L'écrivain-candidat n'a pas été tendre avec les dirigeants du pays qu'il a vertement critiqués. Il estime qu'il "ne participe pas à un simulacre" et que "les Algériens doivent choisir". Le verbe aisé et littéraire, Yasmina Khadra, habitué à l'exercice solitaire de l'écriture, se lance dans une autre aventure, celle de la politique, par sa candidature à la présidentielle de 2014. Ce jeudi après-midi, lors d'une rencontre organisée à Oran au siège de l'association SDH Sidi El-Houari, Yasmina Khadra, l'écrivain-candidat, a pris ses marques avec les prémices d'une campagne électorale déjà lancée. Entouré d'amis et de camarades qui constitueront sa direction de campagne et les comités de soutien ayant fleuri déjà dans 25 wilayas, l'"écrivain algérien le plus traduit au monde, black-listé en France" par le système des prix littéraires de renommée, a répondu aux questions de jeunes des mouvements associatifs et des journalistes. Maniant le verbe tour à tour tranchant et érudit, Yasmina Khadra aura justement des critiques acerbes vis-à-vis des dirigeants du pays de ces dernières années, mais aussi depuis l'Indépendance : "Dans ce pays, on a cheptélisé le peuple algérien, c'est le népotisme et la médiocrité qui règne." Et de lâcher au détour d'un constat amer du délabrement social et moral : "Nous avons eu 50 années d'encanaillement, et c'est notre lâcheté qui fait la tyrannie." Bien que refusant de s'attaquer ouvertement au chef de l'Etat, "je ne polémique pas avec un homme malade, je lui souhaite un bon rétablissement", il ne manquera pas au détour de ses réponses de dire, malgré tout, que "si le travail avait été bien fait, nous n'en serions pas là, tous les ingrédients des prémices de la violence sont réunis". Poursuivant sur son constat des lieux de l'Algérie d'aujourd'hui, Yasmina Khadra juge les politiques de ces derniers mois comme étant empreintes de bricolage, de colmatage et de panique. Bien que n'ayant pas à proprement parler de programme à présenter, renvoyant sur son site, l'auteur fera part de certains contours comme celui de promettre une place importante à la femme, la primeur à la compétence et de faire des Algériens des citoyens à part entière. Interrogé sur les raisons de son engagement dans l'élection présidentielle, Yasmina Khadra usera d'ironie. "C'est le personnage principal de mon prochain roman qui m'a lancé le défi de me présenter aux élections présidentielles". Puis, se voulant plus sérieux, il expliquera longuement comment à son tour, il entendait en s'engageant remercier et rendre hommage à ceux qui sont morts pour l'Algérie, et d'y voir là un autre devoir en "s'offrant à l'Algérie", alors qu'il est "un homme heureux ayant la richesse et la célébrité". Durant juste un instant, il semblera s'emporter à la question de savoir si sa candidature, au final, ne servait qu'à contribuer au simulacre d'élection : "Je ne participe pas à un simulacre, les Algériens doivent choisir, tout est simple dans ma démarche et la seule force c'est le peuple", dira-t-il en conclusion. D. L Nom Adresse email