À l'image de la situation sécuritaire marquée par l'anarchie totale, la désignation d'un nouveau chef du gouvernement a mis à nu dimanche la cacophonie régnant au plus haut sommet de l'Etat libyen. Ce n'est qu'hier matin que le Congrès général national a ratifié la nomination d'Ahmed Miitig au poste de Premier ministre, par une décision signée par son président, au lendemain d'un vote chaotique. "Ahmed Omar Miitig est nommé chef du gouvernement de transition et chargé de former son cabinet et le présenter au CGN pour obtenir sa confiance dans un délai de 15 jours", a indiqué hier le CGN après la signature d'une décision par son président Nouri Abou Sahmein. Cette annonce intervient après la confusion qui a régné dimanche soir autour de l'élection d'un nouveau Premier ministre en Libye, après un vote chaotique au Congrès général national. C'est à l'image d'un pays miné par l'anarchie et les luttes d'influences depuis la chute du régime du colonel Kadhafi. C'est à l'issue d'une session présidée par le premier vice-président du Congrès, Ezzeddine Al-Awami, qu'Ahmed Miitig, un homme d'affaires méconnu du grand public, a obtenu au terme d'un troisième tour, 113 votes, en deçà du nombre requis de 120 votes favorables. Des députés avaient réclamé la poursuite de la session pour tenter de convaincre des députés de donner leur confiance à Ahmed Miitig et surtout attendre d'autres députés qui étaient alors absents. La télévision libyenne a interrompu la retransmission avant de la reprendre une heure plus tard pour annoncer un nouveau résultat. Le second président du Congrès, Salah al-Makhzoum, annonçait alors qu'Ahmed Miitig avait pu réunir 121 votes et qu'il était invité à prêter serment comme Premier ministre. Chose faite quelques minutes plus tard, en l'absence du premier vice-président qui avait déjà quitté la salle. Des députés ont contesté le nouveau comptage, affirmant que le premier résultat annoncé avait déjà été validé et la séance levée. Dans deux lettres adressées dimanche soir au gouvernement et aux membres du Congrès, Ezzedine Awami a qualifié l'élection d'Ahmed Miitig de "nulle et illégale", demandant au gouvernement sortant d'Abdallah Al-Theni, de continuer à gérer les affaires courantes, jusqu'à l'élection d'un nouveau Premier ministre. "Finalement nous nous retrouvons avec deux Premiers ministres. Il ne manquait que cela", a commenté un diplomate en poste à Tripoli. Cette confusion illustre les divisions profondes à la tête d'un Etat déjà faible et qui n'arrive pas à imposer son autorité sur des milices qui font la loi dans le pays et qui agissent en toute impunité. Chérif al-Wafi, un député libéral a accusé les blocs islamistes d'avoir "violé la déclaration constitutionnelle" , sorte de Constitution provisoire rédigée par la rébellion en 2011. Des irrégularités similaires avaient été déjà soulevées par des députés lors du limogeage de l'ancien Premier ministre Ali Zeïdan qui avait dénoncé lui même son éviction "illégale". Le nouveau Premier ministre doit succéder à Abdallah Al-Theni, démissionnaire, qui assure l'intérim depuis le limogeage d'Ali Zeïdan. Dimanche, lors d'un second tour, Ahmed Miitig, l'a emporté devant Omar al-Hassi, un universitaire de Benghazi, avec 73 voix contre 43. Le gagnant devait toutefois réunir 120 votes lors d'un troisième tour. Mardi, sur sept candidats en lice, Miitig et Al-Hassi étaient arrivés en tête avec respectivement 67 et 34 voix. Mais le second tour avait été interrompu par une attaque menée contre les locaux du Congrès par un groupe armé dont les motivations sont toujours inconnues. Le nouveau chef du gouvernement doit conduire une nouvelle période de transition jusqu'à l'élection d'un nouveau Parlement, dont la date n'a pas été encore fixée. M. T. Nom Adresse email