Sept personnes ont été arrêtées à l'intérieur de la mosquée de Finsbury. Ce coup de filet était en relation avec la découverte de ricin, un produit hautement toxique dans un quartier, dans le nord de Londres. La police britannique est passée à l'action, hier matin, contre les milieux islamistes. Vers 2 heures du matin, les policiers de la brigade antiterroriste ont investi la mosquée de Finsbury, arrêtant sept personnes qui sont, actuellement, en garde à vue. Scotland Yard a précisé que ce coup de filet était en relation avec la découverte, le 5 janvier dernier, de ricin, un produit hautement toxique, dans le quartier de Wood Green dans le nord de Londres. Selon des témoins, sur la base d'“informations des services de renseignements”, quelque 150 policiers ont bouclé le quartier tandis que deux hélicoptères survolaient la zone. Les policiers ont perquisitionné la mosquée ainsi que deux maisons de trois étages à proximité. La police n'a pas trouvé de produit chimique suspect dans la mosquée réputée être le lieu de prêche de l'imam Abou Hamza Al-Masri. Ce dernier est menacé d'expulsion par l'organisation gouvernementale chargée de réguler les lieux de culte en Angleterre. “Cette opération fait partie d'une vaste enquête en cours de la section antiterroriste de la police sur des présumées activités terroristes à Londres et ailleurs au Royaume-Uni”, a indiqué hier le porte-parole de la police. Selon le site de la BBC, Abou Hamza ne faisait pas partie du coup de filet. “Bien que cette opération soit liée aux arrestations menées dans le nord et l'est de Londres le 5 janvier, à ce stade, rien ne permet de suggérer que des substances chimiques sont dans les locaux et qu'il y ait un risque pour le public”, a affirmé un porte-parole de Scotland Yard. “La police a conscience de la sensibilité de ce type d'opération mais des preuves rassemblées au cours des enquêtes récentes, à Londres et ailleurs, ont mis au jour des liens entre ce lieu et une activité terroriste présumée”, a ajouté le porte-parole. Sept personnes ont été arrêtées les 5 et 7 janvier 2003, après la découverte de traces de ricin dans un mini-laboratoire dans un appartement situé non loin de la mosquée de Finsbury. La découverte de la substance chimique a ravivé en Grande-Bretagne la crainte d'attaque terroriste de la part d'Al-Qaïda. Le ricin, plante naturelle, contient une toxine qui peut devenir mortelle. Il est actuellement considéré comme un agent de guerre bactériologique. Les Américains ont révélé qu'un groupe islamiste proche d'Al-Qaïda, se livrait à des tests sur le ricin. Les troupes américaines ont découvert des traces de ce poison dans certaines caves en Afghanistan. S'exprimant à la suite de ces premières arrestations, le Premier Ministre britannique, Tony Blair, avait affirmé qu'elles “montrent que le danger — d'actes terroristes — est présent et réel, et chez nous maintenant, son potentiel est immense.” Longtemps considéré comme un sanctuaire des mouvements islamistes, le Royaume-Uni décide donc de sévir contre cette mouvance. La mosquée de Finsbury illustre la grande permissivité du gouvernement britannique à l'égard des intégristes. Le Britannique Richard Reid, qui avait tenté de faire sauter en vol un avion reliant Paris à Miami, en décembre 2001, serait venu prier à cette mosquée. Djamel Beghal, chef présumé d'une cellule qui préparait un attentat contre des intérêts américains en France, et le Français Zacarias Moussaoui, incarcéré aux Etats-Unis dans le cadre de l'enquête sur les attentats du 11 septembre 2001, y seraient également passés. La mosquée de Finsbury doit sa renommée à son prêcheur Abou Hamza El-Masri, connu pour ses prêches virulents. Ancien combattant d'Afghanistan, il aurait perdu un œil et ses deux mains dans une explosion de mine. En 1999, il avait été interpellé et interrogé par Scotland Yard, qui le soupçonnait d'activités terroristes au Yémen. Il avait été remis en liberté après quelques jours de garde à vue, faute de preuves. Son fils, Mohamed Mustapha Kamel, avait été condamné à trois ans de prison pour avoir participé à des activités terroristes au Yémen. Abou Hamza n'a pas hésité à faire l'éloge de Oussama Ben Laden après les attentats du 11 septembre 2001. Abou Hamza avait estimé que “Ben Laden est un bon type. Tout le monde musulman l'apprécie. Il n' y a rien de mauvais dans l'homme et dans ses croyances”. Interrogé hier par la chaîne BBC, Abou Hamza s'est dit peu étonné par ces arrestations qui, selon lui, dénotent la volonté du gouvernement de mener “la guerre contre les musulmans britanniques”. Il a notamment affirmé au journaliste qu'il ne craint pas d'être jeté en prison. “La prison pour moi n'est pas aussi différente de la maison. Ils ont gelé mes avoirs et confisqué mon passeport. Que peuvent-ils me faire de plus ?”, a-t-il déclaré. Ce coup de pied dans la fourmilière intervient alors que de récentes révélations indiquent que plus de 100 terroristes algériens sont entrés en Grande-Bretagne au cours des deux dernières années. Dimanche dernier, John Stevens, commissaire de la police métropolitaine, a précisé qu'un grand nombre de suspects, liés au réseau Al-Qaïda étaient surveillés au Royaume-Uni et qu'“un certain nombre” devait être arrêté. Il a ajouté que “le lien avec l'Afrique du Nord est prouvé”. F. A. Il produisait des armes chimiques Un homme a été inculpé, hier, pour “avoir commandité, préparé ou organisé des activités terroristes”, dans le cadre de l'enquête sur la découverte de traces de ricin dans un appartement du nord de Londres le 5 janvier, a-t-on indiqué de source judiciaire. Nasreddine Fekahadji, 36 ans, a été également inculpé de “complicité de production ou développement d'armes chimiques”, ajoute-t-on de même source. Il fait partie des sept personnes arrêtées après la découverte de ce mini-laboratoire dans un appartement de Wood Green, dans le nord de Londres. Il avait dans un premier temps été inculpé pour possession de faux documents.