Les pouvoirs publics n'affichent pas une ferme volonté pour promouvoir les exportations hors hydrocarbures (EHH). L'Etat avance en dilettante dans ce domaine. En dépit de leurs capacités et de leurs moyens, les entreprises n'arrivent pas, elles aussi, à investir ce créneau pour des raisons purement bureaucratiques. D'autres sociétés ne manifestent aucun intérêt à se placer à l'international, le marché national étant suffisamment rémunérateur. C'est la triste réalité qui caractérise cette activité pourtant indispensable dans le modèle de l'économie de marché pour lequel a opté l'Algérie. Les efforts consentis par l'association nationale des exportateurs algériens (Anexal) pour la promotion des EHH sont restés vains. Preuve en est : le volume n'a jamais dépassé les 2 milliards de dollars durant plusieurs exercices. Pire encore, la moitié des produits exportés, soit une valeur de un milliard de dollars, l'œuvre de la compagnie nationale Sonatrach, est composée essentiellement de dérivés du pétrole. La société Fertial a exporté également des produits fabriqués à base de gaz. Sur les 500 entreprises exportatrices, dix réalisent, à elles seules, environ 90% des EHH. C'est dire que les EHH ne sont qu'une chimère entretenue et véhiculée savamment dans les discours des officiels. Une situation inconcevable pour les responsables de l'Anexal qui estiment que ce sous-secteur du commerce extérieur n'a pas bénéficié de l'attention voulue de la part du gouvernement. Un constat qu'ils comptent, d'ailleurs, présenter lors de la prochaine tripartite prévue pour le 23 du mois en cours. Les représentants de cette organisation iront à ce rendez-vous, indique son président, Ali Bey Naceri, invité hier du forum d'El Moudjahid, avec des propositions qu'ils ont pourtant suggérées lors de la tripartite tenue le 30 septembre 2011. L'Anexal déplore ainsi dans son mémorandum l'inexistence du conseil national consultatif pour la promotion des EHH, dont la création a été décidée en 2004 ! Dix années plus tard, cet organe n'a toujours pas vu le jour. L'Anexal demande, sur un autre registre, l'autorisation aux opérateurs économiques d'ouvrir des comptoirs ou des bureaux de représentation à l'étranger. Absence criante de stratégie ! Outre le redéploiement de l'association à travers tout le territoire national et à l'échelle internationale, Ali Bey Naceri propose à l'exécutif l'ouverture de lignes de crédits à des taux bonifiés au profit des exportateurs. Selon lui, l'Algérie ne s'est pas sérieusement préparée pour son intégration dans les divers espaces économiques, tels que l'Union européenne. L'accord d'association qui lie l'Algérie à l'UE a été, insinue-t-il, mal négocié. "Il est au profit exclusif de l'UE", relève-t-il. Ali Bey Naceri avoue que notre pays ne s'est pas doté d'une stratégie claire qui encadrera toutes ces opérations EHH. Elle doit prévoir la mise en place de nouvelles plateformes portuaires car la durée du transit est jugée longue et les coûts trop élevés. Les produits nationaux doivent bénéficier, ajoute-t-il, d'une valorisation. L'autre épineux problème auquel fait face l'exportateur est la réglementation de change instaurée par la banque d'Algérie qui nécessite, selon M. Naceri, une mise à niveau. "Le caractère pénal de l'acte d'exporter dissuade l'opérateur et l'empêche de prendre des initiatives à l'étranger avec son propre compte en devises", affirme-t-il. Abordant le bilan de l'année 2013, le conférencier précise que l'Algérie a exporté pour une valeur de 67 milliards de dollars et importé des biens et équipements d'un montant de 55 milliards de dollars. Si l'on additionne l'importation des services évalués à près de 15 milliards de dollars, la balance commerciale reste légèrement négative. Le taux de couverture des exportations par les importations a connu donc un tassement. Cela a été favorisé par l'importation de véhicules dont le volume a atteint 6 milliards de dollars en 2013. À cela, il y a lieu d'ajouter les 4 milliards de gasoil et les quelque 900 millions d'or importés. En contrepartie, notre pays n'a exporté que 40 millions de dollars de produits agricoles même si la qualité des fruits et légumes algériens jouit d'une renommée mondiale ou du moins dans le bassin méditerranéen. Or, "une opération d'exportation exige de la qualité, de la quantité, de la régularité et d'un réseau étoffé et bien organisé", souligne Ali Bey Naceri qui trouve inadmissible que les dattes algériennes soient exportées pour une valeur de 25 millions de dollars, alors que la Tunisie en tire 200 millions de dollars... Une petite observation qui en dit long sur la situation des EHH en Algérie. B. K. Nom Adresse email