C'est parti ! Le coup d'envoi du 67e festival de Cannes a été officiellement donné. Le village international et le marché ouvrent leurs portes. Les divers programmes parallèles sont lancés. Pendant que se déroule la cérémonie d'ouverture, présentée par Lambert Wilson en présence notamment de Nicole Kidman, les journalistes plongent dans les misères et les espoirs de l'Afrique avec Timbuktu, le chagrin des oiseaux de Abderrahmane Sissako. Ont assisté aussi à la cérémonie d'ouverture, le jury des longs métrages composé de Nicolas Winding Refn, Jia Zhangke, Gael Garcia Bernal, Willem Dafoe, Jeon Do-yeon, Leïla Hatami, Sofia Coppola, Carole Bouquet et sa présidente, Jane Campion. Après la déclaration officielle de l'ouverture du festival par Chiara Mastroïanni et Alfonso Cuarón, les présents ont découvert, en hors compétition, Grace de Monaco d'Olivier Dahan, en présence de l'équipe du film. Contrairement aux journalistes le matin, le public du soir a réservé un accueil très chaleureux à ce film qui est placé au cœur de la polémique, et ce depuis la diffusion de sa bande-annonce. Glamour et polémique mis à part, place aux films de la compétition ! Tandis que certains festivaliers sont noyés dans la grâce et la magie du film sur la princesse, d'autres découvrent avec frayeur un film qui fait écho à la terrifiante réalité imposée par les djihadistes en Afrique. En effet, le cinéaste mauritanien met en scène les habitants de Tombouctou, "la perle du désert" jadis symbole de tolérance, qui sombre dans l'obscurantisme et la violence entre les mains d'un groupe armé se réclamant hasardeusement de l'islam. Tout le monde se rappelle la destruction des lieux sacrés dont les mausolées classés patrimoine mondial de l'Unesco, en 2012. Le film est en lice pour la Palme d'or. Après le Tchadien Mohamed Haroun l'an passé, c'est à Sissako que revient l'honneur de porter les espoirs africains dans cette manifestation cannoise. Et avec ce film, le continent noir garde toutes ses chances. Non seulement à cause du remarquable parcours du diplômé de la prestigieuse école russe VGIK, qui a déjà gagné en 2002 le Prix de la Critique internationale du Festival de Cannes avec En Attendant le Bonheur, mais aussi du sujet qu'il traite. Au vu de l'actualité, le Jury à majorité féminin risque d'être touché puisque les premières victimes dans le film sont des femmes. Revenons au film. Il s'ouvre et se ferme avec une succession de plans se présentant comme des métaphores visuelles fortes. Ces dernières se lisent aisément comme une sonnette d'alarme afin d'éviter à l'Afrique une mort certaine. Une gazelle, icône de la beauté, pourchassée par des islamistes armés avec un 4/4 ; une ligne de statuettes africaines, symboles de la culture ancestrale, sont utilisées comme cible de tir d'entraînement ; une fille, un garçon et un homme filmés séparément en train de fuir un danger... Entre ces belles images prises par le talentueux tunisien Sofiane El Fani qui a filmé La Vie d'Adèle d'Abdellatif Kechiche, palme d'or de l'année passée, on découvre les petites gens de Tombouctou à qui on impose une nouvelle loi interdisant musique, football, danse...Pour traiter ce sujet, même si l'humour et la poésie agrémentent la trame narrative, le cinéaste a choisi de privilégier l'analyse et l'observation. Une distanciation du discours aurait donné plus de souffle et d'émotion à l'histoire, aux histoires dirais-je, portées par ce film. A rappeler que ce dernier ouvre le bal de la compétition qui accueille 18 films à départager. En attendant, la palme reste bien gardée. Elle pointera son nez le 25 mai. T. H. Nom Adresse email