Le département de Baba Ahmed a formellement démenti le recours à la force publique pour interdire aux grévistes d'accéder aux établissements. "C'est de la haute intox, grave, mafieuse et délibérée !" dénonce le directeur de la communication au MEN. Le conflit, opposant les syndicats de l'éducation nationale à leur département de tutelle, prend une nouvelle tournure. Une grave tournure qui n'augure rien de bon et risque d'ouvrir la voie à toute sorte de dérapage. Et pour cause, la manipulation et le jeu trouble de parties occultes se confirment au fil des jours. Telle une traînée de poudre, l'information sur l'utilisation de la force publique pour interdire aux enseignants grévistes l'accès aux établissements scolaires à partir de ce matin s'est répandue jeudi au milieu des enseignants. Ces derniers ont évidemment très mal réagi à cette sortie pour le moins inattendue du département de tutelle. La réplique à ce qu'ils ont qualifié de "provocation pure et simple" n'allait pas se faire attendre aujourd'hui devant les écoles. Questions : d'où vient cette information ? Pourquoi le ministre, qui intervenait la veille au JT de 20h n'en avait pas parlé ? Contacté, hier, pour de plus amples détails sur cette décision extrême aux graves conséquences, le ministère de l'Education nationale a formellement démenti cette information. "C'est une fausse information ! C'est de la haute intox, grave, mafieuse et délibérée", lance tout de go le directeur de la communication au MEN. Fayçal Haffaf, qui nous confiera que "même le ministre s'en est vraiment offusqué !", dira que "la seule et unique instruction émise par la tutelle est celle relative à la présence des enseignants dans les établissements et l'émargement d'un document de présence." Et de faire savoir que le ministère qui, en dernier recours, s'est tourné vers la justice, est également contraint d'appliquer les mesures légales qu'imposent la décision de la justice qui a prononcé "l'illégalité" de la grève. "48 heures après la décision de justice, une première mise en demeure est adressée aux enseignants individuellement. Une deuxième mise en demeure pour abandon de poste sera également envoyée avant de procéder aux sanctions prévues par la loi, telle la radiation", explique encore Fayçal Haffaf. Et d'insister sur le fait que "la tutelle n'a jamais émis d'instruction interdisant aux enseignants de rentrer dans les établissements". Questions : qui sont derrière cette fausse information ? Qui cherche alors à envenimer la situation ? À qui profite le pourrissement ? Autant d'interrogations qui restent sans réponses crédibles. Des syndicats qui ont réagi à cette mesure parlent "d'instruction verbale donnée aux directeurs qui n'ont pas hésité d'en faire part aux enseignants jeudi dernier." Pour l'Unpef et le Cnapest-élargi, une telle interdiction ne ferait qu'aggraver le conflit en le déplaçant des écoles vers la rue avec tous les dérapages qui peuvent en découler d'autant que les élèves ne manqueront pas de prendre position avec leurs enseignants. Plus vigilant, le Snapest, de son côté, a pris cette information avec des pincettes. "Je ne pense pas que la tutelle aille jusque-là car à ce stade ce sera un dérapage incontrôlé, déjà vécu en 2003 !" nous dit d'emblée Meziane Meriane. Et d'ajouter : "C'est une intimidation supplémentaire devant l'incapacité de trouver des solutions. Il n'y aura pas de force publique devant les écoles car l'utiliser pour casser une grève aura un effet inverse et ne fera que l'élargir aux élèves et au reste des syndicats non grévistes." Le dialogue subordonné à l'arrêt de la grève Pourquoi ne pas préserver le secteur du pourrissement par l'invitation au dialogue et non par l'envoi de mises en demeure ? La tutelle, qui a de tout temps soutenu que les portes du dialogue sont toujours ouvertes, veut que ce dialogue se déroule dans des conditions plus adéquates. "Le ministère est prêt à inviter les syndicats grévistes au dialogue, mais il faudrait d'abord qu'ils cessent leur grève", nous dit le directeur de la communication. Le ministère fait-il dans le chantage ? "Non, ce n'est pas du chantage ! La grève est frappée d'illégalité par une décision de justice. Il faudrait donc que cette grève cesse pour que le dialogue se déroule dans de bonnes conditions." Une autre sortie qui va déplaire aux syndicats qui, rappelons-le, reconduisent leur mouvement de protestation pour la troisième semaine consécutive. Par ailleurs, le CLA appelle, de son côté, à une journée de protestation lundi pour dénoncer le recours de la tutelle à la justice. M. B Nom Adresse email