"L'Algérie se rapproche dangereusement de l'iceberg", a martelé Abdelkrim Boudra, porte-parole du collectif Nabni, lors d'un point de presse tenu, hier, au siège du site d'information Maghreb Emergent, à Alger. Dans son intervention, le collectif tire à nouveau la sonnette d'alarme sur la nouvelle situation critique que vit l'Algérie. Tout en affirmant n'avoir aucun commentaire à faire sur la prochaine échéance électorale, le collectif Nabni développe une analyse sur la situation économique et l'urgence du changement du mode de gouvernance. "L'Algérie traverse une nouvelle période critique de son histoire. Le contexte peut offrir une opportunité historique d'impulser l'émergence d'une nouvelle ère", a indiqué M. Boudra. Pour l'hôte du Maghreb Emergent, le pays se trouve à un carrefour crucial de son histoire. "L'Algérie peut devenir demain le Venezuela comme elle peut devenir la Turquie. Cela dépend de la politique de gouvernance qui va être entreprise par le futur président et son Exécutif. Ce n'est pas une question d'homme, c'est une question de gouvernance. Il faut un changement profond de la gouvernance politique et du fonctionnement des institutions si nous voulons éviter le pire à notre pays", a encore précisé l'orateur. Pour M. Boudra, la mauvaise gouvernance, corollaire de l'affaiblissement des institutions, est en effet à l'origine "des échecs" passés et de la fracture qui s'est installée entre l'Etat et la société. Nabni, qui appelle depuis sa création en 2012 à la mise en place d'un Etat de droit, considère qu'il est impossible de rester dans une politique rentière. "Le manque de transparence de l'Etat fait partie des causes profondes qui minent la confiance des citoyens à l'égard des institutions", a fait remarquer l'intervenant. Ce dernier appelle à un changement afin de "garantir la stabilité du pays et engager dans un projet de développement". Le porte-parole, qui juge important d'alerter l'opinion publique sur le fait que les moyens financiers dont dispose l'Etat ces dernière années risquent de se diminuer de manière drastique, affirme que "le moment est venu d'élever au niveau de priorité nationale l'objectif de réduire notre dépendance à la rente dont l'accès sans contrôle mine nos institutions et entretient des politiques inefficaces". L'intervenant a mis l'accent sur le fait que si l'immobilisme continue, l'Algérie sera exposée à des difficultés majeures et aux dangers de l'instabilité. À cet effet, il insiste sur le fait que le changement ne sera possible que si le prochain président de la République bénéficie d'une légitimité populaire sans faille. Et d'ajouter que l'Exécutif devra incarner l'ambition de bâtir une Algérie nouvelle. "Le prochain gouvernement devra être armé de cette capacité d'écoute, d'ouverture, de conviction et de rassemblement qu'exige ce projet national. Une responsabilité historique lui incombera", a encore souligné le représentant de Nabni. Pour M. Boudra, il reste peu de temps pour engager ce changement salutaire pour la stabilité future. "Les prochaines années seront décisives pour réussir ce virage de grande ampleur qui exige l'engagement de toutes les forces constructives du pays. La société civile devra en particulier s'affirmer davantage comme acteur car, sans elle, aucun changement profond n'est à espérer", a-t-il conclu. D. S Nom Adresse email