Troisième coup de filet dans les milieux islamistes parisiens en moins de 48 heures. Mardi matin, six islamistes présumés ont été placés en garde à vue dans le cadre de l'enquête portant sur le dossier Richard Reid, ressortissant britannique incarcéré aux Etats-Unis après avoir tenté de faire exploser le vol Paris-Miami avec des chaussures bourrées d'explosifs le 22 décembre 2001. Agissant sur commission rogatoire, des juges antiterroristes, Jean-François Ricard et Jean-Louis Bruguière, les policiers ont appréhendé les suspects à Montreuil (Seine-Saint-Denis) et Garges-Lès-Gonesse. Parmi les personnes arrêtées figurent des Algériens et des Pakistanais, soupçonnés d'appartenir aux réseaux de Richard Reid, ainsi qu'un imam qui officie dans une mosquée du Nord de Paris. Cette interpellation intervient moins de 24 heures après celle opérée lundi par la Direction de la surveillance du territoire (DST). Dans les filets des agents de l'antiterrorisme, un “gros poisson”, Slimane Khalfaoui, franco-algérien de 27 ans, membre d'al-Qaïda en Europe. Interpellé dans l'appartement de sa sœur en Seine-Saint-Denis, Khalfaoui avait tenté de s'échapper par la fenêtre avant d'être rattrapé. Les policiers ont découvert trois passeports ainsi que des documents de propagande islamiste. Ancien combattant en Bosnie et en Afghanistan, Slimane Khalfaoui serait lié au groupe de Francfort qui avait tenté de commettre un attentat contre le marché de Noël à Strasbourg en décembre 2000. Bien mieux, les services de renseignements français estiment que le prévenu serait une bonne connaissance de Rabah Kadri, autre ressortissant algérien, arrêté le 9 novembre dernier par Scotland Yard et accusé de vouloir projeter un attentat au gaz dans le métro de Londres. Les connexions terroristes de Khalfaoui remontent jusqu'à Ahmed Ressam, cet Algérien de 34 ans, arrêté le 14 décembre 1999 dans l'Etat de Washington à bord d'une voiture chargée de 59 kg d'explosifs. Ces deux liens font dire aux policiers que Khalfaoui avait bel et bien l'intention de frapper. Cinq autres suspects ont été placés en garde à vue au cours de cette rafle. Troisième coup de filet, celui opéré, vendredi soir et samedi matin, en région parisienne au cours duquel la police avait arrêté cinq islamistes, dont Redouane Daoud, un Algérien de 25 ans, évadé le 5 juin 2002 d'une prison des Pays-Bas. Cet homme est soupçonné d'avoir un lien avec le commando qui avait assassiné en Afghanistan le commandant Massoud le 9 septembre 2001 à l'aide d'une caméra piégée. Trois autres Algériens ont été également arrêtés, tous de connivence avec Redouane Daoud. Le groupe constituerait une cellule de logistique et de soutien en direction des maquis algériens, afghans et tchétchènes. La présence de ces activistes islamistes en France vient relayer les propos des responsables politiques et des spécialistes de la lutte antiterroriste qui ne cessent de pointer du doigt la menace terroriste qui plane sur la France. Dans une interview accordée, hier, au quotidien Le Figaro, Michèle-Alliot Marie, ministre de la Défense, remet une louche en affirmant que “La France fait partie des plus menacés, car c'est un pays occidental qui, depuis des années, mène une lutte contre le terrorisme”. Elle fait part également de son inquiétude quant à une “possible utilisation des armes bactériologiques, chimiques et nucléaires” par les terroristes. Ce qui était dans les projets de Kadri, arrêté avant de sévir dans le métro de Londres. F. A.