La maison et l'école représentent deux pôles essentiels dans la vie et l'environnement des enfants. Et l'école et la famille sont deux parties indissociables et complémentaires. La réussite de la première dépend de l'aide et de l'assistance de la seconde. Pour les enfants, leur école et leur famille demeurent sacrées. Entre ces deux pôles, la relation ne peut être que forte et ne doit être que bonne. Malgré ces affirmations et évidences, on entend souvent des enseignants affirmer que "certains parents se sont vraiment coupés de l'école de leurs enfants". Il est vrai que malgré l'évolution positive de l'intérêt des parents vis-à-vis de l'école (multiplication des associations vers la fin de la deuxième moitié du siècle dernier), le désintérêt envers celle-ci semble encore demeurer chez de nombreux parents. Les enseignants, notamment dans le primaire, ont adopté un code de morale professionnelle et de déontologie (le fameux code Soleil), qui insistait beaucoup sur la promotion des rapports avec la famille. Il demandait, notamment, de "garder avec les familles un contact indispensable", ou encore "d'appuyer l'autorité de l'enseignant sur celle du chef de famille". Un partenariat école/famille s'est vu instauré et institutionnalisé pour réguler les rapports entre parents d'élèves et maîtres. Le service public scolaire s'est mis à la disposition de ses usagers. De partenaires, les parents deviennent "clients" et "consommateurs" de l'école, avec des principes de transparence, d'évaluation et d'information. Comment peut-on envisager l'avenir de cette relation ? Une nouvelle phase doit s'ouvrir à l'avenir. Et cette relation devra être perçue sous le concept de "co-éducation". On ne devra plus continuer à cantonner les parents à l'extérieur, mais les associer, les faire participer au fonctionnement de l'établissement scolaire et à l'élaboration des projets éducatifs. Cela ne sera pas chose facile. Tout partenariat doit être fondé sur une reconnaissance réciproque et bienveillante des compétences et des apports de chacun, ainsi que sur une confiance mutuelle et une égale dignité dans le dialogue. Malheureusement, c'est loin d'être le cas aujourd'hui ! Nombreux sont les enseignants, personnel de direction et même directeurs qui se plaignent et déclarent avoir été menacés ou insultés par des parents d'élèves. Ces derniers, à leur tour, se disent non respectés et non considérés, mal reçus par les enseignants et par les autorités scolaires. Le lien sacré entre l'école et les parents serait-il en train de se dégrader ? Une bonne majorité des parents restent vraiment coupés de l'école, collège ou lycée. Ils n'y vont que s'ils sont forcés, notamment en cas de résultats scolaires catastrophiques de leurs enfants, se trouvant ainsi menacés d'exclusion. Cette rupture est en partie responsable de la montée de la violence en milieu scolaire, ainsi que de la forte proportion des déperditions et du décrochage scolaires. Il est absolument urgent de recréer ce lien et de le renforcer, de réinstaurer la confiance. Il faut sensibiliser les parents à l'intérêt qu'ils ont à savoir exactement ce qui se passe à l'école et ce que leurs enfants y font réellement. Ils doivent savoir que c'est leur plein droit, mais aussi leur devoir. Et là où les associations de parents existent, le nombre de parents qui y participent activement est négligeable et ils ne sont pas du tout représentatifs. Que peut-on faire pour assainir la relation école-parents ? Il faudrait, à mon avis, revoir en profondeur le statut des associations de parents d'élèves et la réglementation qui s'y rattache. Il faut peut-être penser à créer un statut de "délégué de parents d'élèves". Tout le monde sait que la majorité des parents invoque des empêchements professionnels pour justifier leur absence aux réunions dans les établissements scolaires de leurs enfants, surtout en milieux défavorisés. Avec un statut officiel de "délégué de parents", il y aurait un dédommagement, et l'employeur, public ou privé, serait forcé de l'accepter. Il faut faire bouger le code du travail et l'adapter sur ce point. Grâce à ce nouveau statut, le délégué ne serait plus un simple parent d'élève, mais un digne représentant des citoyens qui l'auront élu et auxquels il aura des comptes à rendre. Par ailleurs, les enseignants et les chefs d'établissement devraient être formés en conséquence, en vue d'une meilleure promotion de la relation avec les parents d'élèves. Ensuite, il faudra concrétiser en réalisant ensemble des projets. La relation école-parents doit être un des axes principaux du "projet d'établissement" dont on parle tant dans le secteur éducatif. Il faut des espaces de dialogue avec les parents, pas seulement des lieux où les parents sont reçus et restent passifs. Il faut préparer avec eux l'orientation des élèves et les impliquer davantage dans la prise de décision. Il faut leur ouvrir l'établissement, les amener à s'impliquer toujours plus et il faut absolument que les enseignants les acceptent. A. D. (*) Ancien cadre supérieur Nom Adresse email