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Mouloud Hamrouche hier au forum de "Liberté"
"La responsabilité incombe à Bouteflika, Gaïd-Salah et Mediène"
Publié dans Liberté le 31 - 03 - 2014

Pour l'ancien chef de gouvernement, il ne s'agit pas de jouer les Cassandre.
Ce qui n'a, du reste, rien d'amusant vu la gravité de la situation.
Invité hier au Forum de Liberté, l'ancien chef de gouvernement, Mouloud Hamrouche, a d'emblée averti son auditoire que ce n'était pas par coquetterie intellectuelle qu'il venait s'exprimer : "Je me suis toujours intéressé au sort de mes concitoyens. Je raisonne en dehors du système en place. Je suis de formation militaire et je sais, par conséquent, évaluer les risques. Et il m'est apparu que le régime est incapable de se renouveler et de renouveler ses hommes. Il faut donc vite quitter cette impasse."
Abordant la crise que vit le pays à la veille d'un scrutin présidentiel porteur de tous les dangers, l'ancien chef de file des réformateurs a déploré un bilan de crise très lourd : "Ma démarche ne s'inscrit contre personne, mais doit profiter à tout le monde. J'ai tiré le bilan national. C'est une crise inutile. Malgré son coût très élevé, cette crise ne nous a pas aidés à structurer notre pensée politique et à améliorer notre gouvernance." Loin de produire une hypothétique "régression féconde", cette crise a, selon Mouloud Hamrouche, mis en échec "nos administrations pérennes". "Nous n'avons plus d'administration gouvernementale, au lieu et place, nous avons des fiefs soumis à des intérêts particuliers ou à des réseaux d'allégeance. Les démembrements de l'Etat sont devenus des dépendances des réseaux locaux." Le plus grave, néanmoins, pour l'orateur, est qu'aucun bilan n'a été soumis à expertise : "Aucun choix n'a été évalué. Aucune politique n'a, a priori ou a posteriori, été soumise à débat ou à appréciation." Hamrouche constate, en revanche, qu'à l'occasion de la présidentielle, le "bilan" présenté au public ne peut être confirmé ou contredit par aucune institution ou administration du pays.
S'agissant précisément de cette impunité qui règne dans les hautes sphères de l'Etat, Hamrouche regrette que la langue arabe ou française ne comporte pas d'équivalent assez fort au mot anglais "accountability" qui désigne non seulement la responsabilité mais surtout le fait de répondre de ses actes : "Personne ne s'est senti obligé jusque-là d'expliquer ce qu'il a fait ou pas fait." Pour l'invité de Liberté qui se défend d'être un oracle, l'Algérie vit actuellement un "risque d'effondrement" : "Les difficultés vont s'accumuler et non pas disparaître au lendemain du 17 avril", prédit-il. D'après lui, le fonctionnement du système a mis le pays en difficulté au point où même les élections sont devenues un outil d'exclusion qui fait partie aujourd'hui des nombreuses difficultés que vivent les Algériens : "Une élection est en théorie un moyen de permettre au citoyen d'être heureux et de faire ce qu'il a envie de faire. Il n'y a aucune raison pour que les Algériens ne soient pas heureux dans ce pays", martèle-t-il. D'ailleurs, pour l'ancien chef de gouvernement, c'est simple : "Les Algériens n'ont pas participé aux élections depuis près d'un quart de siècle", affirme-t-il sans ambages et sans risque d'être démenti.
La bande des trois
"Je ne suis pas venu proposer une démarche dans le détail, mais appeler à entamer un début de processus qui dépend essentiellement de trois hommes qui doivent commencer à le déclencher. Il s'agit en l'occurrence de messieurs le président de la République Abdelaziz Bouteflika, du général de corps d'armée Ahmed Gaïd-Salah et du général de corps d'armée, Mohamed Médiène", a-t-il indiqué. Pourquoi précisément ces trois hommes ? "Les gens qui sont dehors n'ont pas les leviers de commande qui sont dans les mains de ces trois hommes. Je les tiens pour responsables et j'espère qu'ils ne prendront pas ombrage. On a besoin de ces hommes car c'est eux qui portent la responsabilité devant l'Histoire."
