Après une semaine de campagne aux quatre coins du pays, les candidats à l'élection présidentielle se rendent compte de l'indifférence de la population. Lorsque certains se font chahuter, d'autres sont contraints d'annuler leur meeting faute de public. Le candidat Abdelaziz Belaïd en faisait le constat, hier, au Forum du journal El Moudjahid. "J'ai le sentiment que les gens ne s'intéressent plus à l'élection parce qu'ils ont perdu confiance dans le vote. Ils pensent que les dés sont jetés et me demandent même pour quelle raison j'y participe." À cette question, M. Belaïd répond qu'il mène ce combat pour le changement. "Peut-être ont-ils raison de penser cela ? Mais les militants du Front El-Moustaqbel et moi-même pensons qu'il ne faut pas laisser le champ libre." "Il est impossible d'opérer des changements en restant en retrait ou en jouant la carte du boycott", estime-t-il. À ce titre, il cite l'exemple des militants du Parti du peuple algérien (PPA) qui ont cru à l'Indépendance de l'Algérie et qui ont mené les négociations alors qu'ils étaient donnés perdants. "Le combat doit être mené contre la fraude qui détruit l'espoir de la démocratie", affirme-t-il. À la question de savoir s'il croit en ses chances de remporter la bataille électorale, le candidat Belaïd répond : "La seule chance, c'est celle de laisser le peuple voter librement." "Les fraudeurs finiront par se faire prendre un jour", assure-t-il encore. L'ancien responsable de l'UNJA estime que la population n'est pas dupe, en relevant les différences existantes entre l'échéance de 2009 et l'actuelle élection. "En 2009, les gens avaient peur de faire opposition à Bouteflika, mais maintenant, le peuple sort dans la rue pour manifester son refus." Signe de l'existence d'une frange de la société qui croit au changement, le candidat Belaïd évoque ses rencontres avec la population. "J'ai animé six meetings et partout où je suis allé, j'ai rencontré des gens qui continuent à croire au changement." Des gens qui, selon lui, continuent à le soutenir notamment pour l'organisation de ses meetings et le financement de sa campagne. "Si certains dépensent beaucoup d'argent et utilisent les moyens de l'Etat et de l'administration pour rassembler leurs partisans, ce n'est pas le cas du candidat Belaïd", assure-t-il. "Je n'ai pas dépensé de telles sommes, lors des déplacements et des meetings, nous sommes pris en charge par nos militants, et ce, en fonction de leurs moyens". Interrogé, par ailleurs, sur le refus de l'Union européenne de dépêcher ses observateurs, M. Belaïd a estimé que c'était une bonne chose. "Leur présence ne sert à rien puisqu'ils seront escortés et ne verront que ce qu'on souhaite leur montrer." Une présence internationale alibi qu'il dénonce : "Nous n'avons besoin ni des Européens ni de John Kerry pour légitimer le scrutin." Enfin, le candidat Belaïd n'a pas manqué d'évoquer quelques aspects de son programme électoral. Un programme assimilé par certains à celui du défunt président Boumediene, une étiquette dont il se défend. "Boumediene a réalisé beaucoup de choses mais il a aussi commis de nombreuses erreurs de gestion, mon programme n'a rien à voir avec le sien", a-t-il conclu. A. H Nom Adresse email