Les médias algériens ne peuvent s'acquitter convenablement de leur mission de service public à l'ombre du système actuel. C'est là, en gros, la conclusion de la conférence-débat sous le thème "Le service public dans les médias", organisée par le staff électoral du candidat à l'élection présidentielle du 17 avril, Ali Benflis, hier au siège de sa permanence électorale à Ben Aknoun (Alger). "Le concept de service public est intimement lié avec le système démocratique où la liberté et l'alternance sont une réalité tangible. Dans le monde arabe, on ne peut pas parler de service public alors que tous les pays sont sous la coupe de systèmes non démocratiques", soutient Mohamed Adhimi, enseignant à l'institut de journalisme d'Alger. "Si tu n'as pas de moyens d'information forts, c'est que tu es dans un pays très faible", assène-t-il. Critique vis-à-vis de l'ENTV, M. Adhimi a déploré l'absence en Algérie d'une vraie télévision publique. "Chaque responsable nommé à la tête de l'ENTV pense qu'il est au service du gouvernement et non pas de l'opinion publique, et s'estime en droit de faire ce qu'il veut. Il n'y a pas d'opinion publique qui peut déposer une plainte contre ces institutions", explique-t-il. Pour lui, si un nouveau président accède au pouvoir le 17 avril prochain, il doit nécessairement réviser la loi sur l'audiovisuel. Pour sa part, Laïd Zaghlami, professeur en science de l'information et de la communication, a qualifié les entreprises médiatiques publiques d'"entreprises gouvernementales" qui sont au service du gouvernement. Pour lui, ces médias doivent bénéficier de plus de liberté et d'indépendance pour s'acquitter au mieux de leur mission. De l'avis de M. Zaghlami, les médias, la télévision et la radio doivent "rendre des comptes aux contribuables" sur le respect de leur cahier des charges. Les médias publics comme privés sont tous tenus, estime-t-il, d'assurer une mission de service public. Et à M. Zaghlami de déplorer qu'on ne fasse toujours pas le distinguo entre le commentaire et l'information qui est, à ses yeux, "sacrée". "Une information incomplète donne cours à une décision hâtive et dangereuse", explique-t-il. Il a aussi pointé du doigt la quasi-dépendance des journaux à la publicité qui n'est pas sans conséquence sur leur ligne éditoriale. "75% de la presse actuelle vit de la rente. Il y a urgence à mettre en place des outils pour mettre de l'ordre dans le domaine de la publicité", affirme-t-il. A. C. Nom Adresse email