Hamrouche se dit convaincu et confiant que ces hommes savent de quoi il en retourne : "Ce sont des hommes courageux et leurs premiers actes doivent s'adresser d'abord à leurs hommes, ou plutôt aux structures dont ils ont la responsabilité. Ils doivent appeler au calme et à la discipline afin de dépasser la peur. Je suis moi-même à la retraite et j'ai peur. Que dire alors de ceux qui sont encore aux affaires !"
À entendre cet ancien haut responsable, ce ne sont pas seulement les simples citoyens qui sont angoissés et déboussolés par le scrutin à venir. Hamrouche fera même un parallèle avec "les dures années de la guerre de Libération" lorsque trois hommes avaient eu la sagesse de mettre le pays sur les rails de l'indépendance avant de s'effacer : "J'espère que je ne vais choquer personne en osant une comparaison forte : Les trois B (Abdelhafid Boussouf, Krim Belkacem, Lakhdar Bentobbal) ont donné l'indépendance et sont partis ensuite." Pour lui, cette comparaison tient la route. "Les trois B ont conduit le mouvement national et une guerre très dure et très coûteuse. Mais à la fin, il fallait bien des hommes pour dire arrêtons les frais. Et, bien sûr, en face, il y avait aussi des hommes qui pensaient la même chose." Pour lui, on n'est pas très loin de cette crise qui a détruit l'essentiel de ce qui a été fait depuis l'Indépendance du pays. Et pour cause ! "La crise a touché les fondements de l'Etat et de la société. La cohésion sociale et nationale est aujourd'hui soumise à interrogation."
Pour lui, les hommes sus-cités, qui détiennent aujourd'hui les manettes du pouvoir en Algérie, ont les moyens d'engager le pays sur une nouvelle voie de modernisation et de démocratisation. "Je leur demande seulement de se mettre d'accord. Je leur propose une ultime mission ô combien exaltante, à savoir maintenir la stabilité du pays." Une proposition dont les tenants du pouvoir ne peuvent logiquement se dérober, et ce, d'autant que leurs ouailles ne cessent de chanter cette "stabilité" sur tous les toits.
Appel au consensus
"Il ne s'agit pas de favoriser une partie contre une autre. Le système et ses hommes puissants ont atteint aujourd'hui leurs limites et ils le savent ! Ils ne peuvent aller plus loin. Le consensus national d'hier est rompu. Le risque d'embrasement est réel. Il s'agit de sauver le pays et, pourquoi pas, les hommes qui sont au pouvoir. Et cela, même s'ils ont fait partie de la crise", précise Hamrouche, magnanime.
"Il ne faut pas qu'ils sentent qu'ils vont perdre quelque chose. Nous ne sommes pas en train de juger leur bilan. On est à la recherche d'une issue pour sauver l'essentiel, à savoir notre identité, notre indépendance et notre sécurité." Mais de quoi s'agit-il dans les faits ? Pour Hamrouche qui dit ne pas vouloir trop charger ces trois hommes : "Nous avons aujourd'hui une adresse et des noms. Armés de courage, de bon sens et de lucidité, ces hommes doivent sortir le pays de l'impasse. Ils doivent d'abord trouver, entre eux, un consensus et commencer à envoyer des signaux forts à la population qu'un choix différent est en train de s'opérer. Pour redonner confiance aux gens, il faut déjà arrêter l'effondrement. Qu'ils nous donnent les clés pour sortir de l'impasse et qu'ils ne laissent pas ce poids, cet héritage problématique aux nouvelles générations. Il faut que leurs successeurs trouvent un dossier vierge, un nouveau consensus, avec de nouvelles règles d'exercice du pouvoir." En d'autres termes, Mouloud Hamrouche propose, à son tour, une période de transition, emboîtant le pas à de nombreuses personnalités nationales. "Ce nouveau consensus ne se fera contre personne, mais avec tout le monde. Au fur et à mesure que nous avancerons dans le débat, nous allons découvrir les voies et les moyens les moins coûteux pour sortir de l'impasse. Toute contribution est la bienvenue, il faut mettre dans le panier la totalité des propositions. Aucune proposition n'est moralement récusable."
