Dur, dur d'être écolier dans ce pays ! Il y a lieu de le dire quand on voit le bras de fer qui se poursuit entre les travailleurs du secteur de l'éducation et le ministère de tutelle. L'élève, cette victime collatérale, doit être épargné par cette guerre qui ne le concerne ni de près ni de loin. Le ministère de l'Education nationale a réaffirmé que les portes du dialogue restaient ouvertes et qu'il œuvrait auprès des autres secteurs en vue de la satisfaction des revendications des enseignants et travailleurs du secteur, au moment où le Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest) n'écartait pas le maintien de la grève jusqu'à la période des compositions, si nécessaire. Le bras de fer se poursuivait au deuxième jour consécutif entre la tutelle, d'un côté, et le Snapest et l'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef) de l'autre, qui ont entamé dimanche une grève ouverte et renouvelable jusqu'à la «satisfaction de toutes (leurs) revendications». «La balle est dans le camp de la tutelle», a affirmé dans une communication, le coordinateur national du Snapest Meziane Meriane, appelant le ministère à corriger «les défaillances constatées dans le statut particulier des travailleurs de l'éducation modifié en 2012 de manière incongrue». Pour M. Meriane, ce texte doit être modifié conformément à «un calendrier précis dont le ministère peut fixer les délais». Il n'a pas écarté la possibilité de poursuivre cette grève jusqu'à la période des examens. «Le dernier mot revient à la base. Si elle décide de poursuivre la grève, il en sera ainsi», a martelé M. Meriane. D'autre part, des assemblées générales d'enseignants ont été tenues avant-hier à travers les différents lycées en grève pour déterminer la nature et le timing du durcissement du mouvement de protestation en cas de non-satisfaction des revendications. Dans un communiqué, le Snapest assure les élèves et leurs parents que «leurs droits sont préservés», ajoutant que «les cours perdus seront rattrapés». Le syndicat a appelé les autorités «à satisfaire rapidement» ses revendications afin de dégager un terrain d'entente et éviter tout dérapage dans les jours à venir, a ajouté le communiqué. Le syndicat a fait savoir que le taux de suivi de la grève à son deuxième jour a connu une hausse, passant à 65,72% dans le secondaire. L'Unpef a appelé, par la voix de son président Sadek Dziri, le Premier ministère à intervenir pour régler le conflit et corriger la situation découlant de «la non-satisfaction des engagements pris», se disant confiant quant à un dénouement heureux avant le durcissement du mouvement de protestation. M. Dziri a estimé qu'il était «trop tôt» pour trancher la question de poursuivre la protestation ou non jusqu'à la période des examens, mais «la grève reste ouverte, a-t-il ajouté, tout en exprimant son souhait que les revendications légitimes soient satisfaites dans les plus brefs délais». A une question sur les déclarations des deux syndicats, le ministère de tutelle a affirmé par la voix de son chargé de la communication, Fayçal Haffaf, que les voies du dialogue avec les partenaires sociaux restaient toujours «ouvertes», appelant les grévistes à faire preuve de «sagesse et de retenue». Le ministère a souligné qu'«au moment où les grévistes persistent à poursuivre leur mouvement de protestation en tant que droit constitutionnel, ils oublient que le droit à l'enseignement est également un droit constitutionnel et universel». Le ministère a exprimé son «étonnement» concernant le déclenchement de cette grève d'autant que «les deux syndicats n'avaient laissé apparaître, lors de la dernière rencontre (la semaine dernière) qui a duré trois jours, aucune intention de recours à cette option», la rencontre s'étant déroulée «sous de bons auspices». Le ministère a rappelé dans ce sens qu'il «a tenu tous les engagements qui le concernent directement», notamment le reclassement des enseignants du secondaire et la promotion automatique. Par ailleurs, la présidente de la Fédération nationale des parents d'élèves, Khyar Djalila, a affirmé que les organisations des parents d'élèves étaient «surprises» par la décision de grève «d'autant que les syndicats grévistes avaient accepté lors des rencontres organisées par la tutelle en présence des organisations des parents d'élèves d'accorder du temps à la tutelle pour réviser le statut des travailleurs de l'éducation». Elle a appelé dans ce cadre les grévistes à «ne pas compromettre l'avenir des élèves», rappelant que «la grève constitue l'ultime recours». L'Association nationale des parents d'élèves a «dénoncé avec fermeté» cette grève qui «ne sert ni les intérêts des élèves, ni ceux des enseignants, ni ceux des parents d'élèves», appelant à cesser ces pratiques et à adopter un comportement civilisé».