La campagne électorale a connu son épilogue hier soir. Durant trois semaines, les six candidats ont tenté, à coups de meetings et de promesses, de convaincre les Algériens à se rendre aux urnes le jeudi 17 avril. Indépendamment des discours et idées développés par les prétendants à la magistrature suprême, la campagne électorale a viré de bord et atteint un niveau de violence, quelquefois physique, jamais enregistré lors d'aucune autre campagne politique. Dérapages verbaux, agressions, accusations, insultes, intimidations, propagande et manipulation, tel était le lot quotidien des électeurs qui ont assisté, pantois, à une campagne électorale aux ras des pâquerettes. Le meilleur exemple vient de la guerre des tranchées que se livrent le camp du Président-candidat et celui d'Ali Benflis. Dans une déclaration au vitriol, Abdesselam Bouchouareb, chargé de communication du directoire de campagne de Bouteflika, s'en est pris avec une rare violence à Benflis et à ses partisans, qu'il accuse, entre autres, "de comportements violents" et d'être responsables de "dérives et d'agressions qui ciblent des animateurs de la campagne". Il a cité celles constatées à Ménéa et Berriane à Ghardaïa, à Khenchela, à Sétif, à Alger... L'attaque du clan présidentiel contre leur principal rival ne s'arrêtant pas en si bon chemin, puisque même le chef de l'Etat et candidat l'a accusé de "terrorisme". Abdelaziz Bouteflika s'exprimait devant le chef de la diplomatie espagnole qu'il avait reçu avant-hier. Contacté par Liberté, Abdesselam Bouchouareb a estimé que le communiqué "était clair". Cela dit, "les faits sont avérés et se sont produits en public", a-t-il souligné. Et d'ajouter : "On ne peut pas signer un communiqué d'une telle importance sans avoir au préalable les preuves." Interrogé sur les supposées plaintes déposées par son directoire contre celui de Benflis, M. Bouchouareb confirme l'information et ajoute que même "la Commission nationale de surveillance de l'élection a été alertée". Quant aux attentes des partisans du 4e mandat de leurs requêtes envoyées à la commission de surveillance et la justice, notre interlocuteur a émis le vœu de voir s'arrêter ces comportements, en soulignant que son équipe "a une grande confiance en la commission et la justice". De son côté, l'équipe de campagne du candidat Ali Benflis n'a pas tardé à répliquer. Dans une longue déclaration, elle a estimé que les accusations portées par les partisans de Bouteflika à l'encontre de Benflis "sont infondées". Elles dénotent, ajoute le communiqué, "la panique" qui s'est emparée de l'équipe du Président-candidat "incapable de mobiliser la population". "Elles sont, sans doute, destinées à mettre un voile sur la réalité nationale marquée par le rejet social et politique de la corruption, de la hogra et du népotisme qui ont fondé le fonctionnement de l'Etat ces dernières années." L'équipe de Benflis a dénoncé, à l'occasion, "l'instrumentalisation scandaleuse et illégale des institutions et des moyens de l'Etat". Elle a évoqué aussi une volonté de dénaturer le discours de son candidat sur la fraude. Ainsi, elle a souligné que Benflis a demandé aux agents de l'Etat, dont les walis, les chefs de daïra et les édiles communaux, "d'être conscients de la lourde responsabilité qu'ils portent dans la régularité et la transparence du scrutin", ajoutant que le communiqué du directoire de Bouteflika "suggère clairement à l'administration de frauder en toute impunité", car il voulait "donner le sentiment qu'il prenait la défense des agents de l'Etat". Les partisans de Benflis n'ont pas manqué de s'attaquer violemment à Bouteflika en rappelant que "ceux qui ont installé la présidence à vie font de la corruption un des leviers du pouvoir réduisant l'Algérie à un immense souk pour marchander avec les puissances extérieures le maintien du statu quo". "L'Etat algérien montre de sérieux indices de privatisation de ses rouages par des forces portées par l'esprit de revanche et d'aventurisme, que dérange le projet de renouveau national que propose Ali Benflis", conclut le communiqué. M. M Nom Adresse email