"En mon âme et conscience, il n'y a que l'armée qui peut faire quelque chose." Pour l'hôte de Liberté, c'est assurément la seule force organisée dans le pays : "D'une manière directe ou indirecte, elle est la gardienne de notre identité nationale, l'incarnation du projet d'un Etat démocratique fort. L'armée algérienne est légitime par son histoire et par sa composante humaine. Sa mission est de défendre le pays et le peuple." Même s'il accorde un net satisfecit à l'endroit de la grande muette et notamment à ses nouvelles générations qui, selon lui, sont beaucoup mieux formées et informées, pour l'ancien officier instructeur, les armées les plus fortes sont celles des pays démocratiques : "Contrairement à ce que l'on peut penser, la sécurité est beaucoup plus présente dans les sociétés ouvertes.
Aucune armée au monde, quelles que soient sa force, sa discipline et sa cohésion, ne peut empêcher une guerre civile. Mais elle a d'autres moyens pour l'éviter. Il s'agit de savoir garder un rapport de confiance avec la population. Il est impossible de défendre le pays sans l'adhésion de la population." De toute manière, pour Hamrouche, tout a été inventé : "L'humanité a fait des progrès énormes en matière de gouvernance. Ce n'est pas par hasard que les pères fondateurs de Novembre 54 ont opté pou un Etat démocratique et social qui ressemble, avouons-le, à tous points de vue au modèle occidental. Il n'y a pas d'idéologie là dedans. On sait comment les civilisations ont émergé et comment elles ont disparu."
Kerry à Alger, et alors ?
Interrogé au sujet de la visite controversée du chef de la diplomatie américaine, John Kerry, attendu cette semaine à Alger, et ce, au moment même où la campagne continue à battre son plein, Mouloud Hamrouche n'y voit pas d'inconvénient : "C'est parce que l'on est faible que l'on est soupçonneux. Chaque fois qu'il y a une rencontre, on se pose des questions et on s'interroge. Je trouve cela légitime, mais cela ne veut pas dire que les soupçons sont fondés. Nous sommes dans le concert des nations et c'est une confrontation permanente des intérêts et des volontés. Les règles du jeu sont claires : il faut êtres fort à l'intérieur et avoir une volonté nationale. Les interlocuteurs étrangers doivent savoir qu'ils parlent à l'Algérie et non pas à une personne." Cela dit, l'ancien chef de gouvernement comprend toutefois que le discours alarmant soit fondé, notamment à l'aune de l'opacité et de la confusion qui règnent dans le pays. Et pour éviter ce type de doutes à l'avenir, il faut, d'après lui, disposer d'un pouvoir démocratique, des institutions et des contre-pouvoirs qui puissent vérifier toujours les dires des dirigeants.
"Pour éviter cette angoisse permanente, il faut aller vers un Etat moderne." Hamrouche se veut sans complexe devant nos partenaires étrangers : "Il y a un discours qui s'appuie sur une idéologie ancienne, celle de la guerre de Libération contre l'ordre colonial. L'Algérie a payé le prix fort. Aujourd'hui, c'est un pays indépendant, membre de l'ONU et qui a des relations avec des Etats. Il faut négocier avec tout le monde. Et, bien entendu, avec les puissants de ce monde." Pourtant d'aucuns estiment en Algérie que la "coopération" internationale menée sous la férule du Président sortant est très impopulaire. On reproche, ainsi, de plus en plus, à l'actuel locataire d'El-Mouradia son double jeu et ses liens douteux, notamment avec l'ancienne puissance coloniale.
Pour Hamrouche, la faille proviendrait de la non-identification de l'intérêt national : "Nos dirigeants savent peut être si l'intérêt du pays est protégé, mais ce sentiment n'est pas le plus répandu. Dans tous les cas de figure, les hommes qui ont la décision politique doivent montrer qu'ils sont soutenus par la majorité des Algériens. À cet égard, la population doit apparaître surtout devant les autres." Ceci dit, Hamrouche reconnaît implicitement que pour sauver ce qui reste de notre souveraineté toujours en devenir 52 ans après l'Indépendance, une solution radicale s'impose !
M.-C. L.
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