Ali Benflis, qui a considéré les accusations portées contre lui par la direction de campagne d'Abdelaziz Bouteflika comme étant un «acte public fondateur d'une fraude annoncée», a tenu, dans une réponse, à «opposer un ferme démenti et apporter les précisions utiles et adéquates» aux «informations erronées». Dans un communiqué rendu public hier par sa direction de campagne, le principal rival du président candidat à l'élection présidentielle du 17 avril, a commencé par affirmer que ses représentants et ses sympathisants «n'ont en aucun cas fait preuve de violence ou de dérapages verbaux». Il en veut pour preuve qu'aucune plainte n'a été enregistrée à leur encontre. Pour Ali Benflis, «les accusations infondées» visent à cacher «l'incapacité des représentants du candidat président à mobiliser la population». Le communiqué précise également que la série d'assertions sur les permanences et d'intimidation de militants et journalistes relève également «de la pure fabulation». Revenant au discours incriminé où Ali Benflis a appelé les walis, les chefs de daïras ainsi que les présidents d'APC et les agents chargés du scrutin électoral à «être conscients de la lourde responsabilité qu'ils portent dans la régularité et la transparence du scrutin», le communiqué a tenu à indiquer à ce propos que le candidat Benflis «n'est pas dupe des manipulations qui ont tenté de dénaturer son discours». Pour rappel, Ali Benflis qui est passé, mercredi soir, à la Télévision nationale dans l'émission «Des programmes et des questions», a déclaré : «La fraude est haram (illicite). Le faux et usage de faux sont haram. Je m'adresse aux walis, aux chefs de daïras : vous avez de la famille, pensez à la préserver.» Cette déclaration, explique encore le communiqué, est un appel lancé par le candidat à la conscience de ces agents de l'Etat. Dans cet appel, Ali Benflis a réitéré «qu'au fond d'eux-mêmes (les agents de l'Etat Ndlr), ils répugnent à la fraude car ils savent qu'Allah la réprouve, que la morale la rejette et que la loi la condamne». Ali Benflis a fait appel «à leur sens de l'honneur personnel et familial car il sait qu'ils agissent souvent contre leur volonté, soumis à la menace et au chantage». Après ces éclaircissements, Ali Benflis s'attaque à son tour à son rival Bouteflika en déplorant que «ceux qui ont installé la présidence à vie -la dernière dans le monde arabe- font de la corruption un des leviers du pouvoir». Ali Benflis dit savoir qu'il est attaqué «parce qu'il propose une alternative démocratique». Plus acerbe dans ses propos le candidat affirme qu'il est attaqué également parce qu'il «représente une menace pour les partisans de la présidence à vie et de la transmission héréditaire du pouvoir dont nous vivons les prémices depuis plus de deux ans». Il a rappelé que lui «n'a pas quitté l'Algérie, a partagé la douleur, la crainte et l'espoir des Algériens» et s'étonne que «quelques partisans de la désertion et de la compromission» s'érigent en donneurs de leçons de patriotisme et de rectitude morale. Enfin, le candidat Benflis soutient que le système politique actuel qui n'est plus «qu'une devanture derrière laquelle s'affairent des clans et des factions», abuse de l'Etat et fragilise la nation. «L'Etat algérien montre à l'évidence de sérieux indices de privatisation de ses rouages par des forces portées par l'esprit de revanche et d'aventurisme que dérange le projet de Renouveau national que propose Ali Benflis», conclut le communiqué sans manquer de rassurer tous ceux qui soutiennent ce projet que le candidat «poursuivra son combat jusqu'à la victoire en dépit des menaces et des campagnes de dénigrement qui ne trompent plus personne». H. Y.