Cette journée “diluvienne” du 25 novembre, si elle a fait le bonheur de nos agriculteurs et de nos barrages, n'en a pas moins fait paniquer les “rescapés” de Bab El-Oued… Les averses qui se sont abattues avant-hier sur tout le nord du pays, accompagnées de rafales de vent, si elles n'ont causé aucune perte humaine, doit-on le souligner de prime abord, n'ont pas manqué, néanmoins, d'occasionner quelques dégâts matériels dans plusieurs villes, notamment la capitale. Ainsi, au moment où les inondations font rage chez notre voisin de l'Ouest, faisant une trentaine de morts au Maroc, et que d'autres pays comme la France et l'Italie connaissent, eux aussi, une impétueuse furie des eaux, cette même perturbation semble planer ces jours-ci au dessus de notre territoire. C'est, en tout cas, ce que confirment les services de l'Office national de la météorologie, joints hier par téléphone : “Il s'agit, effectivement, de la même perturbation, qui arrive de l'Ouest. Nous avons, d'emblée, enregistré de fortes pluies orageuses suivies de précipitations rapides.” À noter que le pic de cette journée pluvieuse a été atteint à Tizi Ouzou, avec des précipitations de 38 millimètres, suivie de Tlemcen (35 mm), Alger (34 mm) et Miliana (33 mm). En revanche, à l'est du pays, les pluies ont relativement été clémentes, avec 8 mm de précipitations à Constantine et à Batna. Toutefois, on prévoit pour le week-end de forts orages à l'Est, avec, peut-être, des averses torrentielles. Les services de la météo estiment : “Ces taux de pluviométrie sont tout à fait saisonniers. C'est normal, nous entrons dans l'hiver.” Contactés par nos soins, les services de la Protection civile nous ont affirmé, de leur côté, que les intempéries de ce lundi ont particulièrement touché Alger, Tipasa, Tizi Ouzou, Batna et Nâama, à quoi il faut ajouter d'autres dommages dans l'Oranie. Dans la capitale, il a été constaté, hier, une impressionnante montée des eaux dans certaines rues et chaussées, rendant le trafic pénible, notamment en ces jours de ramadhan où il n'est pas aisé de circuler. À Bab El-Oued, quartier qui se trouve encore sous le choc du “déluge” du 10 novembre 2001, des infiltrations ont fragilisé certaines habitations vétustes. À Belcourt, la route a été complètement obstruée par les eaux dans certaines ruelles de ce quartier, et le boulevard principal était recouvert par les flots. À Alger-Centre, du côté de Ghermoul, le plafond d'un bain s'est effondré. À Port-Saïd, un incendie s'est déclenché, provoqué par un court-circuit électrique. À Aïn Naâdja, des infiltrations d'eau ont été signalées au niveau de la cité Aïn Melha, touchant 36 appartements. Aux Anasser, une famille composée de cinq membres, végétant sous une tente, a vu son toit de fortune emporté par la tempête. Elle est, provisoirement, logée par des voisins. À Réghaïa, la puissance des intempéries a fait tomber un poteau d'éclairage public, et à Chéraga, huit câbles électriques balancés par le vent ont été arrachés pour venir traîner à même le sol. Fort heureusement, ils ont été isolés à temps, grâce à la célérité d'intervention des éléments de la Protection civile. Aussi, pour violents qu'ils soient, ces incidents, précisent ces mêmes services, n'ont fait ni mort ni blessé. Plus de peur que de mal, donc, dans cet Alger qui se trouve, décidément, traumatisé par le “syndrome” du 10 novembre 2001. D'aucuns témoignent, en l'occurrence, qu'au moindre orage qui gronde, ils sont en état d'alerte, notamment ceux des quartiers fragiles de Cervantès, La Casbah, Diar El-Kef et autre Beaufraisier. “Hier, j'ai vu des gens s'affairer à dégager les regards. Ils ont appris la leçon : dès qu'il pleut, tout le monde se tourne vers les canalisations d'évacuation des eaux de pluies. C'est devenu un réflexe vital”, dit un jeune de Saint-Eugène. À Tizi Ouzou, plusieurs commerces ont été endommagés par les infiltrations des eaux. À la cité 5-Juillet, dans la ville des Genêts toujours, une énorme mare d'eau inondait le quartier, et la voirie était bouchée à plusieurs endroits. À Oran, plusieurs sites ont été, là encore, affectés par les fortes pluies, relève notre correspondant. À Douar Boudjemâa (5 km du chef-lieu de wilaya), des maisons branlantes se sont effondrées. À Sidi El-Houari, trois habitations qui menaçaient ruine connaîtront le même sort, sans faire de victimes. À la périphérie est, des poteaux électriques ont été arrachés par la violence des vents, comme ce fut le cas à Sidi El-Bachir et Haï Bendaoud. À signaler également que plusieurs routes étaient impraticables, comme celle reliant Oran à Arzew, en raison des flots qui inondaient l'autoroute et qui l'avaient bloquée durant deux heures. À Saint-Pierre, Boulanger, Sidi El-Hasni, les vieux quartiers d'El-Bahia, plusieurs installations électriques ont été endommagées, et dont les câbles gisaient sur le sol. À signaler, par ailleurs, qu'une dizaine de familles ayant élu domicile dans un garage désaffecté à Bachkha, dans la daïra de Bir El-Djir, ont failli être emportées par le déferlement des eaux en pleine nuit. “Nous avons senti le sol se dérober sous nos pieds. Nous avons eu juste le temps de réveiller nos enfants et de prendre quelques affaires”, témoigne un vieillard encore sous le choc. M. B. / B. G.