciale, engendrée par le poids des ans et par le choc brutal subi sur l'appareil psychique de toute la population. Des constructions illicites transformées en bidonvilles, notamment à Zaâroura, Teffah et Oued-Tolba, ont fait de ce chef-lieu de wilaya un “grand douar�, où les places publiques où se rencontraient les intellectuels, artistes et sportifs, sont converties en des bastions investis par des trabendistes de tous bords et où se concentrent vols et agressions.
“Tiaret, qui était un carrefour de la culture et de l'art, où il faisait bon vivre, se trouve presque abandonnée et livrée à elle-même telle une orpheline devant un mutisme caractérisé de ceux qui sont censés la protéger, et la situation ne saurait être redressée que grâce aux bonnes consciences et à une gestion responsable non seulement des commis de l'État mais aussi, et surtout, des élus qui doivent connaître, mieux que quiconque les carences de cette population qui les a propulsés un jour aux commandes�, argumente un citoyen, outré par cette désolante situation. “Nouer des liens, additionner des fortunes mal acquises en se pavanant dans des endroits luxueux à bord de véhicules de prestige et servir les plus puissants du moment, c’est là la devise de la majorité de nos élus qui ne s'en cachent d'ailleurs nullement�, enchaînera un autre qui estime qu'il est temps de se boucher les oreilles face aux faux slogans, en ne tenant compte que de la réalité du terrain et d’œuvrer dans une ligne qui pourrait, non sans se retrousser les manches, aboutir à la prospérité tant recherchée. En somme, en dépit des nombreuses ressources dont elle dispose et qui la destinaient théoriquement à un cadre meilleur, auquel d'autres régions autrement plus outillées ne pouvaient qu'envier, la wilaya de Tiaret ne cesse de s'agiter au plus profond de son passé pour réclamer l'esprit de civisme dont doivent faire montre ceux qui la gouvernent, voire ceux qui se contentent aujourd'hui de ne gérer que sur papier et à partir de leurs fauteuils de prestige.
R. S.
Protestations citoyennes
Les APC au centre de toutes les impatiences
En l’absence de perspectives claires pour les milliers de citoyens qui vivent aujourd'hui en deçà du seuil de pauvreté, le climat social dans plusieurs communes de la wilaya se présente sous un angle de crise qui, avec le temps, risquerait de devenir incontrôlable. Dans ce contexte, l'exemple édifiant est celui de la semaine dernière où pas moins de trois communes, à savoir celles de Faidja, Sidi-Abdelghani et Meghila, ont vécu des moments agités par des protestations populaires qui ont poussé à la fermeture des mairies et à l'interdiction d'y accéder aux élus et fonctionnaires. Il va sans dire que certaines sources font état d'un éventuel sursaut populaire, dans les jours à venir, au niveau de la commune de Naïma, dans la daïra de Sougueur, où l'effervescence est, croit-on savoir, en gestation. Auparavant, d'autres communes ont fait déjà l’objet de perturbations similaires telles Rechaïga, Hammadia, Mellakou, Sougueur, Chehaïma, Tiaret et Medrissa.
Cette dernière, qui avait vécu, en été 2001, une journée agitée quand la population était déterminée à fermer le siège de l'APC, en dépit de longues négociations avec le wali, devait subir un changement à la tête de son exécutif ; ce nouveau P/APC qui écopait, il y a quelques semaines d'une peine de six mois de prison pour avoir, nous dit-on, dirigé lesdites manifestations. S'agissant de l'APC du chef-lieu de wilaya, ce sont 17 membres de l'assemblée qui avaient signifié leur retrait de confiance à leur président qui s'est vu remplacer quelques mois plus tard par un de ses pairs, qui demeure contesté jusqu'à présent par certains élus. Cependant, devant de telles situations lamentables à plus d'un titre, ce sont indubitablement les plus pauvres et les plus démunis qui paient les frais de ces élus qui estiment qu'il leur suffit d'occuper un siège pour savoir gérer les destinées de toute une population. Méconnaissant jusqu'aux plus simples de leurs attributions fonctionnelles légales, la plupart de ces derniers, satisfaits de leur arrivée à la responsabilité, oublient le rôle qu'ils doivent jouer quant à l'amélioration des conditions de vie du citoyen. Ils semblent préoccupés beaucoup plus par leurs affaires personnelles, construites sur le dos de la population, retirés dans un angle purement égoïste jusqu'à l'annonce d'une quelconque visite protocolaire qu'ils accueillent en trombe pour étaler tout leur opportunisme.
C'est le cas bien concret de la dernière visite du M. Abdelaâziz Bouteflika dans la wilaya, qui était précédée d'un remue-ménage singulier. À coups de milliards, ces élus, habillés du manteau de “l'autorité locale�, ont consenti un sacrifice jamais connu, de jour comme de nuit, pour “barbouiller� les infrastructures se trouvant sur l'itinéraire du cortège présidentiel, ainsi que les artères empruntées par ce dernier. On y trouvait, d’ailleurs, une astuce pour faire passer inaperçus certains points noirs de cette gestion catastrophique en plaçant les cordons d’accueil là où on sentait le brûlis. Comme exemple, ce fameux chantier conçu pour la construction d’une nouvelle APC et qui demeure au point de départ. Cette assiette, située à quelques enjambées de la résidence du wali et qui fait face au domicile du ministre des affaires religieuses et awqafs a, à présent, tout l’air d’un dépotoir servant à collecter les déchets des fruits et légumes étalés aux alentours, pour ne pas dire pire. Au demeurant, par ces actions citoyennes combien désolantes, les autorités dirigeantes de cette wilaya sont, une nouvelle fois, interpellées pour rétablir l'ordre avant que le mercure ne monte au rouge.
R. S.


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