Pour l'ancien délégué général de l'Abef, "il faut arrêter de regarder le salaire comme un pouvoir d'achat, mais comme une contrepartie d'un travail". "La tripartite est une belle œuvre de la République, de par sa régularité et la consistance des dossiers traités", a estimé, hier, l'ancien délégué général de l'Association des banques et des établissements financiers (Abef), Abderrahmane Benkhalfa, actuellement consultant économique indépendant, lors une conférence intitulée "Lecture globale des résultats de la tripartite", organisée par le Forum économique d'El Moudjahid. "C'est un instrument de gouvernance publique, un lieu d'arbitrage des décisions concernant des questions économiques et sociales d'envergure, à caractère national et intersectoriel", a indiqué Abderrahmane Benkhalfa. L'ancien délégué général a relevé "une évolution significative" de ce cadre de concertation. M. Benkhalfa a relevé que la représentation gouvernementale a été enrichie par la présence des institutions nationales, des acteurs institutionnels et des experts indépendants. Celle des acteurs économiques a été élargie à certaines organisations patronales, même si M. Benkhalfa regrette la stagnation des dirigeants, mais également aux organisations corporatistes et professionnelles, aux grandes entreprises et établissements bancaires, qui sont des acteurs de la croissance. Par contre, il a constaté que la représentation syndicale, réduite, n'a pas connu d'évolution. Le conférencier a affirmé qu'il est resté sur sa faim sur deux éléments. Selon lui, les travaux préparatoires comportent deux insuffisances. La première est qu'il n'y a pas eu d'analyse des points de blocage et des facteurs contrariants. La deuxième insuffisance concerne l'absence d'appréciation qualitative des solutions et choix opérés dans le passé et leur validité, citant l'ensemble de la régulation du commerce extérieur par les instruments de paiement. M. Benkhalfa a noté que la tripartite est devenue "une instance fédérale, lieu de consensus et de production de doctrine économique partagée", relevant la participation du Conseil national économique et social (Cnes), du collectif Nabni et du Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (Care). Pour l'ancien délégué général de l'Abef, il faut éviter deux écueils dans ce type d'instance : la prédominance des revendications sociales et l'unanimisme. M. Benkhalfa plaide en faveur de l'institutionnalisation de la tripartite par un texte légal. Il suggère la mise en place d'un secrétariat permanent de la tripartite. "Le Cnes pourrait bien remplir ce rôle", a-t-il estimé. Le conférencier a indiqué, également, qu'il faut éviter "une appréciation des résultats centrés exclusivement sur les recommandations de la tripartite, mais opter pour des études d'impact et d'opérationnalisation conduites par des acteurs autres que les sphères d'exécution". M. Benkhalfa rappelle que la dernière tripartite a examiné 17 dossiers aussi importants que l'article 87 bis de la loi 90-11 relative aux relations de travail, citant, entre autres, l'accélération des réformes économiques, l'amélioration du climat des affaires, l'organisation du marché du travail, la poursuite du redressement industriel, la revue des statuts et des règles de gouvernance et management des entités économiques publiques... L'ancien délégué général a évoqué la question de l'opérationnalisation des arbitrages et des mesures arrêtées. Dans ce cadre, il propose la désignation des institutions, chefs de file, pour "maturer" et expliciter les options et les mesures prises et élaborer les démarches de mise en œuvre. Il suggère aussi "l'organisation d'une concertation nationale pour expliciter et fixer un cadrage des chantiers de rénovation managériale des institutions et entités publiques et de la révision du mode de gouvernance de ces entités par l'Etat". M. Benkhalfa affirme qu'"en face d'une économie, nous avons des petits instruments juridiques", estimant que "l'ANDPME, l'Andi et l'Ansej doivent changer". "Nous voudrions avoir de grands instruments économiques pour une grande politique économique", a-t-il insisté. Enfin, l'ancien délégué de l'Abef plaide "pour la mise en place d'un groupe intersectoriel d'étude, appuyé par des experts, en vue d'un remodelage des statuts des entités économiques publiques et du mode de leur administration et leur fonctionnement". Interrogé sur l'impact de l'abrogation de l'article 87 bis, M. Benkhalfa explique que cet article est un problème de définition du SNMG. Pour lui, la définition du SNMG n'est pas une valorisation. En tout cas, selon lui, "augmenter le SNMG via une définition serait une mauvaise décision". M. R. Nom Adresse email