Pour être viré de manière aussi peu cavalière, Belkhadem a dû commettre un crime de lèse-Bouteflika. Le président Bouteflika a mis fin hier aux fonctions d'Abdelaziz Belkhadem, ministre d'Etat conseiller spécial à la présidence de la République. "Le président Bouteflika a pris un décret en vertu duquel il a mis fin aux fonctions de M. Abdelaziz Belkhadem en qualité de ministre d'Etat, conseiller spécial à la présidence de la République, ainsi qu'à toutes ses activités en relation avec l'ensemble des structures de l'Etat", rapporte l'APS qui cite une source de la Présidence. Mais la décision du Président ne s'arrête pas au limogeage de son conseiller récemment rappelé et nommé à ce poste. La même source a ajouté que le Président a contacté le secrétaire général de son parti, le FLN, afin qu'il prenne les mesures pour mettre fin aussi à ses fonctions au sein du parti. Cette façon de procéder est une première dans les mœurs du pouvoir algérien qui, habituellement, informe de ses décisions par communiqué sans passer par des sources intermédiaires. Autre originalité, le ton et la sémantique utilisés par la source qui renvoient à non seulement un état d'irritation et de colère, mais aussi à une volonté et un désir "d'effacer Belkhadem" de la scène politique. Sinon qu'est-ce qui expliquerait la précision "ainsi qu'à toutes ses activités en relation avec l'ensemble des structures de l'Etat". Cela, sachant qu'elle renvoie à des activités qui peuvent être liées même avec des associations. Mais le Président ne s'est pas contenté de le démettre, il est allé jusqu'à lui interdire toute activité officielle ou semi-officielle et plus loin encore en demandant son "débarquement" du FLN. En fait, c'est sa mise à mort politique qui est suggérée et réclamée par le président de la République et président du parti. Et en tant que tel, il n'y a aucun texte du parti qui l'autorise ou lui accorde le pouvoir de prendre des mesures "disciplinaires" ou d'exclusion d'un cadre. C'est d'ailleurs ce que rappelle Abderrahmane Belayat, coordinateur du parti, opposé à l'actuel secrétaire général, Amar Saâdani. "Même le comité central ne peut pas lui enlever cette qualité", a-t-il indiqué. "Il y a une procédure et il faut des motifs pour le faire, et cela, a-t-il précisé, relève d'autres instances comme la commission de discipline ou le congrès". Belkhadem affirmait encore récemment qu'il a le quitus du président du parti pour aller vers l'urne, élire un nouveau secrétaire général pour mettre fin à la crise du parti. S'il a le soutien du "patron" comment expliquer son échec lors du dernier CC et surtout le violent ton de la déclaration sur son limogeage ? Et il reste à connaître les raisons de cette décision inattendue étant donné que le Président semblait lui avoir renouvelé sa confiance en le rappelant à El-Mouradia. Même si Belkhadem n'a pas renoncé à son ambition présidentielle pour laquelle il a été rappelé à l'ordre sous forme de mise à l'écart après qu'il eut évoqué "son intérêt pour 2014" lorsque le Président postulait pour un troisième mandat, cela ne constitue pas un argument suffisant pour le remercier de cette manière. La raison pourrait être sa présence et sa participation, avant-hier, à l'université d'été du Front du changement de Menasra qui a regroupé la majorité des partis et des personnalités de l'opposition alors qu'il était encore membre du gouvernement et dans le parti du Président. Un paradoxe, un affront et une désobéissance dans le contexte politique actuel qui auraient excédé le chef qui a décidé de mettre fin à sa vie politique. D. B. Nom Adresse email