La vente-dédicace organisée avant-hier jeudi, à Tizi Ouzou, pour Les Anges meurent de nos blessures, n'est pas restée dans le seul domaine littéraire. Elle a été une nouvelle occasion pour l'ex-militaire et écrivain, Yasmina Khadra, d'aborder dans la salle pleine à craquer de l'hôtel Abzim l'élection présidentielle du 17 avril prochain, à laquelle il a d'emblée réaffirmé sa participation. "J'ai déposé ma lettre d'intention et j'ai retiré les formulaires", a-t-il confirmé avant de revenir sur les principales raisons qui ont motivé sa candidature à cette élection qu'il qualifie de "chance inouïe et non renouvelable". "Je n'étais pas destiné à la politique mais, depuis le 3e mandat, je ne pouvais plus me taire. Ça ne cessait pas de me travailler." Il cite en premier lieu le "retraité" de l'armée après 36 ans de service dont 8 ans passés dans la lutte contre les maquis intégristes. "Dans l'état actuel des choses, l'Algérie s'achemine dangereusement sur la voie de la violence", poursuit-il avant d'ajouter : "J'ai besoin d'un pays, de me sentir chez moi, avec un minimum de quiétude." Des raisons suffisantes pour ne pas renoncer, estime-t-il, lui qui considère le renoncement comme ce qu'il y a de plus à redouter tant "le renoncement est mortel pour un peuple". Khadra ne semble être dérangé ni par la candidature de Bouteflika pour un 4e mandat ni par l'idée qui donne les jeux comme faits d'avance. "Aucune bataille ne m'effraie parce qu'aucune bataille n'est perdue tant qu'elle n'est pas engagée." Au sujet du foisonnement des candidats à la candidature qui ont atteint le nombre de 27, Moulesshoul trouve que c'est énorme, même "impensable". Pour lui-même, des hommes sans aucune envergure n'hésitent plus à se porter candidats, et ceci, a-t-il noté, est un des fruits de l'inexistence d'une hiérarchie sociale en Algérie. "Signe d'un délabrement politique", qualifie-t-il. Interrogé sur ce qu'il compte proposer aux Algériens comme programme électoral, l'écrivain de renom mondial dit vouloir avant tout redonner à la citoyenneté sa place. "Contrairement à celui du pouvoir qui fait tout pour chepteliser la masse, mon programme sera axé avant tout sur la normalisation de la vie de l'Algérien. Quand on n'a pas de citoyen, aucun programme ne peut aboutir. Mon objectif est de faire de l'Algérien un citoyen normal qui ne redoute pas les institutions, mais qui exige d'elles de le servir, puis aussi de redonner la valeur au travail et encourager toute initiative de création." Le candidat à la présidentielle cite sa "parfaite" connaissance de l'Algérie dans toutes ses composantes ethniques et culturelles comme atout majeur à mettre à profit de sa gouvernance s'il est élu président. Yasmina Khadra risque-t-il de laisser des plumes après sa participation à la présidentielle ? À cette question posée par une fille de 15 ans, Khadra dit ne plus se soucier de sa personne. "En décidant de me porter candidat, je n'ai pas pensé à ma personne, mais à l'Algérie. Lorsqu'il était déjà question de choisir entre ma carrière et l'Algérie, j'ai choisi mon pays. Je n'ai pas à avoir peur. Des hommes plus braves que moi se sont déjà sacrifiés pour l'Algérie", dit-il, tout en s'en prenant avec virulence aux tenants du régime actuel. "Je ne sais pas s'ils sont heureux, mais je sais qu'ils sont très riches, et ils n'ont rien fait pour le pays", dit-il en insistant sur le caractère autiste du régime qui n'a rien compris. Dans son chemin vers El-Mouradia, Khadra se défend de s'appuyer sur un quelconque lobby ou frange dans l'institution militaire. Khadra estime même, a contrario, que des réseaux très puissants ne cessent de se liguer contre lui. "Je ne m'appuie que sur la vaillance du peuple algérien", répondra-t-il. Concernant les attaques dont il ne cesse de faire l'objet et, notamment, l'accusation d'avoir plagié Youcef Driss, Yasmina Khadra accuse ouvertement le ministère de la Culture d'en être derrière. S. L Nom Adresse email