Une instruction interministérielle entre les départements du Commerce et de l'Agriculture oblige les producteurs à ajouter une quantité de 0,5 g d'amidon pour chaque 100 g de poudre de lait. Dès demain, le lait en sachet pasteurisé que les citoyens consommeront, contiendra de l'amidon. Une instruction interministérielle entre les départements du Commerce et de l'Agriculture oblige les producteurs à ajouter une quantité de 0,5 g d'amidon pour chaque 100 g de poudre de lait subventionnée. L'objectif recherché est le contrôle de la poudre de lait subventionnée servant au lait en sachet portant une bande orange qui est cédé à 25 DA. Cette obligation a été fixée par l'instruction du 3 mars 2014 des deux ministères, dans le cadre des mesures prises pour le contrôle de la transformation de la poudre de lait subventionnée. Sa mise en œuvre est donc prévue pour le 1er juin. Cette mesure a été prise suite aux innombrables cas de détournements de cette matière première par plusieurs laiteries à travers le pays. Cette poudre, subventionnée par l'Etat, a été utilisée par certains opérateurs pour la fabrication de dérivés de lait tels que le fromage et le yaourt. Dans ce sens, 43 laiteries ont été épinglées en janvier dernier sur les 133 existantes. Dix autres ont été fermées le mois de mars dernier par les services du ministère du Commerce pour détournement de la poudre de lait subventionnée destinée exclusivement à la production du lait en sachet. Ce qui a provoqué de sérieuses perturbations sur le marché national. La filière lait a réalisé une production de 3,37 milliards de litres au cours de la campagne 2012-2013, contre 3,1 milliards de litres durant la campagne précédente. L'on a considéré que cette production n'est pas loin de l'objectif arrêté au titre des contrats de performance 2013 et qui se situe à 3,48 milliards de litres. L'Algérie est classée parmi les plus grands consommateurs de lait avec des quantités dépassant annuellement les 5 milliards de litres et une moyenne de consommation de 143 litres de lait par personne et par an, contre 150 litres dans les grands pays producteurs de lait. Il faut noter que des journées d'information et de sensibilisation au profit des opérateurs économiques et des professionnels de la filière lait ont été organisées ces derniers jours afin d'expliquer le contenu de cette nouvelle note n°127 du 3 mars 2014 relative au système d'encadrement de l'activité de production et de commercialisation du lait pasteurisé en sachet. Les nouvelles mesures de ladite instruction, qui entreront en vigueur dès demain, ont été ainsi explicitées. Il s'agit, en fait, d'utiliser de l'amidon comme traceur de la poudre de lait subventionnée et de mentionner la date sur le sachet de lait pasteurisé (DLC). Les opérateurs doivent également spécifier par l'étiquetage : lait de production nationale, avec une bande verte "Production nationale" et le lait dont la matière première laitière est subventionnée (recombiné ou reconstitué avec une bande jaune avec la mention "Prix réglementé". Les opérateurs doivent tenir ainsi trois registres pour la traçabilité de la poudre de lait et du lait de production nationale. Cette décision a aussitôt provoqué la réaction de l'Association de protection des consommateurs (Apoce) qui a exprimé son opposition à la mise en application d'une telle mesure. Son président, Mustapha Zebdi, déclare sur le site TSA : "Nous sollicitons les instances publiques à revoir cette décision." Il indique que la première réserve de son association concerne "la nature de ce traceur", qui est l'amidon de maïs. Le traceur a pour objectif de connaître la destination du lait, ce qui participera à minimiser le détournement du lait subventionné. M. Zebdi souligne que cet amidon est "très riche en sucre, ce qui peut nuire aux consommateurs diabétiques dont le nombre dépasse les deux millions en Algérie. Nous avons une certaine réticence, même si les taux utilisés sont minimes". Il souligne qu'il aurait été préférable que le ministère de la Santé contribue dans cette instruction. L'autre réserve émise par l'Apoce concerne l'ajout de cet amidon au niveau des mélangeurs. Lorsque le lait arrive au niveau des mélangeurs, il sera "inévitablement destiné à la consommation", selon Mustapha Zebdi, cité par TSA. "Cela ne va pas régler le problème des fuites de la poudre de lait subventionnée. Le traceur doit être mélangé au niveau de l'Onil ou de l'usine d'importation pour un meilleur contrôle", suggère-t-il. B. K. Nom Adresse email