Des représentants du Conseil de sécurité des Nations unies ont rencontré la rébellion malienne arabo-touareg pour tenter de relancer les discussions entre eux et le gouvernement de Bamako. La rencontre s'est déroulée à Mopti, ville à la frontière entre le sud et le nord du pays, considérée comme une "frontière" et un point de jonction entre les deux protagonistes. La délégation onusienne est menée par la France et le Tchad, les deux pays qui sont intervenus en 2013 dans le nord Mali pour chasser les groupes djihadistes qui l'occupaient dans une opération militaire du nom de code Serval, diligentée par le président français et au sein de laquelle les soldats de N'Djamena avaient été de la chair à canon. Les négociations entre Bamako et les groupes armés du nord doivent aboutir à un accord sur le statut territorial de cette partie du pays. Censées commencer 60 jours après l'installation du gouvernement issu de l'élection présidentielle selon l'accord signé en juin dernier à Ouagadougou, les négociations ont accusé du retard. La raison est le lieu des négociations, Bamako ayant refusé de les poursuivre à Ouagadougou, jugée "trop proche" de la rébellion, notamment des indépendantistes touareg du MNLA. Autre point d'accroche : le médiateur burkinabé. Bamako a fini par contester la neutralité du Burkina Faso. En visite à Alger en janvier, le président du Mali avait reporté son choix sur la médiation algérienne, sollicitant notre pays à reprendre un dossier dont il a toujours eu la charge. Alger a donc commencé à explorer les différentes parties, l'annonce avait été faite publiquement par son ministre des AE et son homologue malien à Addis-Abeba lors du 22e sommet de l'Union africaine. Et tomba le grain de sel ! Le MNLA, qui n'a pas rejoint la capitale algérienne, a exhorté le roi du Maroc pour qu'il se charge de la défense de ses revendications indépendantistes ! Rabat s'était frotté les mains, Mohamed VI rêvant de s'insérer dans le puzzle sahélo-saharien, après avoir essuyé un refus de la part du président malien auquel il avait offert son entière disponibilité lors de la prise de fonction officiel de celui-ci dans le stade de Bamako, à l'automne 2013. Dans sa précipitation, le MNLA a-t-il oublié que le Maroc est farouchement contre le droit des peuples à l'autodétermination ? En effet, avec un Maroc qui a spolié le Sahara occidental et ses populations en 1975, les Touareg ne devraient pas s'attendre à grand-chose de la part d'un régime qui n'a de cesse de violer les résolutions internationales. Mohamed VI aurait bien voulu assister personnellement à un processus où le MNLA réclame pour l'Azawad, Nord-Mali, un statut particulier, une autonomie, selon son vice-président Ould Ramadane, qui a cependant affirmé que les groupes armés reconnaissaient l'intégrité territoriale du Mali. Tel qu'envisagé par le MNLA, l'Azawad pourrait servir de laboratoire pour le Maroc dans sa gestion du Sahara occidental et dont les dirigeants savent que leur fuite en avant a atteint ses limites et qu'il faille passer à un autre stade. En fait, le MNLA se serait jeté dans les bras de Mohamed VI parce qu'il a rejeté les représentants du MAA (Mouvement arabe de l'Azawad), invités également, il y a une dizaine de jours, à la conférence exploratoire d'Alger. Un prétexte qui s'est ajouté à l'exigence de Bamako de désarmer les groupes armés. Le président malien en a fait un préalable aux négociations alors qu'à Ouagadougou, il n'en était qu'un des enjeux des négociations. Le MNLA, qui a certainement mesuré les dangers de sa réorientation, devait finalement rencontrer la délégation du Conseil de sécurité et joindre son vœux d'une reprise rapide du dialogue avec le gouvernement du Mali, à ceux des deux autres interlocuteurs que sont le MAA et le Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA), qui regroupe essentiellement des notables touareg. Ils auraient parlé d'une même voix de la nécessité de la reprise rapide des négociations intermaliennes. Le MNLA, qui a claqué la porte de la rencontre exploratoire d'Alger entre différents groupes armés du nord du Mali, se serait-il rendu compte du marché de dupes qu'il allait conclure avec le Maroc ? Ces tergiversations ont conduit le président malien Ibrahim Boubacar Keïta à déclarer, lors d'un entretien le 1er février avec les émissaires de l'Onu, qu' "il était temps que le Mali s'approprie le dossier Mali". De sources officielles maliennes, on indique qu'une feuille de route pour la reprise du dialogue entre Bamako et les groupes armés du Nord sera prochainement connue. Fini donc les feuilles de route d'Alger (2006) et d'Ouagadougou (2013). Tout porte à penser que les représentants des quinze membres du Conseil de sécurité de l'Onu étaient en mission exploratoire pour la prise en mains du dialogue intermalien par l'Onu. D. B Nom Adresse email