Tout en considérant que le caractère national de tamazight est indiscutable, la ministre estime que son enseignement pose des problèmes techniques comme celui de la normalisation. La ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit, était, hier matin, au lycée Mohamed-Seddik-Benyahia de la ville de Bouira pour donner le coup d'envoi de l'épreuve des sciences de l'examen du baccalauréat. Après avoir procédé à l'ouverture du pli scellé contenant les sujets, un exposé sur les trois examens de fin d'année a été présenté par le directeur de l'éducation à la ministre. Cette dernière s'est dit satisfaite "des mécanismes bien rodés et des efforts consentis par l'Etat pour la réussite des différentes épreuves.'' En matière de pédagogie, toutefois, Mme Benghebrit estime qu'il y a encore des efforts à fournir, comme elle l'affirmait en marge d'un point de presse à la Direction de l'éducation. "Je ne vous mentirai pas en disant qu'effectivement, il y a une souffrance qui est multifactorielle. Ce qu'on peut dire à partir de tout ce qu'on a eu comme éléments, c'est la nécessité d'avoir une approche intégrée de l'ensemble du système. Quand on dit approche intégrée, on aborde aussi bien les questions de type pédagogique que des questions relatives à la formation et, bien évidemment, au management et à la gouvernance du système. Si on ne fonctionne pas avec ces trois éléments, on pense qu'on continuerait encore à faire dans le bricolage." Pour répondre à la problématique de la lourdeur du cartable, notamment pour les enfants du primaire, la ministre avancera qu'une idée a été lancée : "Parmi les propositions avancées, on préconise l'utilisation d'un seul livre avec plusieurs matières telles que la lecture, l'écriture, l'éducation civique, l'environnement, etc." À la question de savoir si l'officialisation de tamazight ne ferait pas sauter le verrou afin de la rendre obligatoire et de généraliser son enseignement à travers le territoire national, Mme Benghebrit soulignera certains écueils : "Tamazight est une langue nationale, il y a aujourd'hui de vrais problèmes quant à son enseignement. En premier lieu, il y a un problème dû à sa normalisation d'où la nécessité d'établir des dispositifs qui puissent contribuer à la normalisation de la langue. C'est toute la problématique de la demande sociale, on a vu que les wilayas qui enseignaient tamazight, sont en baisse et ce n'est pas à l'Etat de parer à cet état de fait. Un travail de sensibilisation est nécessaire pour la généraliser car je crois que quand une langue passe de l'oral à l'écrit il y a un travail à faire et il faut que les experts se mettent au travail pour assurer un bon enseignement de cette langue. Dans certaines disciplines et dans certaines villes, nous avons deux enseignants pour quatre élèves. Tamazight est une langue qui a besoin qu'on y travaille ! Il faut peut-être installer une académie de la langue amazighe, il faut qu'il y ait des réflexions à l'échelle du Maghreb.'' À propos de la réforme du système éducatif selon les travaux de la commission de réforme Benzaghou, la ministre affirme que cette réforme a été engagée : "Cette réforme a été mise effectivement en place selon des rythmes qui, peut-être, ne sont pas les mêmes en fonction d'un certain nombre de dispositifs et, aujourd'hui, elle est d'actualité et l'objectif c'est de donner de la cohérence à une réforme pour laquelle on ne procède pas sur le même plan, c'est-à-dire accompagner la refonte pédagogique avec la formation et d'innover en termes de gouvernance. Prenons les établissements à l'échelle locale, aussi bien lycées, collèges ou établissements primaires, aujourd'hui, nous avons besoin d'un vrai pilotage à ce niveau-là, peut être de vrais projets d'établissements puisque la pédagogie se décline aussi à l'échelon du local.'' H. B. Nom Adresse email