L'application s'appelle "Hourouf el-hidjaâ" et son développeur, Nazih Dahouche, arrive sur scène pour en faire la démonstration, à l'occasion d'une journée de promotion du savoir et de lutte contre l'analphabétisme, organisée à l'hôtel Sheraton-Alger. "Hourouf el-hidjaâ est à la fois simple et ludique, et elle convient aussi bien pour les enfants que pour les adultes", dit-il, en faisant défiler, une à une, les lettres de l'alphabet arabe sur une tablette dont l'image est projetée sur écran géant. Lorsqu'il met le doigt dessus, on entend une voix électronique prononcer la lettre sélectionnée. "Il est possible d'afficher des groupes de lettres, de jouer à deviner la lettre manquante, ou encore de s'amuser à relier le son émis à la lettre correspondante", montre-t-il. Grâce à cette application, Nazih Dahouche avait remporté le premier prix Oobarmidjoo, un concours pour développeurs, précédemment organisé par l'opérateur de téléphonie mobile Ooredoo. Ce type d'applications suscite un grand intérêt chez l'association Iqraâ qui, en collaboration avec l'opérateur, s'apprête à lancer son projet d'alphabétisation via le téléphone portable. "Il est important que les personnes qui bénéficient des cours d'alphabétisation continuent ensuite à pratiquer et à s'exercer chez elles", affirme Mme Aïcha Barki, présidente de l'association. Le projet prévoit, en effet, d'équiper les apprentis en Smartphones, après qu'ils aient atteint un certain niveau de maîtrise de la langue et du calcul. La présidente de l'association voit en cette technologie une chance de réduire davantage l'analphabétisme en Algérie et précise que "cette méthode est déjà utilisée dans certains pays d'Asie". "En 2008, le taux d'analphabétisme était de 22,1%, il a reculé à 18% en 2012 et notre objectif est d'atteindre les 14% en 2015", a-t-elle indiqué. Invitée à participer au débat, le docteur en sociologie à l'université de Bouzaréah, Mme Sabah Ayachi, a plaidé pour l'introduction des technologies de l'information et de la communication (TIC) à l'école. Dans son intervention intitulée "L'élève algérien, entre le poids du cartable et l'attente d'une alternative technologique", elle cite les résultats d'une étude réalisée par le département qu'elle dirige. "Sur un échantillon de 406 élèves sondés, 36,9% se plaignent du poids du cartable et de difficultés d'assimilation des cours", révèle-t-elle. Pour le Dr Ayachi, la solution passe par la numérisation des manuels scolaires et l'octroi de tablettes aux élèves. Une idée que rejettent nombre de pédagogues invités à assister à l'évènement. "La technologie, c'est bien, mais il ne faut pas oublier les fondamentaux, à savoir l'apprentissage de l'écriture, de l'orthographe et du calcul mental. Alléger les cartables peut se faire en allégeant les programmes et en formant mieux nos enseignants", confie une retraitée de l'éducation. De son côté, l'opérateur de téléphonie mobile a désigné un jury pour honorer le parcours d'un des membres de l'association Iqraâ. Le prix Ooredoo d'alphabétisation 2014 a donc été décerné à Larbi Merrad, qui "a œuvré pour promouvoir le savoir à travers son enseignement, ses ouvrages et ses nombreuses actions citoyennes", a déclaré le président du jury, le Pr Mustapha Cherif. A. H Nom Adresse email