La réactivation de ses réseaux dormants au Maghreb est confirmée. Cinq personnes ont été interpellées, hier, en région parisienne dans l'enquête sur les éventuels soutiens en France de Richard Reid, ce Britannique qui avait tenté de faire exploser, fin 2001, un avion reliant Paris à Miami à l'aide de ses chaussures piégées à l'explosif. Ces cinq hommes, deux Pakistanais et trois Français d'origine algérienne, étaient, hier, en garde à vue dans les locaux de la police. Dans le même temps, les Etats-Unis auraient, selon des sources diplomatiques bosniaques, citées par Achark al-Awsat, livré, secrètement cinq terroristes du GIA aux services de sécurité algériens. Il s'agirait des fameux cinq Algéro-Bosniaques dont la presse avait fait état de l'arrestation, plusieurs semaines durant. Les mêmes sources ajoutent que leur l'extradition s'est effectuée après un séjour des détenus au camp de Guantanamo, où ils avaient été interrogés par la CIA et le FBI. Les mis en cause n'auraient pas de liens directs avec Al-Qaîda, mais appartiendraient aux GIA algériens. Un sixième activiste islamiste a été retenu aux Etats-Unis pour ses liens avec Abou Zoubeida, un Yéménite soupçonné par les Américains d'être le responsable du réseau européen de l'organisation d'Oussama Ben Laden. Aucune source officielle, algérienne ou américaine, n'a réagi, pour le moment, à ces informations. Mais l'on croit savoir, selon des sources crédibles, que depuis les événements du 11 septembre, les services algériens ont beaucoup travaillé sur les groupes terroristes basés en Europe, notamment en Bosnie, ce pays étant connu pour être la principale plaque tournante européenne de trafic d'armes en direction des pays du tiers-monde. Par ailleurs, la coopération dans la lutte antiterroriste entre les services de sécurité algériens et américains a tendance à s'intensifier, notamment après la réactivation des réseaux dormants d'Al-Qaîda à travers le monde, essentiellement au Maghreb, dans les pays du Sahel ainsi que dans les points de tension en Afrique. Trois facteurs au moins justifient ces inquiétudes: l'attentat de Djerba en Tunisie, la montée de la fièvre terroriste en Algérie et l'attentat déjoué, avant-hier, contre des navires de guerre américains au Maroc, adjoints au démantèlement d'une cellule, la première du genre, appartenant à l'organisation terroriste d'Oussama Ben Laden. Cette concentration sans précédent des attentats en Afrique du Nord pousse les pays du Maghreb et l'Europe à réviser leurs stratégies. La demande espagnole, formulée hier, de fermer hermétiquement les frontières du continent peut être interprétée comme un aveu d'échec de la coopération méditerranéenne en matière de lutte contre le terrorisme. A moins qu'il ne s'agisse d'une réaction par rapport aux Américains qui affichent un besoin, parfois explicite, de trouver des ennemis partout afin de justifier leur redéploiement tous azimuts. L'appel de l'Espagne, présidente en exercice de l'UE, coïncide avec la tenue de la réunion internationale sur le terrorisme, mais aussi avec les multiples arrestations qui se sont déroulées cette semaine sur le territoire européen. Rien qu'en France, pas moins de cinq individus ont été placés en garde à vue, hier, dans la région parisienne, dans le cadre de l'enquête Richard Reid, l'homme aux chaussures piégées. Un Algérien de 19 ans, en outre, a été arrêté hier aux Pays-Bas. Ce dernier est suspecté d'avoir des liens avec le Gspc de Hassan Hattab. Cette arrestation intervient quelques semaines après celle d'un groupe similaire activant en Algérie. Ce terroriste a d'ailleurs à son actif plusieurs attentats sanglants en Algérie. La police a découvert dans son domicile, au nord à Gronigen, plusieurs faux passeports. Un autre membre appartenant au Gspc a pu s'évader la semaine dernière de la prison hollandaise, ce qui donne un aperçu sur l'implantation de ces réseaux en milieux européens. En tout cas, l'apparition de réseaux dormants en Afrique du Nord paraît comme une suite naturelle des mesures de restriction des Européens tant à l'intérieur du continent qu'au niveau des frontières. Cette mesure a, en effet, poussé les groupes terroristes à choisir l'endroit le plus proche de l'Europe pour tenter de s'infiltrer dans le VieuxContinent. Les rapports de la CIA demeurent flous sur la reconstitution des réseaux d'Al-Qaîda, se contentant de tirer uniquement la sonnette d'alarme sans fournir plus de détails. Selon des rapports américains, les lieutenants d'Oussama Ben Laden jouissent toujours d'une grande mobilité pour rencontrer les milliers d'anciens individus passés par les camps du Sud. Il n'est surtout pas exclu qu'il y ait eu des contacts avec certains des milliers de Marocains qui avaient suivi, entre 1987 et 2001, des entraînements dans les camps afghans. Rien qu'en Algérie, ils sont près de 2000, selon les déclarations d'un expert parues dans nos colonnes il y a quelques semaines.