Ce qui s'est passé mercredi soir sur le stade de Genève n'est pas passé inaperçu. Malgré la victoire des verts contre la Roumanie, une performance loin d'être négligeable, et qui en plus était accompagnée par l'art et la manière, le fait marquant aura été le comportement des supporteurs algériens. L'histoire retiendra surtout deux faits, une bouteille de Yaourt et une mi-temps de 42 minutes au lieu de 45, avec à la clé trois minutes de jeu à la reprise avant les changements de camp des joueurs. L'image de l'arbitre suisse, Nikolaj Hänni (38 ans, arbitre international depuis 2011) restera longtemps lié à la bouteille de Yaourt qu'il a trimballé à la main juste avant de demander aux joueurs de rejoindre les vestiaires. L'image a fait le buzz sur le net. Elle a eu tellement de succès que plusieurs pages facebook ont été créées. L'une d'elle, publiée par quelques jeunes algériens, quelques minutes après la fin du match, a eu un très grand succès. En quelques heures, elle dépassait déjà les 10 000 fans (ce vendredi matin le nombre était de 15 668). Sur cette page, et d'autres semblables, les commentaires étaient loin d'être négatifs face à la réaction du public algérien. Au contraire, plusieurs internautes ne cachaient pas leur « fierté » de l'ambiance qui a régné dans les tribunes et même de l'envahissement de terrain « quand c'est des supporters européens qui rentrent sur la pelouse à la fin des matches on dit que c'est beau, et quand c'est nous ils ne savent que critiquer » publiera l'un d'eux. Un autre mentionnera qu' « il n'y a pas eu mort d'hommes, et que finalement c'est juste un excès de zèle de nos jeunes, d'ailleurs ils ont envahi le terrain, et après ! Où est le mal ». Ailleurs, que ce soit sur le web ou dans la rue algérienne, il y avait des réactions toutes autres. Après le fameux « Hagrouna sadiki » (on nous a lésé mon ami) (très populaire depuis le match de « Oum Dormane », en novembre 2009, contre l'Egypte), c'est le retour de l'expression « Hargouna « (on nous a fait honte), qui étaient déjà d'actualité, en 2001, lors du match amical entre la France et l'Algérie disputé à Paris. Nombreux étaient les «scandalisés » par le comportement des supporters, que ce soit l' «affaire » de la bouteille de Yaourt ou l'envahissement de terrain. Malek, 27 ans, ingénieur, est l'un d'eux « c'est vraiment la honte ! Le monde entier nous a regardé ce soir, et la victoire contre la Roumanie est passée inaperçue devant ces pseudos supporters qui font n'importe quoi et qui, encore une fois, nous désigner du doigt à l'étranger où qu'il soit ». L'auteur-compositeur, Safy Boutella, était parmi les plus choqués. Sa publication sur son compte facebook , hier jeudi, en dit long sur son état d'esprit « Je suis profondément dépité. Ce spectacle est terriblement désespérant !! Nous devrions tous avoir honte devant cet horrible et insupportable constat d'échec. Si le match de foot a été gagné sur le terrain, sommes nous encore capables au moins, de constater le déficit de civisme de notre jeunesse ? Leur avons nous inculqué les vraies valeurs ? Ne nous sentons donc pas responsables de les avoir abandonnés, les avoirs laissés livrés à eux mêmes ? Quand on leur a appris la triche en haut lieu, le vol en haut lieu, le mensonge en haut lieu, quand on ne leur a jamais offert de perspectives d'avenir dignes de ce nom, quand jamais on ne leur a offert de quoi s'épanouir, se former et se sentir fiers. Quand livrés à eux mêmes ils n'ont plus de choix qu'entre la zotla, la barque ou les extrémismes, voilà comment on les retrouve. Je suis profondément triste, ma peine est plus qu'immense, le dégoût m'envahit, j'ai HONTE et leur avenir me terrorise. Quand allons-nous donc prendre nos responsabilités(...) ». D'autres n'hésitent pas à « oser » faire une « distinction ». Pour eux, les supporteurs qui se font remarquer dans les tribunes « et ailleurs » sont « surtout des bi-nationaux et nous, qui sommes ici, nous nous retrouvons à payer leurs bêtises à chaque fois ». Tout un débat... A Sion, le ton était déjà donné Ce qui s'est passé à Genève mercredi était presque un remake de l'ambiance à Sion, ville où a joué l'EN son premier test d'avant mondial (contre l'Arménie). Si les images de l'entrée sur le terrain des supporteurs ont fait le buzz, il ne faut pas oublier celles d'avant match. Elles annonçaient déjà la couleur (voir vidéo amateur en dessous) / L'avion « projectile » Vendredi passé, 31 mai, des supporteurs anglais avaient également lancé sur le terrain un « projectile », mais il n'avait rien à voir avec une bouteille de Yaourt. C'était à l'occasion d'un autre match de préparation du mondial brésilien. Il opposait l'Angleterre au Pérou. En cours de match, un spectateur a lancé un...avion en papier. La trajectoire de vol du « projectile » était tellement performante qu'il a fini sur la tête d'un des joueurs péruviens. Pour autant, l'arbitre n'a pas arrêté la rencontre et les anglais ont terminé par une nette victoire de trois buts à zéro. Après les supporteurs, les...journalistes La polémique déclenchée il y a quelques jours par certains journalistes algériens qui accompagnent les Verts en Suisse n'est pas également passée inaperçue. Des journalistes étrangers avaient assisté à la conférence de presse animée par l'entraîneur Vahid Halilhodzic. Ils étaient étonné de l'ambiance qui régnait entre les journalistes algériens, le coach et les responsables de la FAF. Le site belge « 7sur7.be » n'a pas hésité à titrer par un « L'Algérie en plein chaos » tout en mentionnant qu'un journaliste sur place« n'en a pas cru ses yeux» avant de préciser « c'est la guerre entre l'équipe algérienne et la presse » ! Un responsable de la communication de la fédération suisse, qui assistait aux débat, n'hésitait pas à lancer « C'est quoi ça ? ». Même le cinéma... Tout ces vrais-faux débats surviennent au moment où un film américain au titre bien évocateur « The Algérian » (L'Algérien) sort dans les salles US. Depuis plus d'une semaine une polémique a été déclenchée sur plusieurs médias algériens, et surtout sur le web. Alors que presque personne ne l'a vu, si ce n'est la bande-annonce, les critiques les plus acerbes ont commencé. On reproche au réalisateur du film (un parfait inconnu, Zelko Giovanni) la mauvaise image qu'il donnerait de l'Algérien! le synopsis de ce long métrage évoque le parcours d'un jeune algérien, originaire de Ghardaia, qui se retrouve dans un réseau international de terrorisme, le tout « enjolivé » par une histoire d'amour. Zelko Giovanni, dans une interview accordée à El Watan a déjà lancé un message « Je pense que les Algériens seront fiers de ce film une fois qu'ils l'auront vu. J'espère qu'ils ne jugent pas uniquement la bande-annonce, qui est conçue de manière à susciter l'intérêt. » Salim KOUDIL/Imène AMOKRANE (Rédaction WEB/LIBERTE) Nom Adresse email