Ahmed Guenad, président-directeur général des deux sociétés S 3G et Sport 8, revient dans cet entretien sur des projets ambitieux qu'il veut réaliser en Algérie dans le domaine de l'organisation de l'événement sportif et culturel. Liberté : On croit savoir que votre société spécialisée dans la formation des stadiers et de l'organisation des événements sportifs et culturels vient de s'installer en Algérie. Qu'en est-il au juste ? Ahmed Guenad : En fait, j'ai deux projets, en réalité. Le premier consiste à importer, si vous voulez, ce que je fais déjà en France, à savoir la sécurité dans les stades, particulièrement au stade de Saint-Denis. Il s'agit donc de former des stadiers dans un centre de formation spécialisé en Algérie et en parallèle apporter un plus à un métier qui existe déjà en Algérie, celui d'agent de sécurité. C'est là l'objectif de la société S 3G que je viens de créer. Le second projet, à savoir la société Sport 8, consiste en la gestion d'événements sportifs ou autres. Comment qualifierez-vous le métier de stadier ? Je dirai tout d'abord qu'en Algérie il y a un réel besoin de mettre en place ce métier d'autant plus que nous avons un vivier de jeunes très important. Cette jeunesse, pour sa majorité, adore le foot et affectionne ce genre de spectacle. C'est l'occasion donc, pour nous, de leur offrir un métier qui les rapproche davantage de cette passion-là, une manière de joindre l'utile à l'agréable. Le fait d'être présent dans l'enceinte sportive, de gérer l'accueil des supporters et d'apporter son assistance et en même temps assister au spectacle sont une façon, n'est-ce pas, d'exercer sa passion quelque part. Il faut savoir qu'en France, avant la Coupe du monde 1998, le métier de stadier n'existait pas vraiment. C'est en 1996, que nous avons commencé à travailler dans ce domaine en perspective de la Coupe du monde. Et au fil du déroulement des matches de la Coupe du monde au Stade de France, nous avons pu perfectionner notre système de sécurité. Un système qui a fortement contribué à la réussite de l'événement. Comment allez-vous procéder en Algérie pour mettre en place justement votre système de sécurité dans les stades ? D'une façon primordiale, il est important pour moi, de travailler en étroite collaboration avec les fédérations et les clubs. Ensuite, il s'agira de mettre les jalons du premier centre de formation de stadier en Algérie. À ce titre, nous avons décidé de louer des salles équipées aux hôtels Sheraton et Sofitel, ainsi qu'au 5-Juillet pour assurer cette formation. L'opération débutera juste après le mois de Ramadhan et commencera avec le lancement d'une campagne de recrutement pour la formation du métier de stadier. Qu'attendez-vous des clubs justement par rapport à votre projet ? Vous savez, les clubs peuvent jouer un rôle très important dans la mesure où ils peuvent justement amener une bonne partie de leurs supporters à opter pour ce métier de stadier. Une fois établie leur relation de confiance entre le stadier et le supporter, les conditions d'accueil seront beaucoup plus facilitées. Ces dernières années, la violence dans les stades en Algérie a connu un développement effarant. Est-ce que cela n'est pas de nature à vous freiner ? Pas du tout. C'est au contraire lorsqu'on se montre incapable d'apporter des solutions à ce genre de fléau, que ce dernier prend de plus en plus de proportions graves. Moi, je pense que la mise en place des stadiers en nombre suffisant et avec un savoir-faire permettra de juguler ce phénomène, comme cela a été fait en France ou en Angleterre. Cependant, il y a aussi le problème de la vétusté des infrastructures en Algérie qui peut entraver votre projet, n'est-ce pas ? Prenons l'exemple du stade 5-Juillet. C'est un stade qui correspond un peu à celui de Saint-Denis en France avec une capacité d'accueil qui peut atteindre les 80 000 spectateurs. Nous pouvons donc entamer une première expérience dans cette enceinte et analyser l'évolution de cette situation ensuite. Votre société présente aussi l'avantage de générer de l'emploi. Peut-on connaître votre objectif à ce propos ? Bien sûr. L'objectif premier de notre société est de créer de l'emploi dans un pays où le taux de chômage est assez important. C'est ce que nous avons fait du reste en France. Les Algériens sont “assoiffés” de savoir et de formation. Ils ont besoin de trouver un métier qui puisse leur ouvrir les chemins de la professionnalisation. Pour répondre à votre question, nous ambitionnons de former 2 000 à 3 000 stadiers d'ici fin 2008. Je veux juste préciser que notre souci est aussi de développer notre société à travers le territoire national et non pas seulement dans la capitale. À ce titre, il est important pour nous d'expliquer d'emblée que notre société ne s'installe pas en Algérie en concurrent par rapport aux autres sociétés qui existent déjà dans le domaine de la sécurité. Nous, nous voulons plutôt être complémentaires avec des partenaires pour lesquels nous apportons une nouvelle vision des choses et une formation qui a fait ses preuves, notamment en France. En dehors de la formation du métier de stadier, vous ambitionnez aussi de gérer des événements culturels et autres qui peuvent se produire en Algérie. Comment cela va-t-il se passer ? C'est l'objectif même de la société Sport 8. Le fonctionnement est simple, puisque dans la mesure où une société, une fédération ou un organisme d'Etat désire organiser un gala ou un événement culturel ou sportif, il n'aura qu'à prendre attache avec la société Sport 8, une organisation totale et complète de l'événement. On peut donc imaginer qu'une rencontre de football soit complètement organisée par Sport 8. D'ailleurs, j'ai un projet qui me tient à cœur celui de ramener l'équipe de France 98 pour un match de gala en Algérie. On peut aussi imaginer que votre société organise un gala de cheb Khaled, par exemple ? Tout à fait. S. B.