Le président kényan Uhuru Kenyatta a créé la surprise en niant l'implication des islamistes, dans les récents attentats qui ont secoué son pays. Le fils du père de la nation kényane et illustre panafricaniste, Jomo Kenyatta, a accusé en lieu et place des réseaux politiques locaux liés à des gangs criminels ? Sans autre explication, sauf qu'il s'agissait, selon lui, de "violences ethniques aux motivations politiques". Pourtant, la vague d'attentats meurtriers le long de la côte touristique du Kenya a bien été revendiqué par les djihadistes somaliens. En moins de 48 heures, deux attaques perpétrées dans le sud-est du Kenya, à une centaine de kilomètres au sud de la frontière somalienne, ont fait au moins 64 tués, tous des Kényans. Les attaques, attribuées aux shebab, n'ont pas cessé de s'intensifier depuis mars au Kenya. Le pays, connu dans le monde entier pour ses safaris et ses plages paradisiaques, voit son tourisme s'effondrer dans ce climat de violence. Les tueries portent la marque des shebab, selon la population et les forces de sécurité locales. A Poromoko, les assaillants semblaient faire partie du même commando, une cinquantaine d'hommes lourdement armés, qui avait déjà tué la veille une cinquantaine de personnes dans la localité toute proche de Mpeketoni, ciblant exclusivement des hommes de confession chrétienne, épargnant femmes, enfants et musulmans, selon des survivants. Légèrement en retrait de l'océan Indien, Mpeketoni se trouve à une trentaine de kilomètres de la ville touristique et historique de Lamu, classée au patrimoine mondial de l'Unesco. L'attentat de Mpeketoni était le plus meurtrier et le plus spectaculaire depuis l'assaut par un commando shebab du centre commercial Westgate de Nairobi en septembre 2013, qui avait fait au moins 67 morts. Les shebab ont promis de nouvelles tueries au Kenya, menaçant de nouveau étrangers et touristes, les appelants à éviter le Kenya, décrété par eux "zone de guerre". Ils mettent en cause Nairobi pour l'intervention kényane en Somalie, mais aussi pour des intimidations et exécutions extrajudiciaires de responsables musulmans. L'armée kényane est entrée en Somalie en octobre 2011 pour y combattre les islamistes somaliens, avant de s'intégrer à l'Amisom, force militaire africaine qui compte aujourd'hui 22 000 hommes. Les populations ont accusé le pouvoir de laisser livrée aux islamistes. Au Kenya, les critiques ont en effet monté vis-à-vis de l'impuissance des autorités. Et cette nouvelle explosion terroriste a également poussé les principaux leaders musulmans du pays à monter au créneau. "Ces violences continuelles risquent de déchirer le pays", a alerté leur Forum national, mettant en garde contre une résurgence des haines ethniques et religieuses, qu'avait connues le Kenya après la présidentielle de 2007. Sous pression de l'opinion, le chef de l'Etat a annoncé la suspension d'officiers qui n'ont pu empêcher les dernières attaques en dépit de renseignements qui auraient accrédité le risque de nouveaux attentats, ils seront inculpés immédiatement par une cour martiale, a-t-il promis. D. B. Nom Adresse email