Naïma Madjer, député et ancienne présentatrice de l'ENTV, Laïd Zaghlami, professeur en science de l'information et de la communication, Ammar Belkhodja, ancien journaliste, Hadda Hezam, directrice du journal El Fadjr, et Amina Debbache, directrice du journal Echaâb, ont été les principaux animateurs de cette tribune. Avant d'ouvrir le débat, le président de la chambre basse, Larbi Ould Khelifa, a donné le ton en affirmant que l'Assemblée envisage d'adopter une nouvelle politique de communication, de façon à consacrer une démocratie participative, encourageant « l'épanouissement de l'avis et du contre-avis ». Selon lui, « le fait d'évoquer la liberté d'expression impose d'écouter plus que de parler », notamment, au sein de l'APN qui, à son tour, « apprécie quelques titres de presse et désapprouve d'autres ». Ce qui est tout à fait normal, précise Larbi Ould Khelifa qui affirme, néanmoins, que « la liberté d'expression est toujours relative », même s'il souhaite que « la presse ne soit pas isolée des autres pouvoirs afin qu'elle puisse éclairer l'opinion publique sur diverses questions d'intérêt général ». Les médias ont un rôle humanitaire à jouer, notamment en ce qui concerne la stabilité et la cohésion sociale, enchaîne-t-il, allusion au contexte national et régional. Il estime que la presse constitue une arme à double tranchant, surtout que « les critiques de certains titres encouragent les animosités et les hostilités ». La distribution des journaux publics souffre de pratiques « mafieuses » Ammar Belkhodja est revenu sur le rôle assumé par la presse durant la guerre de Libération. Il s'agissait, selon lui, « d'utiliser la plume comme une élément de défense dans le cadre d'une écriture engagée dans une cause noble ». Mme Amina Debbache a, quant à elle, mis en avant la mission de la presse publique, dont les titres sont au nombre de six. Celle-ci avait pour principal slogan, la défense de la « République » durant ses différentes phases de développement. Aujourd'hui, indique-t-elle, « la presse publique souffre d'un problème de distribution, à cause de pratiques mafieuses auxquelles il faut y remédier diligemment ». Ce qui nécessite « une volonté politique » pour faire face à ceux « qui veulent enterrer les médias publics ». Le professeur Laïd Zaghlami a mis le doigt sur une autre problématique, concernant l'évaluation de la liberté de la presse. Il trouve « étrange » que ce jugement émane d'institutions internationales. « L'Algérie est victime de leurs fausses appréciations », estime-t-il en plaidant pour la mise en place d'une instance propre à notre pays pour évaluer la liberté d'expression. Il estime aussi qu'il existe un déficit criant en communication. Hedda Hezam partage le même avis et reproche le fait « que l'évaluation de la presse algérienne émane toujours de l'étranger ». Ce qui constitue, pour elle, « un danger avéré ». Par ailleurs, elle estime que la multiplication de nouveaux titres de presse a un but « malsain », celui de noyer le marché d'une presse jaune (à scandales), en vue de faire éclipser les titres ayant un poids sur la scène médiatique. Les intervenants ont, dans leur majorité, plaidé pour la professionnalisation de la presse et l'instauration de critères sérieux au sein de cette profession « noble ».