Qui de nous n'a pas été obligé de demander, en faisant des emplettes, combien coûte tel ou tel produit parce que, tout simplement, le commerçant ne s'est pas donné la peine d'afficher son prix ? Cette pratique quasi unique au monde est préjudiciable au consommateur à plus d'un titre. Le sujet a été remis sur la table par l'UGCAA qui a organisé, hier, une conférence de presse pour attirer l'attention des pouvoirs publics quant à l'obligation faite aux commerçants d'afficher les prix des produits de consommation, obligation faite, faut-il le rappeler, par un arsenal de textes juridiques. Mohamed Tahar Boulanouar, président de l'UGCAA, en citera les deux principaux, à savoir le décret exécutif 09/65 du 2 février 2009 fixant les modalités particulières d'information sur les prix applicables à certains secteurs d'activité ou à certains biens et services spécifiques, et le décret exécutif 06/215 du 18 juin 2006 fixant les conditions et les modalités de réalisation des ventes en soldes, des ventes promotionnelles en magasins d'usines et de ventes au déballage. Ces supports juridiques, comme nous pouvons souvent le constater, ne sont pas appliqués, et le premier perdant est bien évidemment le consommateur. Car, dira le président de l'UGCAA, l'affichage des prix doit accompagner tout produit mis à la vente et le cas contraire s'inscrit en contradiction avec la pratique de la concurrence. Le client informé, explique-t-il, a le loisir de choisir où le prix l'arrange sans avoir à subir la frustration de son droit. Et ceci s'applique aussi à la vente par solde ou par réduction. Mais il faut de même savoir que l'affichage des prix protège également le commerçant. Pour Dr Mustapha Zebdi, président de l'Association de protection du consommateur (Apoce), il existe, en plus de ces deux décrets, la loi 04/02 du 23 juin 2004 fixant les règles et principes de transparence et de loyauté applicables aux pratiques commerciales ou entre ces derniers et les consommateurs. Elle a également pour objet d'assurer la protection et l'information du consommateur. Les pénalités prévues à l'encontre des contrevenants sont de 5 000 à 100 000 DA. Cependant et c'est là la question : les chargés du suivi de l'application de ces dispositions réglementaires, à savoir les agents de police et les services de lutte contre la fraude, ne sont pas toujours efficaces. Selon Dr Zebdi, une multitude de produits, à l'exemple de la quincaillerie, échappe souvent au contrôle, notant que le non-affichage des prix, c'est priver le consommateur d'un de ses droits. "Pourtant, c'est une opération simple qui ne coûte rien au commerçant, mais permet par sa transparence de lui faire évier des problèmes", observe-t-il en attirant l'attention sur le fait que l'affichage des prix permet de faire baisser les prix au vu de la concurrence. L'inobservation de cette obligation se généralise, selon les deux intervenants, aux grandes surfaces et autres superettes où les prix sont affichés anarchiquement par rapport à la disposition des produits, créant, de ce fait, une confusion pour le consommateur qui ne s'apercevra de "l'arnaque" qu'une fois devant la caisse. Le président de l'Apoce est revenu, à l'occasion, pour rappeler que les œufs continuent à être vendus sans marquage ni étiquetage. Ce qui lui fait dire que devant le manque d'informations y afférentes, ce produit est illégal. "Nous allons pousser les services de contrôle à retire ces œufs du marché", a-t-il lâché, avant de rappeler que l'exonération des taxes au profit des éleveurs n'a, à ce jour, généré aucun intérêt pour le consommateur qui voit l'envolée des prix de la volaille et des dérivés, alors que le Trésor public a perdu plus de 50 milliards de dinars. Ce dernier a, enfin, fait savoir que son association va lancer entre le 16 et le 20 du mois en cours une campagne de sensibilisation sur l'obligation d'affichage des prix des produits de consommation. A. F Nom Adresse email