Le ministre de la Communication a installé, hier, Miloud Chorfi à la tête de l'Autorité de régulation de l'audiovisuelle. Question préalable : qu'est-ce qui peut bien justifier cette installation précipitée, annoncée la veille par un communiqué laconique repris par l'APS, alors que les autres membres ne sont pas encore connus ? C'est une installation presque à la sauvette, alors que l'événement aurait dû être marqué du sceau de la solennité de la République, car il s'agit, en théorie, de marquer une rupture dans la gestion des médias lourds. Y avait-il donc une régence à ce point ? En tout cas, la manière avec laquelle les choses sont faites laisse comprendre clairement que les choses ne se sont pas déroulées normalement. Qu'il y a eu, pour le coup, une sorte de course à l'échalote. Comme si un clan voulait prendre de vitesse les autres qui, eux aussi, ont leur propre candidat pour diriger cette structure. Mais par-delà ce préalable, force est de convenir qu'à travers le choix de Miloud Chorfi, sa personne mise à part, le pouvoir vient d'envoyer un très mauvais signal. En effet, cette nomination sonne comme une remise en cause des généreuses promesses d'ouverture du champ audiovisuel claironnées urbi et orbi par le président Bouteflika. Avec Miloud Chorfi comme patron, l'instance appelée à faire le gendarme de l'audiovisuel, c'est assurément une ouverture hermétique. Toute porte à croire que son choix répond au souci de gérer et entretenir un statu quo par rapport à une situation de fait, notamment marquée par l'existence de chaînes de télévision offshore. Sur le plan du profil purement technique, Miloud Chorfi n'est pas l'homme qu'il faut, car il appartient à l'antiquité de la télévison. C'était l'époque de la télévision en noir et blanc, pendant laquelle, journaliste de province, il commentait les exploits footballistiques de Fréha et Hadfi (que Dieu ait leur âme) alors que nous sommes aujourd'hui à l'ère de la télévision numérique et des réseaux sociaux. Ceux qui l'ont choisi auraient dû faire l'effort de penser à quelqu'un de plus raccord, plus en phase avec l'air du temps. Dans le stock du pouvoir, il y a certainement quelqu'un qui a le profil de l'emploi. Le critère technique mis à part, Miloud Chorfi est quelqu'un de politiquement marqué. Il est chef de groupe parlementaire du RND, alors que l'article 61 des statuts de l'Arav stipule que le mandat est "incompatible avec tout mandat électif". Il aurait dû rendre publique sa démission de son poste de député avant d'étrenner celui de président de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel. Au minimum. Moralité : en lieu et place du professionnalisme et de la neutralité, ceux qui ont choisi M. Chorfi ont visiblement opté pour le critère de l'allégeance. Quant à l'ouverture de l'audiovisuel, il faut repasser. n Nom Adresse email