Lounès Oukrine, 45 ans, et Belaïd Ferhaoui, 38 ans, Franco-Algériens originaires de Draâ Ben Khedda pour l'un et de Makouda pour l'autre, exercent comme superviseurs de sécurité au Paris Saint-Germain. Tous deux sont unanimes : le hooliganisme peut être vaincu en Algérie. "Je vous le dis en connaissance de cause. Nous sommes passés par là en France, plus spécialement au Paris Saint-Germain. Nous avons vécu des périodes très difficiles marquées par des décès de supporters, mais aujourd'hui, la situation est totalement sous contrôle grâce à la mise en place et à l'application d'une feuille de route conjointe entre les forces de l'ordre, les sociétés de sécurité privées, les Renseignements généraux et la justice. La cohésion entre tous ces services est essentielle pour garantir des résultats rapides et visibles", argumente Lounès. Et d'ajouter : "A l'occasion de différents déplacements en Algérie, j'ai pu échanger avec des cadres de la Sûreté nationale et j'ai constaté qu'ils ont une grande compétence dans le domaine de la gestion sécuritaire des matches. Cependant, il est indispensable de désigner un responsable de sécurité dans chaque club lequel travaillera en étroite collaboration avec la DGSN qu'il faudra toujours associer aux opérations car, en l'état actuel des choses, la police algérienne doit garder un rôle central en attendant la formation de stadiers". La formation des stadiers, c'est justement le chantier prioritaire des autorités algériennes. "Peut-être que les gens ne le savent pas, mais un stadier doit bénéficier d'une formation spécifique. Il ne suffit pas d'être un agent de sécurité dans une société de gardiennage. Ce profil, seul, ne suffit pas", assure-t-il. Serait-il prêt à former des stadiers algériens, lui, qui exerce en tant que formateur dans une boîte, Event Services Prestige ? "Mes obligations professionnelles en France ne me permettent pas d'exercer pleinement en Algérie. Et puis, former quelques stadiers ne suffira pas pour un pays aussi vaste que l'Algérie. En revanche, je suis disposé à former des formateurs qui, à leur tour, formeront des stadiers. Je veux bien mettre mon expérience au service de mon pays d'origine car, quitte à me répéter, je suis convaincu que la violence en Algérie peut être vaincue. Au PSG, il y avait quelque 300 fauteurs de troubles qui ne représentaient en aucune manière la masse des vrais supporters du club. On a interdit l'accès au stade à quelques-uns et nous avons isolé les autres et le problème a été réglé. Il suffit d'en faire de même en Algérie, car, à la JSK, au MCA, à l'USMA, au MCO, à l'ESS ou dans n'importe quel autre club, les voyous sont très minoritaires et ne doivent pas salir les vrais supporters qui sont plus nombreux. En suivant une feuille de route rigoureuse, il est facile de les isoler". Belaïd Ferhaoui n'en pense pas moins, mais il appelle les vrais supporters à se mouiller : "Les perturbateurs sont toujours minoritaires, c'est la passivité des supporters corrects qui donnent l'illusion qu'ils sont forts et nombreux. Les vrais supporters doivent se démarquer d'eux en les dénonçant ou en les signalant à la police. Ainsi, ils éviteraient de se voir sanctionner d'un huis clos ou d'une interdiction collective de stade comme c'est le cas actuellement des supporters de la JSK qui sont en train de payer pour les mauvais". Sur la formation des stadiers, Lounès préconise une chose : "Il serait souhaitable qu'ils soient recrutés parmi la population vivant à proximité du stade. Non seulement, il y aura un impact social, mais ces stadiers seront ainsi plus enclins à défendre leur gagne-pain". Farid Aït Saâda