"La question qui se pose : pourquoi un 4e mandat et pourquoi le Président a mis le pays dans une telle situation ?" s'est interrogé, jeudi, en marge de la réunion de l'Instance de concertation et de suivi, Soufiane Djillali. Le fait n'a pas échappé au moins averti des observateurs : la forte implication du président français François Hollande dans la gestion politique et médiatique du rapt puis de l'exécution, en terre algérienne, du guide niçois, Hervé Gourdel, par Jund al-Khilafa, a singulièrement contrasté avec l'éclipse totale de son homologue algérien, Abdelaziz Bouteflika, dont le pays est pourtant exposé à de multiples dangers. Etrangement, le chef de l'Etat n'a pas jugé utile de condamner un acte barbare dont est victime un ressortissant étranger et encore moins de rassurer la population certainement inquiétée par l'implantation de Daech en Algérie. C'est le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui, au mépris des règles protocolaires, a eu au téléphone le président François Hollande. Une situation anormale qui a donné du grain à moudre à l'opposition qui n'a pas hésité à remettre sur la table la question de la vacance de la fonction présidentielle. Les membres de la CNLTD et ceux du Pôle des forces du changement, ainsi que les personnalités indépendantes ayant pris part, jeudi à Alger, à la réunion de l'Instance de concertation et de suivi n'ont, d'ailleurs, pas manqué de signifier "leur refus de la vacance du poste de président de la République" qui "a provoqué la paralysie des institutions et mis l'avenir du pays en danger (...)". C'est à peine si elle n'a pas demandé l'application de l'article 88 de la Constitution, comme revendiqué par le RCD et d'autres acteurs politiques, membres ou non de la CNLTD. "L'absence du Président est regrettable. Dans la situation présente, il doit communiquer avec les Algériens inquiets de ce qui se passe. La question qui se pose : pourquoi un 4e mandat et pourquoi le Président a mis le pays dans une telle situation ?", s'est interrogé, jeudi, en marge de la réunion de l'Instance de concertation et de suivi, Soufiane Djillali. La direction du RCD, qui s'est réunie hier, s'est livrée à une analyse minutieuse des retombées de "l'impotence avérée" de Bouteflika qui "consacre un processus de prise de décision en marge de la vie institutionnelle et de la légalité constitutionnelle". "Pendant que le pays s'enlise dans la dérive, le pouvoir est absorbé par un jeu de chaises musicales pour museler la vie publique et préparer une succession à huis clos contre la volonté des Algériens", déplore le parti de Mohcine Belabbas. Par ailleurs, la réunion de l'Instance de concertation et de suivi, organisée jeudi au siège de la permanence d'Ali Benflis, a vu la participation de tout le monde, ou presque, y compris Ali Yahia Abdennour. Toutefois, l'absence de trois anciens chefs de gouvernement, Mouloud Hamrouche, Mokdad Sifi et Sid-Ahmed Ghozali (ce dernier a envoyé deux représentants), n'a pas échappé aux regards des journalistes. Dans le communiqué sanctionnant sa réunion, l'Instance de concertation et de suivi a convenu de la nécessité d'établir de rendre le peuple algérien destinataire d'une lettre dans le but d'"établir le contact avec les différentes couches sociales". Plusieurs actions destinées à réanimer la scène politique sont envisagées par l'Instance de concertation et de suivi qui s'est élevée contre la nomination de Miloud Chorfi à la tête de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel, tout en dénonçant les atteintes à la liberté de la presse.